Malgré les frappes aériennes, les rebelles progressent au Yémen

Publié le 05 avril 2015 par Plusnet
Les rebelles chiites Houthis, soutenus par l'Iran, ont progressé dimanche dans Aden, la deuxième ville du Yémen, malgré les raids de la coalition menée par Ryad, que Moscou presse d'accepter une pause dans ses frappes pour des raisons humanitaires. Téhéran a de son côté sollicité l'aide du sultanat d'Oman pour obtenir un arrêt "immédiat" de ces frappes, selon les médias iraniens. Oman, qui a de bonnes relations avec l'Iran, est la seule monarchie du Golfe à ne pas participer à la coalition qui compte une dizaine de pays.
En dépit des frappes conduites depuis le 26 mars, les rebelles chiites --qui se sont déjà emparés de la capitale Sanaa et des régions du nord et du centre-- ont réussi à avancer dans Aden, prenant le contrôle dimanche du siège de l'administration provinciale et se rapprochant d'un port, selon un responsable local. Les Houthis, alliés à des militaires fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh, ont également bombardé des zones résidentielles, mettant le feu à plusieurs habitations, ce qui a poussé des dizaines de familles à fuir, ont indiqué des témoins. Commentant ces bombardements, le porte-parole de la coalition, le général saoudien Ahmed Assiri, a accusé les Houthis de "terroriser les civils".
   

"De nouveaux civils tués"

La chaîne Aden TV, fidèle au président Abd Rabbo Mansour Hadi, a de son côté été la cible de tirs d'obus attribués aux rebelles, qui l'ont contrainte à cesser d'émettre. Le bâtiment "a subi des dégâts, mais on ne déplore pas de victimes", a déclaré à l'AFP un responsable d'Aden TV. Selon un bilan provisoire, cinq civils ont par ailleurs été tués et 14 blessés dimanche dans des accrochages entre des Houthis et des partisans du président Hadi, dans deux quartiers situés non loin du siège d'Aden TV. "Il y a des enfants parmi les blessés", a indiqué à l'AFP le directeur régional de la Santé, Al-Khader Lassouar.
Les rebelles avaient pris jeudi le palais présidentiel de la ville avant de s'en retirer vendredi à l'aube à la suite de raids aériens. De nombreux pays, parmi lesquels la Russie, l'Inde, l'Indonésie et le Pakistan, ont évacué ces derniers jours leurs ressortissants, tandis que la Chine, Djibouti et le Soudan devaient faire initialement de même dimanche, selon le général Assiri. Mais le porte-parole de la coalition a indiqué, dans son point de presse dimanche soir, que le Comité international de la Croix-Rouge, qui devait envoyer dimanche un avion à Sanaa chargé d'une aide humanitaire, avait demandé à retarder cette opération.
Les Houthis, qui contrôlent l'aéroport de Sanaa, ont refusé l'envoi d'autres avions pour évacuer les ressortissants étrangers, notamment des Soudanais, a-t-il ajouté. Un navire de la Marine française a en revanche évacué samedi 44 personnes de différentes nationalités, dont des Français, à partir du port de Balhaf, à 380 km à l'est d'Aden. Elles devaient être accueillies à Djibouti, selon le ministère français de la Défense.

"Hameaux rasés à la frontière"

Alors que le pays s'enfonce dans les violences, les ONG s'inquiètent de la situation humanitaire et du nombre très élevé de victimes civiles. Le dernier bilan officiel donné par l'ONU remonte à jeudi avec 519 morts et 1.700 blessés en deux semaines. L'Arabie saoudite s'est pas encore prononcée de manière formelle sur une pause humanitaire réclamée par la Russie, proche de l'Iran, dans un projet de résolution déposé samedi devant le Conseil de sécurité de l'ONU à New York.
La présidente du Conseil, la Jordanienne Dina Kawar, a indiqué que les pays membres avaient besoin de "temps pour réfléchir". La Jordanie fait partie de la coalition qui est intervenue pour défendre le président Hadi, aujourd'hui réfugié à Ryad. L'Arabie saoudite va par ailleurs démolir 96 hameaux inhabités à sa frontière sud pour empêcher leur éventuelle utilisation par des rebelles yéménites, a rapporté dimanche le quotidien panarabe Al-Hayat.
Alors que la coalition a poursuivi ses raids nocturnes dans le nord, notamment autour de Sanaa et de Saada, fief des Houthis, les Comités populaires, pro-Hadi, ont annoncé dans la soirée avoir repris la localité de Loder (sud) aux rebelles chiites. Les affrontements dans cette ville ont fait 24 morts, dont 21 miliciens chiites, selon un partisan du président et une source médicale.
Source : LePoint