DADDY. Vincent Delhomme

Par Collectif Ratures // Poésie // Grenoble

Ce qui veut rejaillir était l’impertinence

C’est une question d’oreille daddy !...

Le conditionnel n’est qu’une condition

Explosons à l’indicatif…

Qu’en dis-tu daddy ?

Dis donc et moi j’agis

Une vague question s’envenime :

Que ressens-tu, là, face au vide ?

Aux tripes qui s’abrègent, là

Vides offrant leur bleu foncé ?

Blues aigri d’aigre amante, chienne aimée

Qui se renonce d’elle-même

Et coure à la curée

S’extraire des vivants ?

Cette violence daddy, c’est mon honneur

Et le tien

Le triste constat des heures

L’intransigeance vaine, ouverte

Extirpée d’os et d’envie

Oh vivre, oui vivre daddy

Cela s’aime et s’apprend

Tu m’as appris aimant tu aimes

Et j’apprends

Mes rêves hors de toi, en toi

Tous à présent autour et crient

Meurent de rire

Rire, en traînant

Leurs guêtres et leurs vivres…

Daddy, mon prêtre et mon amant

Mon nom, ma gloire et ma défaite

Fête, faite de mon nom, mon chant…

Et mon pourboire sera ma raison

L’isoloir lent buvant mon nom…

A boire ! S’isoler… mon front daddy !

Je bois et danse à en hurler

Comme toi, ami, père fauve apprivoisé

Et je t’oublie comme la terre est née

C'est-à-dire que nous sommes

Et je suis saoul daddy !

Et plus fort que ma force

Serait ma sensibilité ?

Plus fort que mon cri serait ma clarté…

Celle qui fait mal !

J’ai mal parfois daddy !

Toi aussi, je sais, tu oublies

Tu es tombé sur moi fou de clarté

Je sombre parfois daddy !

J’aime et ne renonce pas

Je suis, trace, m’agace et fuis

Et avance, oh oui avance

Et j’irai loin malgré le monde

D’avance je dis ma

Polyvalence

En refus de l’unique et complémentaire

Assurance

Qui se terre au sein de nos

Possibilités…

L’absence daddy, hors de soi

Pour accroître nos titres

Pitre au linceul sale et troué

J’arrime au parvis des mots

Mon titre et mon âme voire

Si cela existe comme

Tout ce qui nous échappe…

Chape ? Car tout est lourd

Mais bon, si simple, amour…

Cela existe comme si

Nos mots se levaient pour nous dire

L’inconcevable à tout propos !

Repos fragile et suite à risque

Le homard en bisque rage et

Allonge sa toile à gourmets…

Daddy, mes jargons sonnent nos envies !

Soif de rupture et de continuité

Cela va sans haine et prolonge

Abstraitement

Le fardeau des générations…

Là le mot est sorti !

Où se situe notre faute

Faire à tout prix de nos mots des cellules

Qui nous survivront

Animal à nos heures avec les à côtés

Cœur qui s’en mêle et œuvre à la postérité…

Toi, moi, daddy si autres et si semblables

Respiration qui s’en veut

Et aime à respirer…

C’est doux, vibrant d’air du sud

D’olives et d’ail, et puis d’oiseaux !!

Daddy qui m’a appris

Le prix des mots et du concret

Des natures à trouver, des montagnes à gravir…

Tu ne les graviras pas pour moi !

Mais sans toi

En aurais-je eu l’idée ?

De qui suis-je l’idée daddy ?

C’est terrible, qu’ai-je fais ?

N’y aurait-il que moi pour vivre ?

Mais non le monde est heureux de me suivre

Il le sera de me survivre !

Nous savons ça et avançons

Bon gré, mal gré au son parfois

Des gratitudes

Ou des regrets…

Et ce grand rire ?

Celui des chants couvrant le monde

Tu l’entends ce grand rire recouvrant le monde ?

A savoir sa nature nous serons

Tous morts…

Ce grand rire dément de douleur et de joie

Il arrive qu’il nous transporte…

Papa, l’ingérable dore nos conditions !

Et que tout brille

Même nos cadavres

Hilares d’avoir fait leur temps

Ni court, ni long, une durée

Honnête à vue de nez,

Ayant la terre pour effluve…