Électorat : des chiffres et des pertes

Publié le 02 avril 2015 par Michael Vincent @0vinz

Les dernières élections ont, une fois encore, fait grand bruit notamment au sujet de la division de la Gauche et du score élevé du Front National. Et lorsque l’on évoque la Gauche, le FN et leurs électorats tantôt poreux, tantôt irréconciliables, comment déceler le vrai du faux ?

En particulier, deux grilles de lectures sont souvent proposées : le vote des ouvriers et le vote périurbain, catégories regroupant les classes populaires ; décrites comme historiquement acquises à la Gauche et aujourd’hui se déportant massivement sur le vote frontiste.

Avant de tirer des conclusions, penchons-nous sur les chiffres. J’ai compilé ci-dessous les résultats des 4 derniers scrutins. Cliquez sur l’image pour l’afficher en plein écran.

Résultats des 4 dernières élections par catégorie d’électeur – cliquez pour agrandir

La montée de l’extrème-droite et la chute de la Gauche sont visibles, mais personne ne discute vraiment ce fait. Quelles pistes pour enrayer cette tendance baissière ?

Vote des ouvriers

Le vote ouvrier est certainement l’un des plus volatiles – et s’est massivement déporté sur le FN, au détriment non pas uniquement du PS mais aussi du Front de Gauche et de la Droite « républicaine ».

Vote des cadres sup et professions libérales

Il est intéressant d’observer les tendances des cadres sup. qui sont probablement, plus que les ouvriers, le coeur de cible électoral du Parti Socialiste. Peu enclin à voter pour les extrèmes, cet électorat n’hésite cependant pas à voter au centre ou pour les verts (ce qui explique le pic à la baisse des européennes). C’est une manne électoral pour le Parti Socialiste.

On entrevoit le dilemme originel – le PS est en équilibre instable et ne sera pas en mesure de gagner la moindre élection si la tendance se confirme. Les socialistes doivent-ils consolider leur électorat sur leur droite, ou sur leur gauche ? Sachant que le grand écart actuel est intenable, en témoignent les défaites successives et parfois violentes depuis 2012.

Lors des dernières départementales, le FN totalise environ 26% des suffrages au 1er tour et près de 40% des voix au 2nd, se convertissant en moins de 100 cantons gagnés. Le front républicain fonctionne encore, l’argument du bloc UMPS avec lui. Mais contrairement à la plupart des régimes parlementaires dans lesquels les sociaux-démocrates travaillent souvent en bonne intelligence avec les libéraux, le centre-droit français ne travaille pas avec le PS. Un rapprochement au centre-droit serait suicidaire sans une réforme institutionnelle qui défavoriserait le bipartisme. Dans le paradigme français, la droite n’est vraiment pas prête à voter PS – on l’a vu particulièrement avec la récente loi Macron.

Vote Rural

Contrairement à l’imaginaire collectif qui s’installe doucement, le vote rural n’est pas tout acquis au Front National et le revers est récent. Rien n’est encore perdu de ce côté. Si le PS ne devient pas la maison des progressistes et des centristes, il faut reconquérir le vote populaire. Les sceptiques diront que cet électorat n’a jamais été acquis au PS mais au PCF et qu’il ne se reportait chez nous qu’au second tour. C’est probablement vrai mais depuis plusieurs élections le total gauche est de 35% et le Front de Gauche dévisse – l’électorat n’est plus là non plus. Est-ce que cela nous empêche d’aller le chercher ?

Vote Urbain hors Paris

Même commentaire pour la province – le vote socialiste n’est pas uniquement l’oeuvre de « bobos métropolitains » comme certains de nos détracteurs aiment à nous réduire. Il y a une sérieuse base d’électeurs répartie sur le territoire, même en zone périurbaine, qui certes se détache lentement mais avec qui il faut se réconcilier. Comme je le disais précédemment, le vote FN n’est pas une fatalité …

Sources :

http://www.ifop.fr/media/poll/1848-1-study_file.pdf

http://www.ifop.com/media/poll/2976-1-study_file.pdf

http://www.ifop.com/media/poll/2670-1-study_file.pdf

http://www.ifop.com/media/poll/2573-1-study_file.pdf