Kilimandjaro : l'ascension finale ! (2ème partie)

Publié le 10 mai 2014 par Didier @PAPOLEMO

UHURU PEAK : Le toit de l'Afrique, symbole de la liberté pour le peuple Tanzanien

22/7/2004 Dernier jour : Très courte nuit, car le départ est fixé vers minuit : dur, dur le réveil ! De toute façon l'altitude et le stress m'empêcheront de fermer l'œil ; c'est l'heure ! Nous sommes encore dans le gaz, mais là, c'est du sérieux ! C'est le grand jour !

Equipées de nos frontales, nous voilà partis les uns derrière les autres, dans un silence impressionnant : pas un mot ! Chose incroyable, le clair de lune est si intense, qu'il éclaire le chemin naturellement...pas besoin de nos frontales....C'est magique....

Le froid et le vent sont au rendez-vous : il fait environ - 10 °

Pas après pas, nous progressons difficilement au cœur de la nuit, l'objectif étant d'arriver au sommet pour le lever du soleil. Certains d'entre nous sont malades, et les courtes poses sont nombreuses, mais nécessaires.

Le sentier s'élève régulièrement , mais rapidement en courts lacets dans la moraine. La marche est pénible, et ici, plus qu'ailleurs, il est indispensable d'adopter un rythme lent ; pas à pas, nous marchons dans la nuit.

Nous entendrons souvent nos guides nous répéter la célèbre phrase "Pole Pole" ce qui signifie "Marcher doucement" la marche silencieuse se faisant au rythme de l'escargot ! C'est dire !

Avant et après le lever du soleil....

Les paroles de la chanson qui nous a accompagné tout au long de l'ascension :

JAMBO BWANA, JAMBO BWANA...!
HABARI GANI ?
MZURI SANA - WAGENI MWAKARI BISHWA !
KILIMANDJARO !
MAKUNA MATATA !
MTAONA UHURU !
HAKUNA MATATAV!

Nous montons rapidement, le manque d'oxygène et la fatigue se font sentir .

Notre univers se limite à l'espace terrestre qui nous sépare de celui qui nous précède : tout naturellement, on se fixe sur ses talons, et l'on avance un peu comme dans un rêve....

2 h du matin : Je préviens mes compagnons que nous venons de franchir la barre symbolique des 4807 mètres ! Le Mont Blanc !

C'est déjà çà ! On en profite pour se réhydrater, comme très souvent, puisque notre besoin journalier est de 3 à 4 litres !

Pierre va très bien, Olivier est malade, Sylvie n'en peut plus, Benoit marche comme un zombie...

En ce qui me concerne, je vais plutôt bien dans l'ensemble, et je ne ressens aucune gêne jusqu'à 5400 m, mais je suis terriblement fatigué....

Surtout, mes jambes ne me portent plus : j'ai l'impression d'être un bagnard à qui ont a attaché des boulets aux pieds....Je me traîne lamentablement.... Mettre un pied devant l'autre nécessite un effort de tous les instants..Je commence à douter...Le sommet me parait si loin encore,

Je veux abandonner...C'en est trop.... ! Je me laisse tomber à terre à plusieurs reprises, espérant que le guide aille dans mon sens, et me dise enfin " Bon, stop ! Tu t'arrêtes là ! "

Que neni ! Au contraire, Godliving m'encourage ; Benoit reste avec moi...A 2, on se sent plus fort ! Non ! Si près du but, il ne faut pas renoncer !

Car c'était sans compter sur l'incroyable expérience de ces guides qui ont appris au fil du temps, de reconnaitre un trekkeur malade, d'un trekkeur en manque de motivation ou de volonté ! Car question santé, ils n'hésitent pas une seconde à faire redescendre un marcheur en danger et savent faire la différence ! Moi, je faisais partie du 1er groupe, je le reconnais....Pas envie d'aller plus loin, alors que je pouvais aller au sommet, et çà mon guide GODLIVING le savait parfaitement !

La solution fût radicale ! Il m'attacha un bout relié à lui, et fût obligé de le suivre ! Dès que je tombais, il me tirait pour remettre debout ! Sois maudit ! Lui disais-je, les larmes aux yeux !

A 6 heures, les premières lueurs de l'aube et le lever du soleil fait son apparition. Enfin, après 8 h d'efforts, nous sommes en vue du sommet : en fait, nous sommes seulement sur la lèvre du cratère, à STELLA POINT (5758 m) mais pas encore en haut !

