Variations autour du berimbau (dans et hors la capoeira)

Publié le 01 janvier 2014 par Boebis @bonjoursamba

Capoeira / Berimbau from boebis on 8tracks Radio.

Le berimbau est un instrument hautement fascinant et plein de paradoxes. Instrument à corde, mais joué à la manière d'une percussion ; instrument musical rudimentaire, mais dont la richesse musicale est inouïe. Un timbre qui lorsqu'on l'entend la première fois peut paraître désagréable et répétitif, mais qui se revèle rapidement addictif.

La simplicité du berimbau est telle qu'on trouve même sur internet des modes d'emploi pour en fabriquer soi-même. Un arc (biriba), une unique corde en métal (cuerda), une baguette pour frapper la corde, et une pièce ou une pierre pour appuyer sur la corde et faire ainsi varier la hauteur du son. En guise de caisse de raisonnance, une simple calebasse. L'instrument est souvent associé à un caxixi que le musicien tient en même temps, un simple petit panier rempli de grains qu'on secoue.

Le berimbau a plusieurs cousins, différents arcs musicaux plus ou moins proches qu'on retrouve principalement en Afrique, dont il est originaire, et jusqu'en Asie. Mais c'est du berimbau brésilien, de loin le plus connu et le plus joué, dont il est ici question. Il est aujourd'h'ui associé étroitement à la capoeira, le fameux art martial brésilien dont il est devenu le symbole. Pourtant l'instrument ne serait devenu populaire au Brésil qu'au début du XXème siècle alors que la capoeira a une histoire bien plus ancienne. Cette histoire multi-séculaire et agitée est bien documentée sur la toile francophone et je vous renvoie par exemple à cet article très complet.

(Carybe)

La playlist que je vous propose s'ouvre sur un merveilleux duo entre guitare et berimbau par l'injustement méconnu Onias Comenda. Suit un engistrement historique de 1940 d'un des grands modernisateurs de la capoeira, et légendaire créateur de la capoeira régionale, Mestre Bimba.

Vous entendrez ensuite un morceau de Batatinha, grand sambiste de Bahia, qui méle bossa nova et capoeira. Suivent deux capoeiras classiques avec Onias Comenda à nouveau et Mestre Pastinha, autre référence incontournable des capoeristes.

Nous retournons à des titres inspirés par la capoeira. Tout d'abord, une chanson par le sambiste-zoologue de Sao Paulo, Paulo Vanzolini qui conte le voyage d'un certain Arnaldo, où le toque du berimbau est retranscrit à la flûte. Puis un morceau épique de Caetano Veloso qui fait le lien entre la capoeira longtemps persécutée et le Brésil alors sous le joug de la dictature.

Nous arrivons à l'incontournable morceau composé par Baden Powell lors de sa relecture de la musique afro-bahianaise. Ici dans une version instrumentale à la guitare, sans les paroles de Vinicius de Moraes qui firent faire le tour du monde à ce morceau (jusqu'à Claude Nougaro).

J'ai inclu deux illustrations de l'essor du berimbau hors du cercle de la capoeira. Deux morceaux plus expérimentaux qui explorent presque systématiquement les possibilités de cet instrument. Par deux grands virtuoses, Papete et Nana Vasconcelos.

La compilation se termine par un funk carioca de DJ Sandrinho construit autour d'un sample de berimbau pour rappeller que ce genre électronique est basé sur une rythmique de capoeira (maculêlê) et que le berimbau est décidemment plus vivant que jamais.