La basilique Saint-Julien à Brioude

Par Artetvia

L’un des premiers articles de ce blog fut consacré à l’art roman en Auvergne, abordé dans son ensemble. Artetvia vous propose d’aller plus avant et de découvrir l’un de ces joyaux : la basilique Saint-Julien à Brioude. En espérant qu’à l’issue de cet article, vous ne verrez plus l’architecture auvergnate comme austère et farouche !

Grosso modo, Brioude est située entre Le Puy et Clermont-Ferrand. C’est une petite ville de 6 000 habitants, sous-préfecture de la Haute-Loire. La ville est agréable quoiqu’un peu endormie.

Le visiteur est bien entendu immédiatement frappé par la taille et la beauté de la principale église de la cité.

Elle est très ancienne. La légende dit qu’un premier sanctuaire est construit dès le IVe siècle (quand même !) en l’honneur de Julien, soldat romain martyrisé en 304. On sait que saint Grégoire de Tours (539-594) se rend plusieurs fois sur les lieux en pèlerinage. Au IXe siècle, un chapitre de chanoines est installé, l’église devenant donc collégiale. Etant également maîtres du temporel – jusqu’à la révolution, le chapitre est composé de chanoines-comtes, ce qui occasionnera d’ailleurs divers conflits ; qu’ils soient le plus souvent les rejetons des lignées les plus prestigieuses d’Auvergne ne viendra pas faciliter les choses. Une église plus grande est édifiée au Xe siècle. La construction de l’église actuelle débute vers 1060. Deux siècles plus tard les voûtes de la nef sont surélevées. Et après ? C’est fini, la construction est achevée, et le monument se dresse tel qu’il nous apparaît aujourd’hui, mise à part la façade ouest redessinée au XIXe siècle dans un style néo-roman. L’église est érigée en basilique en 1957. Nous avons donc devant nous un grand monument roman quasi intact.

A l’instar des autres anciens édifices d’Auvergne, la basilique n’est pas construite en pierre volcanique noire comme l’est la cathédrale de Clermont bâtie entre les XIIIe et XVIe siècles. Ce qui fait d’elle une église assez claire. Son architecture est typique du roman auvergnat : un narthex, un clocher hexagonal, des chapelles rayonnantes, un déambulatoire voûté en berceau, etc… En revanche, contrairement à Notre-Dame du Port, Saint-Austremoine d’Issoire, Saint-Nectaire ou Notre-Dame d’Orcival, elle ne possède pas de massif barlong à la croisée des transepts mais une structure porteuse plus légère et peut-être plus esthétique.

Avec sa nef de près de 75 mètres de long, c’est la plus grande église romane de la région. Ses cinq travées régulières mènent le visiteur vers le chœur, assez simple et à l’abside en cul de four comportant cinq chapelles rayonnantes. La lumière entrant par les baies hautes et les piliers polychromes tendent à alléger la structure du bâtiment et à renforcer son équilibre général.

Qui a dit que l’art roman était austère ? Oui, la crypte abritant le tombeau du saint l’est assurément. Mais par ailleurs, voyez les superbes peintures de la chapelle Saint-Michel ! Voyez le choix délibérément composite des matériaux et la décoration du choeur (extérieur) ! Voyez la sculpture des chapiteaux et les modillons des corniches des cinq chapelles rayonnantes ! Voyez la décoration des fenêtres des chapelles ! C’est d’une belle simplicité. D’une magnifique simplicité.

Alors conquis ?