Edgar Allan Poe : hantise – Stéphane Louis

Publié le 19 avril 2015 par Avisdupublic.net @avisdupublicnet

Critique de la bande dessinée Edgar Allan Poe : hantise, scénarisé par Stéphane Louis, dessiné par Bastien Orenge et Thomas Verguet. Un album édité par Soleil dans la collection 1800 qui vous fera vivre une histoire extraordinaire ?

Edgar Allan Poe : hantise fait partie de la très intéressante collection 1800 de chez l'éditeur Soleil. Le principe est à la fois simple, évident, et pourtant il fallait oser le mettre en place. Imaginez : une série de bandes dessinées dont le noyau central est la littérature classique du dix-neuvième siècle, à laquelle on ajoute d'autres codes. Par exemple, prenez 20 000 lieues sous les mers, ajoutez-y un peu de Lovecraft, et vous obtenez une relecture très intéressante titrée 20 000 siècles sous les mers. Encore plus simple et alléchant : prenez le personnage Sherlock Holmes, faites lui croiser la route de l'écrivain maudit de Providence, le résultat donne le fantasmatique Sherlock Holmes et le Necronomicon. Avouez être tenté par ce genre d'idées... De base, il faut bien confesser que l'époque victorienne, et son ambiance propice aux mystères qui ne demandaient qu'à être élucidés par notre époque du cynisme roi, ne demande qu'a être revisitée, redécouverte sous un jour nouveau. Quoi de plus normal, dès lors, que l'un des écrivains les plus important de ce temps révolu soit le personnage principal de Edgar Allan Poe : hantise ?

Un Edgar Allan Poe cauchemardesque.

Edgar Allan Poe : hantise est donc contemporain de l'auteur de Double assassinat dans la rue Morgue. Et pour cause : il en est aussi le protagoniste principal. Poe, pas encore passé à la postérité, erre autant dans la vie que dans ses écrits. Critique acerbe au Boston Cronicles, le manque de reconnaissance pour ses textes l'a rendu aigri, antipathique au plus haut point. Déséquilibré depuis la mort prématurée de sa mère (adoptive pour être exact, dans les faits réels tout du moins) alors qu'il n'est âgé que de quinze ans, il consulte une voyante qui, l'espace de quelques minutes, apporte à Poe ce qu'il souhaite : parler avec sa défunte parente, avant de payer la note en nature. Déjà bien sordide, la situation est en plus aggravée par une attirance envers sa jeune cousine, qui n'est encore qu'une enfant quand Poe décide qu'elle sera sa promise en temps voulu. C'est dans ce chemin de vie torturé que les premières affaires éclatent : un tueur en série s'inspire des nouvelles qu'a écrit l'écrivain ! Un banal fan vous direz-vous, mais c'est une erreur. Car ces nouvelles, certes déjà écrites, n'ont pas encore été publiées. Edgar Allan Poe : hantise lance alors une enquête obsédante, alors que le meurtrier redouble de violence.

Obsessions monstrueuses.

Le talentueux Stéphane Louis (son Tessa est à découvrir) signe le scénario de Edgar Allan Poe : hantise et fait donc le choix d'inclure des faits avérés de la vie de Poe à une intrigue dont les contours auraient pu être imaginés par l'écrivain lui-même. On aborde l'aspect le plus sombre du personnage, qui devient un anti-héros pas du tout sympathique, voir même carrément monstrueux. Ce côté hideux de Poe est d'ailleurs abordé visuellement via son ombre, qui se déforme pour figurer un peu grossièrement la bête qui sommeille en lui. Citons ce passage de Edgar Allan Poe : hantise, qui nous présente une rencontre entre l'écrivain et sa petite cousine, car il est un bon exemple du ton de la bande dessinée. L'écrivain apparaît alors comme un prédateur, dont le corps décrit l'état d'esprit jusqu'au bout des griffes. Le problème est qu'aborder ainsi le personnage demande un développement long pour être efficace. Et Edgar Allan Poe : hantise est un one shot de 56 pages...

Trop complexe pour un one shot.

On se sent à l'étroit dans cet Edgar Allan Poe : hantise, et très vite on comprend qu'aucune des pistes intéressantes ne sera développée correctement. Même l'intrigue manque de saveur dans son ensemble, la cohésion entre l'univers et l'histoire ne fonctionne que très peu. On est ainsi assez surpris de la tournure des évènements dans le dernier quart, qui s'accélère à une vitesse trahissant un tripotage en urgence. Sans dévoiler quoi que ce soit de Edgar Allan Poe : hantise, disons que tout va exactement dans la direction qu'on imagine depuis le début. Notamment à cause de la voix intérieure de Poe, bien trop bavarde, parfois envahissante. Le choix de rendre un travail en un album est donc tout sauf salvateur pour Edgar Allan Poe : hantise, qui n'arrive pas à rendre perceptible l'alchimie entre un personnage extrêmement torturé et une situation qui ne peut que trouver un écho en lui.

L'habit ne fait pas le moine.

Côté dessins, Edgar Allan Poe : hantise figure parmi les meilleurs travaux de la collection 1800. L'album est dessiné à deux : Bastien Orenge et Thomas Verguet, un duo déjà remarqué avec le très bon Magellan ( prix des Mémoires de la Mer 2013). Leur style classique, tout en mouvement et en angles désaxés, s'accorde très bien avec l'époque victorienne et l'ambiance qui s'en dégage. Pour ainsi dire, Edgar Allan Poe : hantise vaut principalement pour ses planches, sur lesquels on aime passer du temps à se perdre. Signalons que la couverture est, elle, signée Grzesiek Krysinski, et qu'elle figure parmi les plus belles de cette collection lancée par les éditions Soleil. Au final, on est déçu par Edgar Allan Pie : hantise, une BD qui manque d'impact à cause de son format bien trop court.

Edgar Allan Poe : hantise, les bonus.

Découvrez les blogs de Retrouvez quelques travaux de Grzesiek Krysinski, illustrateur de la couverture de Une interview de Bastien Orenge est à lire sur L'intégralité de la collection 1800 figure N'hésitez pas à lire d'autres critiques de Bastien Orenge (plus mis à jour depuis 2014 pour celui-ci) et Thomas Verguet, dessinateurs de Edgar Allan Poe : hantise, sur son Deviant Art. Nantes BD. Edgar Allan Poe : hantise. Mais aussi celui du scénariste sur le site de l'éditeur Soleil. Stéphane Louis. Edgar Allan Poe : hantise, notamment chez Scifi-Universe et Planete BD.

Edgar Allan Poe : hantise - Stéphane Louis

Edgar Allan Poe : hantise est une déception, avant tout à cause de son format one-shot qui empêche tout développement des personnages. Dommage, surtout que Stéphane Louis est un scénariste plein de potentiel.

  • Les dessins.
  • La couverture.
  • Beaucoup trop court.
  • Superficialité des personnages.
  • L'univers pâtit du format.

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