Test : Noble Audio K10U

Publié le 19 avril 2015 par Tupperwav @TupperWav

Aujourd’hui, je vous propose donc un test complet d’un de ces joujoux qui a fait beaucoup parler de lui récemment par la solide réputation qui l’entoure dans le microcosme de l’audio portable, à savoir les Noble Audio K10U (‘U’ pour …. universels). S’en suivra quelques comparaisons avec d’autres modèles très haut de gamme.

Le tout rédigé par Space Cowboy avec une verve intacte.  

Oyez, oyez ! Dans un marché de l’intra en pleine effervescence, les produits ont vu leur nombre augmenter à vitesse grand V, de même que leur qualité générale, rendant très vite obsolètes des produits de 3-4 ans. Dans le très haut de gamme universel, notamment, là où il n’y a même pas 2 ans, on n’avait le choix qu’entre 2 ou 3 modèles qui régnaient sans trop de partage, on peut compter sur une grosse dizaine d’excellents intras universels. Offre bienvenue sachant que les moulés s’avèrent parfois contraignants à faire faire, avec les risques des soucis de fit que cela peut engendrer rallongeant le processus. L’éventail de très haut de gamme universels rivalise désormais sans complexe en termes de qualités sonore avec les meilleurs moulés et c’est tant mieux : plus on est de fous, plus on rit.

La plastique

Ayant des oreilles « allergiques » aux moulés, c’était avec un plaisir peu dissimulé que j’attendais sagement la sortie de ces K10U, adaptation en universels de leurs grands frères moulés les K10 tout court. Les K10U embarquent pas moins de 10 drivers BA (2 pour les graves, 2 pour les médiums, 2 pour les hauts médiums, 2 pour les aigus et 2 pour l’extrême aigu). Avec ça dans la bidoche, on aurait pu s’attendre à des intras assez énormes en taille, mais il n’en est rien. Les K10U reprennent le design de la gamme universelle de Noble, et arborent donc une robe étonnamment compacte ! Pour comparaison avec un modèle connu, niveau taille, nous avons ici quelque chose de similaire à des Shure 846. Le placement vient se faire à la verticale dans la conque de l’oreille contrairement à de l’intra Shure ou Westone. Chacun aura ses préférences à ce niveau-là, de mon côté le choix de design de Noble m’est le plus confortable. Ils viennent s’insérer parfaitement dans la conque de mon oreille, sans aucune gêne, même après plusieurs heures d’écoutes. Clairement un des universels les plus confortables et pratiques que j’ai eu l’occasion d’utiliser. Cependant, la canule assez large risque de ne pas être bienvenue pour les personnes aux conduits étroits. Enfin, les K10U proposent un fit pas très profond, ce qui là aussi limite les inconforts. L’isolation, quant à elle, est dans la très haute moyenne des intras universels. J’utilise personnellement les embouts silicones rouges fournis et obtiens des résultats des plus satisfaisants sur ce point.

Concernant la fabrication, elle paraît très robuste avec le corps de l’intra compact, la canule large et les classiques connecteurs 2 pins bien fermes. La finition cependant n’est pas parfaite sur le modèle que j’ai : la faceplate de l’intra gauche présente des petites irrégularités, et il y a un petit point de peinture manquant, un peu au-dessus du niveau de la canule de l’intra droit. J’ai vu pire mais j’ai vu mieux aussi. Le design, quant à lui, est de toute beauté avec sa couleur bleu nuit métallisé (édition limitée japonaise, la version standard étant noir métallisé, très jolie aussi), à la fois classieux et discret. Enfin le câble, assez standard chez les fabricants de moulés, a le mérite d’être souple et pratique à l’utilisation. Ce dernier dispose d’un jack droit, qui aura ses fans et ses détracteurs. Mais comme il demeure très compact, même les adorateurs de jacks coudés ne devraient pas avoir trop de soucis à l’utilisation. J’aurais aimé un câble un peu plus « haut de gamme » cependant.

