Au cinéma : «Good Kill»

Publié le 21 avril 2015 par Masemainecinema @WilliamCinephil

Après « Les âmes vagabondes », Andrew Niccol, réalisateur connu pour avoir mis en scène « Bienvenue à Gattaca » et « Lord of war », nous livre « Good Kill ». Ethan Hawke tient le rôle principal. Il était déjà à l’affiche de « Bienvenue à Gattaca », première réalisation de Andrew Niccol. Zoé Kravitz, Bruce Greenwood et January Jones complètent le casting. Andrew Niccol signe également le scénario. « Good Kill » sort dans nos salles françaises le 22 avril 2015.

Synopsis : Le commandant Tommy Egan, pilote de chasse reconverti en pilote de drone, combat douze heures par jour les Talibans derrière sa télécommande, depuis sa base, à Las Vegas. De retour chez lui, il passe l’autre moitié de la journée à se quereller avec sa femme, Molly et ses enfants. Tommy remet cependant sa mission en question …

« Good Kill » est une plongée immersive dans les équipes militaires américains chargées du contrôle des drones, présents en Irak. Dès les premières secondes, le scénario de Andrew Niccol plonge le spectateur dans le mécanisme de cet organisme et ceux jusqu’à la dernière séquence du long-métrage. Si l’intrigue se base sur des faits réels, il est agréable de constater que « Good Kill » réside plus de l’objet cinématographique que du documentaire. Grâce à des dialogues savamment construits, Andrew Niccol amène une thèse et antithèse, ne cherchant jamais à endoctriner le spectateur dans un propos militant. Bien plus malin que cela, le long-métrage se vaut énormément pour ses personnages, où l’humain, et leur psychologie face à leurs actions, sont bousculés, interrogés et mis à rude épreuve. « Good Kill » pose plus de questions qu’il n’en résout et démontre l’enfer vécût par le personnage principal coincé entre son travail et sa conscience.

C’est d’ailleurs l’un des points forts de la production : ses personnages. Tommy Egan, personnage principal de l’intrigue, est présenté comme un roc, militaire modèle qui ne laisse aucune émotion transparaître. Ce n’est que lorsque Vera Suarez, jeune recrue à l’affectif visible, est affecté à son équipe, qu’il va être bousculé et devoir faire face à sa conscience. Dans ces rôles, les deux acteurs excellent à tous les niveaux. Ethan Hawke est impressionnant dans les extrêmes de son personnage, lorsqu’il s’agit d’être soit très calme, soit très émotif, bien souvent dans la colère. À ses côtés, la toute jeune Zoé Kravitz, aperçue dans « X-Men : le commencement », révèle tous ses talents d’actrice et s’affirme dans des moments intensément puissants. January Jones, dans le rôle de la femme de Tommy Egan, propose un aspect intéressant dans la vision extérieure de ce monde militaire, en se questionnant sans cesse sur le travail de son mari, qu’elle voit se replier sur lui, de jour en jour.

La réalisation de Andrew Niccol alterne entre des plans aériens impressionnants, donnant le point de vue du drone survolant les territoires ennemis, et des gros plans sur les personnages, véritable vecteur émotionnel de « Good Kill ». En ce qui concerne les vues aériennes, Andrew Niccol joue parfaitement avec l’espace, zoomant sur des personnages, et offrant cet aspect à la fois voyeurisme et tout-puissant au procédé. Là où les super-productions créent de la tension à l’aide de montage court et rapide, ainsi que d’alternance entre plan large et plan resserré, « Good Kill » amène la même force, si ce n’est plus d’ailleurs, avec de simples plans larges très lents et où le simple cadre et contexte narratif contribuent à l’excellence de cette tension, qui surplombe tout le long-métrage. Il en sera de même, pour les séquences familiales, où le conflit viendra de la performance des acteurs, la mise en scène, quant à elle, reste le témoin passif de cette violence brute, livrée sans artifices.

« Good Kill » est un long-métrage qui ne se veut jamais donneur de leçons, mais au contraire soulève des problèmes, auquel il ne répond que partiellement et cherche davantage à éveiller les consciences. La performance des acteurs et la réalisation permettent d’amener une tension saisissante à l’ensemble, émotion pilier du long-métrage.

Good Kill. De Andrew Niccol. Avec Ethan Hawke, Zoé Kravitz, January Jones, Bruce Greenwood, Jake Abel, Fatima El Bahraouy, Ryan Montano, El Khttabi Abdelouahab, …

Sortie le 22 avril 2015.