Critique – Journal d’une femme de chambre

Publié le 16 avril 2015 par Avisdupublic.net @avisdupublicnet

Benoit Jacquot revient avec l'adaptation du roman d'Octave Mirbeau. Déjà réalisé entre autres par Luis Bunuel en 1964, cette version de Journal d'une femme de chambre est évidemment plus moderne et cynique avec une héroïne piquante interprétée par Léa Seydoux.

Une intrigue mystérieuse

Alors qu'elle attire le regard des hommes, leurs épouses se méfient d'elle et jalousent son charme mais elle sait ruser pour se faire bien voir des maîtresses de maison et ainsi quitter une place avec une recommandation bienveillante. Début du XXème siècle : une jeune femme de chambre du nom de Célestine s'installe en Province après un passé professionnel agité. On peut tout de suite deviner qu'elle joue de sa beauté pour se garantir des postes dans les meilleures maisons mais elle est attachée aux critères de vie parisienne et accepte à contrecœur des places en province.
Elle raconte donc ses aventures dans un journal, d'où le titre de l'histoire : Journal d'une femme de chambre.

Cette instabilité à s'établir durablement chez une famille se joint à un caractère des plus étranges car, sans se rebeller, Célestine marmonne des insultes destinées à ses employeurs qui l'agacent et s'applique même à saboter leur quotidien en toute discrétion.

Un duo espiègle pour le casting

Léa Seydoux : grand sujet de polémiques chez le public français par sa prétendue attitude hautaine et désagréable, a presque l'air d'utiliser ces reproches envers elle à bon escient pour ce rôle où son interprétation oscille entre grande froideur et sécheresse brutale. Elle retranscrit à la perfection cette période par sa démarche gracieuse, et son regard perçant insinue un mystère et une sombre vérité que l'on devine comme une tristesse maquillée par la suite.

Ce double jeu est d'autant plus impressionnant qu'elle maîtrise cette justesse tout au long du film, scindé en deux parties, la dernière révélant plus d'informations concernant les troubles qui l'habitent mais où l'on découvre aussi un rythme plus inquiétant et parfois violent.

Elle forme un duo malsain avec Joseph (Vincent Lindon), lui aussi changé pour le rôle qu'il interprète auprès d'elle : plus secret que d'autres personnages qu'il a pu avoir, malgré des apparences d'homme à tout faire très serviable et dévoué à la maitresse de maison, c'est un projet lourd et terrifiant qu'il prépare.

On remarque la présence discrète de Vincent Lacoste (Hippocrate) qui se fait connaître ces derniers temps et campe ici un personnage plongé dans une condition lugubre mais avec une douceur propre à son jeu.

Il est vrai que certains passages du film paraissent longs et inutiles, c'est probablement la marque du réalisateur qui veut ça. Dans Les adieux à la reine, Benoit Jacquot retranscrivait cette lenteur et ce malaise à certains moments avec des scènes longues et des plans resserrés qui visent à nous rapprocher des personnages, de leur pensées.
C'est ce qui ressort de Journal d'une femme de chambre, parfois saccadé, et au bout du compte pas assez structuré pour intéresser totalement le spectateur.

Un clin d'œil intéressant marque néanmoins un parallèle avec son précédent film, où les scènes finales coïncident.

Un autre avis sur Journal d'une femme de chambre: http://www.telerama.fr/cinema/films/journal-d-une-femme-de-chambre,495168.php

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