Dig (2015) : en attendant le miracle…

Publié le 10 avril 2015 par Jfcd @enseriestv

Dig est une nouvelle série de dix épisodes diffusée depuis le début mars sur les ondes d’USA Network aux États-Unis et une semaine plus tard sur Showcase au Canada. L’action comporte pour le moment trois intrigues dans trois pays, mais qui devraient se rejoindre éventuellement, soit : le FBI et des pierres précieuses en Israël, un jeune garçon caché dans un temple du Nouveau-Mexique et dont la Bar Mitzvah arrive à grands pas et un jeune veau qu’il faut protéger à tout prix en Norvège. Série née d’une fusion entre les créateurs Tim Kurig (Heroes) et Gideon Graff (Homeland), la confusion autour de ces trois prémisses et la volonté évidente de nous faire languir est loin d’être une stratégie payante. Avec des protagonistes qui nous importent peu et une mixité des genres mal maîtrisée, Dig, comme son titre l’indique, est assurément destinée à finir au fond d’un trou.

Être prudent avec le mysticisme

Peter Connelly (Jason Isaacs), un agent du FBI est arrivé depuis peu en Israël et alors qu’il est à la poursuite d’un malfrat, il tombe sur une jeune stagiaire en archéologie du nom d’Emma Wilson (Alison Sudol) qui est tuée dans d’étranges circonstances peu de temps après. Lors de leur seule rencontre, elle lui a fait découvrir une grotte dans laquelle elle effectuait ses recherches et a mis dans sa poche à son insu l’une des pierres d’un livre sacré très convoité par certains, dont l’ambassadrice américaine Ruth Ridelll (Regina Taylor). Peter qui continue son enquête retourne dans ce lieu souterrain et découvre qu’une substance qu’Emma avait fait tester se révèle être l’ADN d’un jeune veau…

Pour l’instant, c’est le seul lien que l’on puisse effectuer avec l’action se déroulant en Norvège. Tout ce que l’on sait pour le moment est que le village a eu vent de cette naissance et qu’un groupe que l’on devine mal intentionné a essayé de s’en emparer. Seulement, Avram (Guy Selnik) parvient à s’échapper avec la bête et monte à bord d’un paquebot qui vogue en direction d’Israël. Comme il s’agit d’un passager clandestin, les membres de l’équipage refusent de le nourrir, ce que le jeune juif interprète comme étant un test venant de Dieu.

Et le lien avec le Nouveau-Mexique est beaucoup moins clair. Tout ce que l’on sait est que Debbie (Lauren Ambrose), ancienne toxicomane, travaille dans un temple ultra-secret et est au service du petit Joshua. Lorsqu’un jour elle lui permet d’aller à l’extérieur (ce qu’il n’avait jamais fait) le garçon est tué sur les ordres du  prêtre parce que ses pieds ont foulé le sol : il est désormais impur… Qu’à cela ne tienne, on lui trouve un substitut identique (un clone?) qui selon les membres est promis à une grandiose destinée.

Donc, vache sacrée, enfant prophète, livre biblique; on est bel et bien dans le drame « spirituel » ou « apocalyptique » du genre Da Vinci Code. D’ailleurs, le premier épisode de la série s’ouvre avec ces intertitres : » Tell the people of Israel to bring you a red heifer without defect, in which there is no blemish and on which a yoke has never come. -Numbers XIX / Puis: « It’s the end of the world as we know it » tirés d’une chanson de R.E.M… Déjà, les mélanges de ces deux sources font peu de sens et sont peut-être annonciateurs des neuf autres épisodes à venir. Dig ne tombe pas dans le ridicule, mais elle se prend assurément très, voire trop au sérieux. Il est extrêmement difficile de faire tenir des histoires entourant l’apocalypse dans un contexte de vie de tous les jours comparé à un contexte de science-fiction (Dominion et Defiance en sont de bons exemples) et la création de Raff et de Kurig n’y parvient pas. C’est que pour une grande majorité de sceptiques de nature, ce n’est pas un veau, un nouveau messie et un livre saint qui menacent notre existence à court terme et il est difficile de s’imaginer comment la série pourra vraiment devenir crédible après avoir connecté ensemble les trois intrigues. Et plus important encore, aurons-nous la patience d’attendre?

Brouillon bleu, blanc, jaune

Il est difficile de s’investir dans Dig parce qu’on touche à trop de genres sans vraiment y aller à fond. Ainsi, on a droit à plusieurs scènes d’enquêtes menées par l’agent Connelly en compagnie de son acolyte Israélien, le détective Golan Cohen (Ori Pfeffer). Chaque fois qu’ils sont sur le point de découvrir quelque chose, on coupe et on nous amène en Norvège ou au Nouveau-Mexique, ce qui casse le rythme. Les thèmes d’action ou d’investigation ne sont donc exploités qu’à moitié. De plus, l’Israélien Cohen et l’Américain Connelly ne s’entendent pas très bien et il aurait été intéressant qu’on fasse ressortir davantage cet affrontement entre deux cultures distinctes, mais ce n’est pas le cas (les multiples versions de The Bridge à cet égard s’en tiraient très bien). Il faut au moins donner crédit à la série pour avoir exploité de façon judicieuse les différentes locations où se déroulent les intrigues. Ainsi, le blanc de la neige prédomine en Norvège alors que c’est une couleur beaucoup plus chaude qui prime en Israël, oscillant entre le brun et le jaune. À l’opposé, tout l’intérieur du temple du Nouveau-Mexique est baigné dans une lumière bleuâtre qui justement, donne froid dans le dos.

Dig a rassemblé 1,83 million de téléspectateurs pour son pilote, 1,45 pour le second épisode et 1,43 pour le troisième. Ces chiffres sont dans la moyenne d’USA Network, mais pour savoir si la série à la chance de perdurer, il faut se référer au taux d’engagement chez les 18-49 ans qui gravite pour le moment aux alentours de 0,44. À titre de repère, Graceland, saison2 (taux : 0,47) et Satisfaction saison 1 (taux : 0,41) ont toutes deux été renouvelées, alors que la saison 1 de Rush (taux : 0,40), a été annulée. C’est donc 50/50 pour Dig à ce stade et pour ceux qui veulent voir la fin du monde, croisez-vous les doigts.