Passons au packaging. Plutôt complet, vous trouverez dans votre carton, un étui type Pellican, résistant à tous les mauvais traitements, une palanquée d’embouts (2 types d’embouts silicones en 3 tailles chacun, des doubles flanges en plusieurs tailles, et des mousses là aussi en 3 tailles, de quoi trouver celui qui nous sierra le mieux sans trop de soucis), un outil de nettoyage et un strap en caoutchouc Noble pour attacher votre DAP à votre ampli portable préféré. Enfin, Noble m’a fait cadeau d’un de leurs câbles ultra fins (l’essayer c’est l’adopter !).

Un petit mot concernant la communication et le service Noble : clairement ce que j’ai expérimenté de mieux. J’ai commandé mes intras en période de rush (black friday), Noble a grossi sa main d’œuvre spécialement pour l’occasion, anticipant le volume de commandes. J’ai reçu mes intras 15 jours après ma commande, alors qu’ils m’avaient annoncé 3 semaines. Enfin la communication par e-mail a été des plus réactives, avec une réponse à chaque fois dans les 24h, même le week-end ! Bref, ce fut un plaisir de traiter avec l’équipe de Noble Audio et je tiens à le souligner quand on voit le service désastreux de certains fabricants que je ne citerai pas (ça commence par JH et ça finit par Audio). Cela est aussi rassurant pour ceux qui voudraient passer commande de moulés, là où la qualité de service est encore plus primordiale.

Le son : vous en reprendrez bien une petite couche ?

Entrons dans le vif du sujet : mais comment est-ce qu’ils chantent ces intras ?

Le design multi-BA offre souvent de gros chalenges aux constructeurs, plus de drivers ne voulant pas forcément dire meilleur son. C’est souvent une source de casse-tête pour le constructeur. Plus de drivers veut dire plus de camelote à régler, plus de voies donc plus de crossovers, et le crossover, c’est le mal car source potentielle d’accidents dans la linéarité de la réponse en fréquence. Pas étonnant que certains constructeurs aient opté récemment pour une réduction du nombre de drivers (ES, Fitear), voire ne font que du monodriver (je pense à Final Audio Design ou Dita par exemple). En l’occurrence, ici, les K10U disposent d’un design très complexe avec ses 10 drivers et ses 4 voies, donc ce n’est pas forcément gagné d’avance.

Un petit mot aussi sur les K10U par rapport aux K10 custom. Les U ont bénéficié d’un tunning spécifique en leur qualité d’universels. Je ne possède pas de K10 moulés, mais j’ai pu faire des comparaisons directes avec un modèle de démo des K10 custom. La présentation différait notamment dans le haut médium un peu plus rentre dedans et un peu moins liquide dans le modèle de démo comparé aux K10U. Les universels ont donc leur petites spécificités sonores, et certains reviewers et possesseurs des U et des customs préfèrent les U tandis que d’autres préfèrent le son des customs. On se retrouve dans une situation un peu similaire à celle des Fitear To go ! 334 VS moulés MH334.

En termes de signature sonore générale, je qualifierais les K10U d’intras plutôt bien équilibrés, c’est-à-dire qu’ils ne privilégient pas spécialement certaines plages de fréquence plus que d’autres, mais ont une tendance très légèrement chaude. Pour référence, je considère comme équilibré des choses comme les Beyer T1, HD800 (bien mis en œuvre), SR009, HE6 par exemple. Même si ce n’est pas forcément pertinent de comparer intras et casques sédentaires, cela vous donne un peu une idée.

Donc intras plutôt bien équilibrés. La première chose qui marque à l’écoute des K10U, c’est la résolution assez remarquable pour des intras. J’ai eu dans les oreilles un sacré paquets d’intras très haut de gamme et je dois dire que les K10U doivent être ceux qui, jusqu’à maintenant, tiennent le mieux tête à mon système sédentaire à base de HD800. Il manque encore un petit quelque chose pour rivaliser parfaitement, mais on commence à sérieusement s’en approcher. (Je ne vois bien que les JHA Layla qui seraient susceptible de faire mieux sur ce point).

