Une petite ville des Etats-Unis. Rody, un jeune latino de treize ans est condamné à perpétuité pour le meurtre de trois gangsters. Nikki Hamilton, son avocate, démissionne après sa condamnation mais continue à s’intéresser à son cas et lui rend visite en prison, lui apprenant à lire et écrire. Pour mettre en pratique ses nouvelles connaissances, elle lui propose d’écrire un bouquin qu’elle retranscrirait et où il raconterait son histoire. Le gamin accepte, à condition qu’elle-même en fasse autant. De cette collaboration inattendue va naître un bouquin unique, fait des portraits croisés de Rody, le gosse du caniveau, et de Nikki, issue d’une famille aisée d’origine iranienne mais non exempte de problèmes. On y fera la connaissance de Big Daddy, le caïd qui prendra Rody sous son aile, l’élevant comme son fils, lui enseignant la vie avec pragmatisme et bon sens simple mais dans sa vision du monde et sa logique discutable… L’intrigue ne s’arrête pas là, le dernier tiers du roman embraye sur une seconde partie faite de réouverture du procès avec enjeu électoral et médiatisation de l’affaire, entrée en lice d’un serial killer et épilogue noir.
Les chapitres courts alternent, les voix se renvoient la note. L’écriture est entrainante, le ton reste léger même quand il est question de crimes atroces, l’humour perce aussi : « La qualité essentielle d’un macchabée, c’est son infinie patience. »
Le roman effleure quelques sujets sociétaux, comme on dit, les problèmes raciaux, la délinquance et le crime organisé, la prison, mais aussi la politique, les médias, l’édition… J’ai lu quelque part que la psychologie était un point fort de l’auteure, ça ne m’a pas du tout frappé, j’ai même trouvé un peu lourdingues quelques pages de la dernière partie du bouquin. Et cette Amérique n’échappe pas aux clichés. Mais basta ! Le roman est largement assez bon pour qu’on s’y plonge, servi par une écriture enlevée et un gentil suspense final.
« En vingt ans de carrière, j’ai écouté les craques de petits, moyens et grands délinquants – parfois des simples camés, camés et criminels, camées et prostituées pour les filles -, assis devant des bureaux métalliques, dans des pièces mal ventilées. Des craques à partir desquelles je devais bâtir une ligne de défense à laquelle je ne croyais pas moi-même. J’ai travaillé sans foi, sans conviction, sans moyen. Comment les défendre lorsque tout et tout le monde plaident contre eux ? Je remplissais mon rôle dans cette interminable course à l’arrestation et à l’emprisonnement. L’homicide involontaire était la seule ligne de défense plausible. « La balle est partie toute seule », c’est la phrase de tout tueur qui débute, au point qu’on pourrait plaider pour la culpabilité de l’arme et non de l’assassin. »