Chemins aveugles

Par Gerard

Comme je m'y attendais le chauffeur de taxi s'est perdu, complètement perdu. Ce n'est pas la première fois que ça m'arrive. Les taxis ne connaissent plus le plan des rues, et Greenwich Village moins que tout autre quartier. Je lui dis de stopper n'importe où et d'aller se faire foutre. Dire "Va te faire foutre" à New York résonne mieux que partout ailleurs; j'en profite. Je claque la porte sans payer et sans me retourner, ses vitupérations de taxi driver dans le loin de mes oreilles. Largué au bas de la 8e rue, je rentre dans une épicerie pour demander mon chemin. La vieille chinoise derrière sa caisse ne se retourne pas; elle est aveugle, dit qu'elle ne peut pas me renseigner. C'est pourtant grâce à elle que je retrouve mon chemin. J'en tire ma philosophie du jour.