Deuxième grosse caractéristique des K10U : le soundstage (ou scène sonore). Il offre un très gros volume, vraiment remarquable dans l’univers des intras multi-BA. Plus hors tête que jamais, le soundstage arbore à la fois une profondeur et une largeur conséquentes sans faire de concession dans la cohérence de la présentation. Je n’ai retrouvé ce niveau de performances que dans des modèles d’intras hybrides. Ce soundstage a une autre spécificité qui plaira ou pas : la musique est présentée légèrement au-dessus de la ligne d’horizon. Pour être plus précis : les basses ont l’air d’être à hauteur des yeux, voire un peu en-dessous, et les mids et aigus légèrement au-dessus, créant ainsi un sentiment d’aération bienvenu et assez rare sur ce type de produit. Cela rappelle un petit peu la philosophie des Fitear Parterre. Au final la gestion de la scène sonore des K10U m’a vraiment impressionné.

Ce soundstage vaste et la grande résolution des K10U participent à une très belle séparation des instruments. Chaque son se retrouve détouré très précisément. Jusque-là, vous êtes peut-être en train de croire que les K10U versent dans le côté analytiques à tendance chiante, mais il n’en est rien. Les K10U possèdent un beau sens de l’impact sur tout le spectre leur rendant un caractère très vif et euphorique. On remerciera pour ça la grande vitesse de l’intra ainsi que sa dynamique (au sens technique) qui participent à ce rendu. N’allez pas croire non plus que les K10U sonnent secs, car c’est tout le contraire. De bas en haut, tout est extrêmement liquide sur les K10U, très loin du son JH Audio, sec,  par exemple, ou d’un son Audeze, granuleux. Là encore certains apprécieront ce parti-pris, d’autres moins.

J’en arrive au fait que les K10U ne se prétendent pas être des intras parfaitement références. La légère chaleur dans les médiums, l’impact général et la liquidité légèrement appuyée donnent l’impression qu’une légère couche de vernis a été passée sur le son pour l’embellir. Assez subtil et réussi, à mon avis, dans l’optique d’une écoute pur plaisir. Les personnes cherchant un intra parfaitement fidèle risquent de ne pas complètement trouver chaussure à leur pied. Après, nous sommes quand même à des années lumières des colorations à la hache des casques bois Audio Technica ou, encore plus violent, des intras Earsonics par exemple, qui pour le coup dénaturent vraiment l’enregistrement. Non, les K10U restent bien éloignés de cette catégorie de produits et arrivent à maîtriser subtilement la balance : rigueur de la restitution/plaisir.

Tout ça pour dire que, au final, les K10U sont selon moi, de parfaits allrounders. Ils se jouent de tous les genres avec une aisance insolente. Sur certains points précis, certains intras performent mieux, mais si l’on fait la synthèse du son des K10U, nous avons une combinaison gagnante qui sierra à la plupart des genres et enregistrements : jazz, classique, rock, pop, electro, vocal, difficile de les prendre en défaut. J’ai déjà eu dans les mains des intras versatiles, mais rarement à ce niveau. Souvent les intras échouent notamment sur un genre qu’à mon avis je n’écoutais quasiment plus en nomade : les grands ensembles orchestraux. Mais sur ce point les K10U s’en sortent admirablement. Certes il reste encore du chemin avant d’atteindre ce que peut faire un gros casque ouvert haut de gamme (je pense à du HD800, T1 ou du Stax), mais écouter les grands ensembles orchestraux sur les K10U passe plutôt bien et se montre chose des plus plaisantes.

Entrons maintenant un peu plus dans les détails avec d’abord les basses :

Généreuses, rapides, fluides, d’une profondeur abyssale, avec pas mal d’impact (créé un poil au dessus des subs basses) et une belle articulation. Les performances sont au rendez-vous. Nous sommes en présences de basses très propres, propreté qui a été rendue possible grâce au parti-pris de les « contenir » dans l’espace. Un parti-pris en opposition à des basses enveloppantes. La transition avec les mediums se fait sans accrocs majeurs via des mid-basses qui restent bien à leur place, même si j’ai déjà entendu mieux. Même constat concernant la texture de ces graves : c’est très bien, excellent même, mais on peut trouver un peu mieux.

Les médiums, quant à eux, ne sont ni en avant, ni en retrait. Légèrement plus enveloppants que les basses, ils présentent un caractère à petite tendance chaude, sans porter atteinte à la clarté, pour le coup de haut vol. Plutôt naturels et réalistes sans l’être parfaitement non plus. Ils bénéficient d’une fabuleuse articulation et d’une belle musicalité (ça y est, je l’ai sorti ce terme qui veut tout dire et rien dire !). Les amoureux de ce registre, dont je fais partie, devraient être entièrement satisfaits.