A priori, encore 1 heure avant d'arriver au sommet ! Le moment est sublime ! L'ambiance irréelle ! Le cratère s'offre enfin à nous Quel guigne ! moi, j'en ai marre, cette fois, j'arrête !

Un fois de plus, la détermination du guide pour que j'aille jusqu'au bout fût totale : il m'entraina vers le sommet au prix d'efforts incroyables, toujours attaché comme un prisonnier : Les derniers 200 m jusqu'au sommet sont plus faciles, car on longe le rebord du cratère vers l'ouest, mais avec la fatigue, ces derniers moments paraissent une éternité !

Allez ! un dernier effort et on y sera ! Enfin, nous y sommes ! C'est plein d'émotions et les larmes aux yeux que nous arriverons au sommet !

Trop lent, nous avons râté le lever du soleil ! Qu'importe ! Puis, j'aperçois enfin au loin le fameux panneau qui indiquait le point final de notre ascension : 100 mètres, encore, 10 ,9,8,7 ....5, 4, 3,2,1 mètre : Cà y essssst !!! Je suis au bout de mon calvaire !

J'ai atteint le toit de l'AfrIque :

" Congratulations you are now at UHURU PEAK, TANZANIA , 5895m"

Tout le groupe se prend dans les bras....Les nerfs lâchent...Nous éclatons tous en sanglot ! Nous avons réussi , mais quelle souffrance ! Après quelques instants de repos, et les traditionnelles photos souvenirs, nous commençons à visiter les alentours !

Je l'ai enfin grimpé cette montagne ! C'est un sentiment de fierté peu commun que je ressens, grâce à la volonté de notre guide !

Mais que c'est beau toutes ces falaises de glace !

La redescente est plus joyeuse, plus ludique... On décompresse....Nous redescendons du kili en courant dans la cendre, à coup de grandes enjambées, on se marre bien....On nous remettra même un diplôme !

Epilogue !

Je l'ai fait ! J'en ai bavé, c'est vrai, mais j'ai de la peine à quitter tous mes compagnons , nos guides, nos porteurs qui nous ont accompagnés.

Une dernière fois, c'est le cœur serré que je me retourne vers cette montagne majestueuse, si belle qui s'élève au milieu de la savane, battue par le vent, dans un silence, ou seul quelques cris d'animaux sauvages résonnent dans le lointain.

Je n'oublierai jamais le rythme lent de notre trek ponctué de cette chanson que l'on entonnait avec les guides, qui nous accompagnera tout au long de ce périple, et dont j'avais soigneusement noté les paroles....

Je n'oublierai jamais ces paysages magnifiques, ces grandes étendues sauvages que ce sont le Serengeti, le Ngorogoro peuplées d'animaux sauvages

Je n'oublierai jamais ces bruits, ces odeurs, ces couleurs dans ces marchés....cette poussière mêlée à la chaleur..

Je n'oublierai jamais ces bivouacs en contemplant la mer de nuages.....

Je n'oublierai jamais cette Afrique qui m'a procuré tant d'émotions...

Afrique, je t'aime passionnément, et pourtant...

A vous de tenter l'expérience !

vous aussi, vous voulez vous lancer à l'assaut d'un sommet 4000 m, ou plus ? Alors voici quelques quelques conseils !

  • La sécurité avant tout !
  • Ne sous-estimez pas la difficulté ! On ne rigole pas avec l'altitude !
  • Préparez-vous physiquement
  • Ayez un bon matériel : chaussures d'excellente qualité, système 3 couches pour les vêtements
  • Au moindre doute, redescendez ! Votre vie est en jeu, et je pèse mes mots !
  • Marchez très doucement, aidez-vous de bâtons, et arrêtez-vous si vous vous sentez essouflé
  • Buvez beaucoup, mais peu à la fois, et souvent !
  • Privilégiez les agences qui emportent avec eux un caisson de re-compression portatif : vous ne le regretterez pas !
Consultation médicale en altitude
    Vous pouvez tester votre aptitude à l'altitude en prenant rendez-vous avec le professeur Richalet , à l'hôpital Avicéenne à Bobigny en région parisienne
    N'hésitez pas à lire son livre " Tout sur la santé en montagne " riche d'enseignements Vous pouvez relire mon article plus détaillée sur la préparation au trek