Journal d'une femme de chambre

Publié le 19 avril 2015 par Dukefleed
Léa Seydoux est Célestine
Troisième adaptation cinématographique du roman éponyme d’Octave Mirbeau ; Benoît Jacquot relève ici un gros défi, passer après Renoir et Bunuel. Début du XXème siècle, Célestine est une jeune servante au caractère bien trempé qui débarque en Province après avoir servi la bourgeoisie parisienne. Insoumise et très belle, elle attise la convoitise ; mais libre de son destin, elle choisira seule le destin qui lui convient... et son homme !Cette chronique sociale est une dénonciation de la domesticité et d’une servitude proche, chronologiquement et dans la manière de traiter humain comme une bête, de l’esclavage. Tout y passe : rapports maitres serviteurs, sexualité asservissante, aspiration au changement de classes,… Par ce portrait fort de femme bien décidée à sortir de sa condition, Jacquot dresse aussi un portrait au vitriol d’une bourgeoisie décadente. Les maîtres et le voisinage offre une palette de bourgeois atrocement burlesques. Préférant bien souvent les petites phrases lancées dans sa barbe par Célestine à une voix off distante, il parvient à donner de la modernité à son propos et à son personnage principale ; la langue, dans ces moments n’est pas d’époque, mais les répliques tombent tellement justes. C’est là une des différences avec la Célestine plus insondables de Bunuel ; celle de Jacquot est « cash ». En matière de casting, il ne s’est surtout pas trompé en faisant à nouveau confiance à Léa Seydoux…pulpeuse en diable, déterminée, énergique… Un rôle sur mesure ; sur son dos tout le temps, elle nous porte de bout en bout. De nombreux seconds rôles aussi bluffant : la placeuse, la maitresse, le capitaine ; mais à nouveau pas convaincu par un Vincent Lindon platement énigmatique. Son personnage très ambigu est aussi traité à l’emporte pièce : une histoire de meurtre gravitant autour de lui tombant comme un cheveu sur la soupe et reste inexploité par la suite ; une étiquette d’antisémite collée en deux scènes… Dans son montage aussi, Jacquot présente trois flash backs pas toujours bien articulés.Et puis je suis resté interloqué par le choix final de Célestine ; elle si libre et insoumise. Chez Bunuel, elle ne couche pas avec le jardinier et épouse le voisin de ses maitres ; et parvient donc à s’élever socialement. Ici, sans dévoiler le final, elle a maintes occasions de s’extirper de sa condition par le haut ; et elle fera le choix d’une liberté et d’une ascension sociale toute relative.Belle reconstitution d’époque portée par une plus que convaincante Léa Seydoux malgré une faiblesse scénaristique assez importante autour du personnage de Lindon.A voir tout de même
Sorti en 2015