Les mid-aigus et aigus enfin (pour lesquels pas moins de 6 drivers sont alloués quand même !), sont clairement ce qui m’a le plus marqué au fil des écoutes. A l’instar des mediums, on reste dans le « plutôt réaliste et naturel sans l’être parfaitement » (cf. mes histoires de vernis plus haut). La transition d’abord avec les mediums est juste parfaite. Aucune crispation, aucune sibilance n’est à déplorer, mais surtout aucun manque harmonique dans cette transition non plus. Souvent les constructeurs se contentent de placer un gros trou dans le haut medium pour pallier aux soucis de sibilance (ES, Westone et bien d’autres). Sur ce point les K10U nous donnent le beurre, l’argent du beurre et les miches de la crémière. Ajoutons à cela une extension assez rare (ce qui ne pourrait être qu’une sensation, sachant que 99.99% des intras BA après 10Khz c’est le chaos, je n’ai pas pu vérifier avec les graphes de mesures de la réponse en fréquence, encore indisponibles) qui permet un rendu très aéré du son. Et enfin, dernières caractéristiques des aigus des K10 : leur grande richesse harmonique et leur articulation, que très peu de d’intra multi BA arrivent à reproduire (je ne vois bien que les K10U, les Layla et les Angie).

Pour conclure la partie son, les K10U, sans être à 100% des « références », présentent un son des plus complet, avec de l’impact, équilibré légèrement chaud, liquide et détouré avec un soundstage volumineux et cohérent offrant au final une grande versatilité.

Avant de passer aux comparaisons, un petit mot sur les sources. J’ai utilisé les K10U sur 3 sources différentes : un Cowon J3, un Sony ZX1 et un AK120 II. Sur ces 3 sources je n’ai pas expérimenté d’association mauvaise, mais comme ils sont assez fidèles à leur source j’ai pu apprécier de meilleures qualités avec l’AK120 II. Bref : plus la source est de qualité et plus l’intra m’a semblé en tirer profit. L’avantage d’un intra plutôt bien équilibré en somme.

 

Les filles d’à côté :

Passons maintenant à quelques comparaisons avec d’autres intras haut de gamme avec lesquels  je suis maintenant bien familier.

K10U VS Fitear MH335DW SR

(Suite à des soucis insolubles de fit, j’utilise une version universelle qui sonne à 99.9% pareil que la version moulée pour avoir comparé directement les 2. Il n’est pas prévu que ce modèle universel soit proposé à la vente)

Les 335 SR sont le flagship de la célèbre marque japonaise Fitear. Upgrade de la version 335 de base tendant vers une signature plus équilibrée et un niveau de résolution légèrement accru. Ce sont, je pense, les plus gros rivaux des K10U en termes de performances générales. Les K10U vont avoir un avantage sur la résolution, le sens du détail, l’équilibre, l’espace sonore, la vitesse, l’articulation et la richesse harmonique de la partie haut-médiums/aigus. Les 335 SR eux, un peu plus sombres, vont briller par leur fidélité et leur richesse des timbres, leur articulation et leur texturation des mids et des basses, ainsi que leur réalisme général saisissant. Les médiums et les basses offrent une approche assez différente sur les 335 SR : ils ont tendance à plus envelopper l’auditeur qu’avec les K10U. Les 335SR disposent d’une présentation générale légèrement plus chaude, plus immersive et plus organique que les K10U. Ces derniers offrent plus d’impact que les 335SR, un peu plus polis. Le soundstage, enfin, est assez différent : plus vaste et plus en hauteur sur les K10U ; les 335SR quant à eux, bien qu’ayant aussi une belle sensation de volume, n’offrent pas autant d’espace et placent l’auditeur légèrement en hauteur par rapport aux instruments. Les 335SR sont un peu moins extravertis que les K10U sur ce point, donc. Enfin les 335SR font partie de ces intras qui arrivent à s’affranchir au mieux du feeling du son BA, parfois pas des plus réaliste, grâce à leur texture et aux transitions entre les registres assez hallucinantes de linéarité avec une gestion des crossover au dessus des autres.

