La tribune téléphonique annuelle de Vladimir Poutine à son peuple.
Les gens le questionne en "direct" et Vlad, homme du peuple, répond.
C'est une comédie de grand burlesque. Popov de retour au pays.
Ainsi aucune question du genre "M.Poutine, mon fils est parti avec l'armée en Ukraine il y a 11 mois et nous n'avons plus jamais eu de nouvelles de lui, que se passe-t-il?"
Du terriblement trivial au très politique (mais en communion avec l'agenda de Poutine) on lui a demandé des choses bêtes comme:
"M.Poutine, nous voulons offrir un chien à une amie, mais son mari n'aime pas tellement les chiens, que faire?"
Et le plus sérieusement du monde Vlad répond "Dites à votre amie de faire semblant qu'elle ne veut plus de chien et quand ça viendra d'un couple d'amis, il ne pourra refuser"
Poutine, conseiller psychologique, Poutine courrier du coeur, Poutine clown.
Cette opération de marketing politique vise à montrer que Vlad est aussi un homme simple, capable de traiter de sujets très terre-à-terre. Un Russe comme les autres au fond. Mais aussi un Russe nettement différent. C'est le chef. C'est celui "qu'on aime" à 80% en Russie. Qui a l'approbation "de tous". Il ne s'enseignait pas de cours d'empathie au KGB quand Vlad s'y trouvait mais il a tout de même réussi à s'en fabriquer une tête, qu'au moins le peuple Russe, croit, parfois, apathique.
Même si le lien est direct entre la chute économique et le conflit en Ukraine, Vladimir, sans rire toujours, et sans son nez de clown rouge a répété, "Qu'il n'y avait pas de troupes Russes en Ukraine". Les rires en cannes ont été bannies des ondes télés mais pas mal tout le monde les as entendus quand même. Et comme il n'y a jamais de sous-questions ou de relance de question, la tribune a la chance de faire passer un sujet assez rapidement. Rappelons que les Russes ne reconnaissent en rien l'Ukraine. Ukrainien=Russe. Point à la ligne. Et outre une minorité de courageux démocrates et quelques Pussy Riots, publiquement, presque tout le monde est d'accord avec cette équation des choses en Russie. L'Ukraine n'existe pas, elle n'est qu'un repaire de fascistes pro-occidentaux.
La méthode "coup de fouet" est aussi resortie.
Vlad a dit, toujours sans rire, que les sanctions font du bien. On parle des sanctions étrangères sur la Russie en réaction à ce qui se passe en Ukraine. On coupe les sous, on coupe les importations, on fait plonger l'économie et Vlad trouve du bon.
Ça nous force à nous débrouiller.
Très vrai quand on y pense, mais est-ce que ça marche vraiment en ce moment?
Pas de sous questions j'ai dit.
La Russie exporte mais importe 100 fois plus. Et présentement presque plus car punie par l'international. Depuis la crise en Ukraine, l'Europe et l'Amérique n'envoient presque plus rien en Russie.
"Tragique et honteux, je ne sais pas si on trouvera un jour les commanditaires, si commanditaires il y a" a-dit Vladimir, retenant un fou rire, au sujet de l'assassinat de Boris Nemtsov à quelques pieds du Kremlin.
Ah ces vandales du vendredi soir en Russie!
Dans les années précédentes cette loufoque tribune a offert de petits bijoux comme ceux-ci:
-Une femme lui demande (sans rire) si un jour la Russie annexera l'Alaska. Vlad lui répond qu'il fait déjà assez froid en Russie, pas besoin de plus au Nord encore. N'y pensez pas. (roulement de batterie, cymbale)
-Ed Snowden, refugié notoire sur le territoire, lui demande si la Russie conserve et analyse des communications espionnes comme le faisaient les États-Unis. Vlad lui répond "Tu es toi-même un ancien espion, je l'étais aussi, nous parlons donc le même langage. Sur la scène locale comme internationale, nous ne permettrions jamais une telle chose" (Tartes à la crême)
-Quand quelqu'un lui demande vaguement "Quand tout ira bien?" il répond vaseusement: "Les gens qui aiment boire de la vodka ne boivent pas toute la bouteille, mais ils y aspirent. C'est comme ça qu'il faut voir les choses. Rien ne sera jamais parfait, mais il faut y aspirer.
Vladimir, bouffon.
Beautiful, grotesque.