Critique Ciné : Annie, troisième essai

Publié le 22 mars 2015 par Delromainzika @cabreakingnews

Annie // De Will Gluck. Avec Jamie Foxx, Quvenzhané Wallis et Cameron Diaz.


Annie est avant tout une bande dessinée publiée dans les journaux américains, puis une comédie musicale à succès de Broadway qui a par la suite connue plusieurs adaptations dont celle de Will Gluck qui est la 3ème en date (après celle de Rob Marshall en 1999 pour la télévision). Will Gluck, connu pour Easy Girl ou encore Sexe entre Amis, deux comédies plutôt sympathiques, s’offre alors ici l’opportunité de refaire quelque chose que la cinéma n’a malheureusement jamais réussi à faire : adapter la comédie musicale Annie au cinéma. Et c’est encore un échec retentissant, tout simplement gonflé aux niaiseries en tout genre sans prendre le soin de réellement nous raconter quelque chose qui en vaut la peine. Le problème c’est que l’histoire est racontée de façon tellement désintéressée que forcément, le scénario ne peut pas coller. Du début à la fin on s’ennuie terriblement alors que les morceaux tentent alors de rythmer ce qui reste de cette comédie musicale. Malgré la solide prestation de Quvenzhané Wallis sous les traits de l’héroïne et accessoirement d’une Cameron Diaz plutôt sympathique en cabotine du dimanche, le film ne parvient malheureusement jamais à la hauteur des attentes, surtout quand on s’est déjà coltiné les deux précédentes adaptations.

Alors qu’elle était bébé, les parents de la petite Annie l’ont laissée en promettant de revenir la chercher un jour. Depuis, Annie garde espoir, même si la vie dans le foyer d’accueil de la méchante Miss Hannigan est loin d’être facile. Sa rencontre avec Will Stacks, homme d’affaires impitoyable et candidat aux élections municipales à New York, va tout changer. Sur les conseils de Grace, sa brillante vice-présidente, et de Guy, son directeur de campagne prêt à tout, Stacks recueille Annie d’abord parce que c’est un excellent argument électoral… Stacks se voit comme le bienfaiteur et l’ange gardien de la fillette, mais grâce à son assurance et à son inébranlable optimisme, Annie pourrait bien inverser les rôles…

Le plus gros problème de Annie est probablement sa mise en scène. Elle ressemble au pire des comédies américaines des années 2000. C’est plat et lisse. Cela manque donc d’envergure et cette mise en scène qui se veut à la fois tendre et chaude, histoire de ne pas trop brusquer le spectateur, est désolante à souhait. J’aurais aimé une mise en scène bien plus intelligente, qui évite le côté sirupeux afin de nous offrir quelque chose de peut-être un peu plus efficace. Surtout que l’histoire d’Annie a beau être une sorte de conte de fées, c’est aussi une histoire terrible. Mais les clichés s’empilent et le film termine en désastre désopilant. Il manque des tas de choses, notamment sur la question raciale. Le film ne parvient jamais à mettre cette question en avant ou alors, dès qu’il tente plus ou moins de le faire, il prend la poudre d’escampette le plus rapidement possible. On se retrouve alors avec un film qui ne veut jamais faire face aux vrais problèmes de la société qui sont au départ décrit par l’histoire d’Annie pour nous offrir une comédie musicale avec une petite fille qui va vivre son rêve et se trouver une famille de substitution.

Will Gluck est pourtant connu pour avoir faire des choses intéressantes au cinéma, pas brillantes mais suffisamment sympathiques pour me donner envie de faire confiance. Après avoir vu Annie, j’ai eu l’impression d’être agressé par un film qui a digéré toutes les valeurs de l’histoire originale. La seule originalité (d’avoir remplacer la fille rousse par une fille afro-américaine) n’est même pas exploitée par ce film. La précédente adaptation, celle de Rob Marshall, avait déjà souffert en partie des niaiseries en tous genres, mais étant au moins une comédie musicale un peu plus intéressante dans sa façon d’exploiter le personnage d’Annie. Ici Annie n’est qu’un accessoire que l’on trimbale de scènes musicales en scènes musicales, de chorégraphies toutes plus étranges les unes que les autres (la seule qui n’ait vraiment plu est celle du ménage au début du film) et de bons sentiments qui finissent par devenir particulièrement horripilants. Finalement, Annie est un film décevant et Will Gluck n’a tout simplement pas compris lui non plus ce qu’était cette histoire et pourquoi cette histoire devait avoir un véritable message.

Note : 1/10. En bref, à trop forcer dans les bons sentiments, dans le scénario qui n’a d’égard pour aucune cause qu’il voulait apparemment défendre à la base, Annie est un échec sur toute la ligne.