K10U vs Aurisonics ASG 2.5

Les ASG2.5 sont les nouveaux flagship universels de la petite marque américaine qui monte (ces modèles existent aussi en moulés). Ils bénéficient d’un design hybride avec 2 drivers BA et un gros driver dynamique de 14.2 mm de diamètre ainsi que d’un évent de basses réglable. Ce dernier ne m’a jamais servi tant les basses sont déjà extrêmement présentes quand il est réglé au minimum. Dans l’esprit, on reste assez proche des 335 SR, avec des basses encore plus présentes, notamment dans les subs, très musclées. Ils entrent ainsi dans la catégorie « bass-heavy », sans atteindre non plus les extrêmes d’un EM32 par exemple. Comparés aux K10U et aux 335SR, le sens du détail est un petit cran en dessous. La résolution ne va pas être bien loin des 335SR, mais un poil en deçà. Mais les ASG2.5 se montrent irréprochables dans certains domaines. Le premier : le sens du naturel. On sent que le driver dynamique apporte beaucoup sur ce point par rapport aux BA. A l’écoute, on a plus l’impression de s’approcher de ce que peut offrir un casque ouvert en termes de perception du son. Un casque ouvert fera tout de même mieux mais on commence à s’en rapprocher. Le deuxième domaine étant la scène sonore. Alors qu’un intra multi BA triche toujours un peu avec la réponse en fréquence pour simuler l’espace (souvent au niveau des extrémités), les ASG2.5 arrivent à bénéficier d’une réelle et énorme aération (merci au driver dynamique) malgré leurs aigus en retrait. La position de l’auditeur me paraît assez similaire à celle des 335SR mais en plus mieux partout. Les mediums rivalisent de beauté avec ceux des 335SR et se montrent d’un énorme naturel. Les aigus ont une teinte proche de ceux des 335SR, en un peu moins texturés et légèrement plus en retrait, participant à la signature sombre de l’intra. La transition mediums – aigus est aussi plus maladroite que sur les 335SR ou sur les K10U et va manquer de linéarité. Un intra qui ne plaira pas à tout le monde, certes, pour son côté bass-heavy (ça tape pas mal dans les subs même si, là-encore, on subit moins de pression acoustique que sur du BA), mais proposant des choses que les autres ne proposent pas : naturel et aération véritables.  Attention à la source pour cette intra cependant. Il peut se montrer assez capricieux à associer.  Une source claire, plutôt portée sur les hauts-mediums est recommandée afin de légèrement rééquilibrer les 2.5, sinon ils peuvent vite sonner voiler.  Enfin mention spéciale pour le fit qui est clairement le meilleur que j’ai pu expérimenter, customs compris (même en prenant en compte mon oreille droite qui fit bien les customs comprise) : leurs embouts « true-fit » en polymère viennent parfaitement prendre la forme des conduits, sans exercer de pression dessus et avec une isolation quasi impossible à briser grâce au caractère un peu collant sur la peau de ce matériau. Enfin deuxième mention spéciale pour le prix : à 750 dollars, cela en fait peut-être les intras avec des performances réellement très haut de gamme les moins chers du marché (qualitativement, les 2.5 me paraissent un bon cran au-dessus de ce qu’on trouve dans cette catégorie de prix et viennent plus dans la cour des intras à 1000 brouzoufs). Un coup de cœur.

K10U VS Shure SE846

Les 846, flagship de Shure, embarquent 4 driver BA, un lowpass filter (une petite innovation assez fabuleuse dans le monde de l’intra BA) et des filtres interchangeables à choisir parmi 3 modèles, afin de s’adapter aux goûts de chacun. J’ai opté personnellement pour les filtres bleus « neutral » et les embouts Shure Olive (les 846 font partie des intras les plus sensibles aux changements d’embouts qu’il m’ait été donné d’entendre). Comparés aux K10U, les 846 sont clairement des intras plus mids-centriques, avec une texture plus du côté granuleux que du côté liquide. L’impact général va être un peu plus important que sur les K10U. Le son, à caractère très brut, rend les écoutes des plus entraînantes, « eargasmiques ». Les 846 se distinguent avant tout par leurs basses : meilleur grave que j’ai pu entendre sur un intra BA, point barre. L’impact est juste parfaitement dosé, se fait dans les sub-basses, avec une certaine évidence. La texture très réaliste, le lowpass filter qui permet une transition basse-mediums impeccablement propre et le juste dosage entre sècheresse et liquidité, participent au caractère exceptionnel des basses. Les médiums, plutôt prononcés, avec là aussi une bonne texture, plutôt du côté granuleux, donnent un côté un peu « sous acide » à l’intra. On en appréciera la grande résolution (similaire aux K10U et 335SR) la justesse des timbres (même si les 335SR restent supérieurs sur ce point), et la présentation très directe. Les aigus sont réglés assez sombres, et, bien qu’ayant beaucoup de matière, en comparaison des K10U ou même des Aurisonics, ils vont manquer de richesse harmonique dans l’extrême aigu ce qui portera un peu atteinte au sens du détail. Le soundstage se met en valeur par sa grande cohérence (un poil au-dessus des 335SR) malgré un espace plus réduit que les 3 autres intras (notamment latéralement). Un superbe intra au final, avec une qualité de fabrication au top, pour ceux qui aiment bouger leur tête d’avant en arrière dans les transports en commun.

K10U VS UM Maverick

Les Maverick sont un modèle universel très haut de gamme issu de la collaboration de la boîte japonaise Mix Wave et du célèbre fabricant chinois de moulés  Unique Melody. Les Maverick bénéficient d’un design complètement unique : un driver dynamique et un driver BA travaillent de concert pour la section des basses fréquences (une première), un BA pour les mediums et 2 BA pour les aigus. Le résultat est vraiment surprenant car entre deux chaises : entre un intra purement multi BA et un intra hybride classique. En termes de signature sonore générale, ce sont ceux qui se rapprochent le plus des K10U du comparatif, avec un son plutôt bien équilibré donc, très légèrement chaud. Sans surprise, les basses vont se montrer un peu plus naturelles que sur les K10U. Ces dernière descendent avec aplomb, sans accident majeur, arborent un beau naturel et impact, sans jamais en faire trop, rendant l’écoute des plus plaisantes. La partie haute du spectre va manquer un peu de fluidité par rapport aux K10U. Les Maverick sont à la fois un peu plus secs et un peu plus énergiques sur ce point. Je n’ai décelé aucune crispation non plus dans la présentation des hautes fréquences. Peut-être un poile moins d’extension et de raffinement que sur les K10U. Le medium est plutôt bon lui aussi, et je n’ai pas vraiment de reproche à lui faire, peut-être un peu moins euphonique que celui des K10U. Le soundstage rivalise sans souci avec ce qui se fait de mieux à l’heure actuel : ampleur, aération et cohérence, tout y est. Le design ouvert aidant pas mal. Enfin le niveau de résolution bien qu’excellent va manquer de peu d’atteindre les performances des K10U (à priori dans des niveaux similaires aux 335SR, ce qui est déjà assez extraordinaire). Un intra donc passe-partout, avec une pointe de fun bien sentie, à ne surtout pas négliger. C’est un peu des 1+2 sans les petits défauts que je leur trouvais (aigus un peu trop emphasés et mediums un peu froid) rien que ça ! Attention cependant au fit, les Maverick entrent dans la catégorie des TGI (Très Gros Intras). Seuls les Roxanne, Angie et Layla universels se montrent plus massifs. Chez moi, le forme factor des Maverick est passé étonnamment bien malgré leur embompoint, mais cela risque de ne pas être le cas pour tout le monde.

En conclusion générale

Malgré l’excellence de ses rivaux les K10U, sans être parfaits, me semblent nous faire part d’un son avec un peu moins de compromis que leurs concurrents, les rendant extrêmement versatiles. Les performances en termes de résolution et de soundstage impressionneront, leur légère chaleur les laissera se faire aimer des mélomanes sans laisser sur le carreau les amateurs de rigueur. Ajoutons à cela une fabrication de qualité et un format ergonomique. Reste un prix plutôt élevé : 1600 dollars, le même prix que les customs. Au final j’aurais quand même tendance à dire sans trop de retenue à Noble : mes respects et chapeau bas !

Rédigé par Space Cowboy