les terroristes sont en train de gagner la guerre (avec la complicité des politiques et des médias)

Publié le 22 avril 2015 par Mister Gdec

Aujourd'hui, l'instrumentalisation du fait divers, à grand renfort de sensationnalisme, surtout quand on ne sait rien ou si peu, bat son plein. Oh, je sais, ce n'est pas franchement nouveau... Ce fut déjà l'un des travers assez régulièrement reprochés à Sarkozy, cette gouvernance par l'émotionnel, et le fait de faire appel aux instincts les plus bas de la population pour asseoir son emprise et son adhésion à des thèmes souvent discutables. Pourtant, sous Hollande aussi hélas, ce phénomène insupportable pour toute démocratie continue de faire son apparition dans nos médias, affectant jusqu'aux orientations politiques, au plus clair détriment de la réflexion pourtant éminemment nécessaire. Le contexte nécessiterait bien plus de prudence, de circonspection et de distance, surtout quand la place de ces réactions émotionnelles prennent le pas sur la sagesse de décisions publiques lourdes de conséquence, à la faveur d'événements volontiers atroces. Elles mériteraient surtout, ces décisions forcément prises entre gens responsables, beaucoup plus de débats et de consensus, plutôt que des décisions unilatérales et plaquées, dans la mesure où nous sommes tous personnellement concernés, inquiétés et impliqués. Pourtant, ce n'est pas du tout, mais alors pas du tout la perspective qui se dessine. A la faveur d'un fait divers aussi hasardeux qu'atroce, dont d'éventuelles suites tout aussi insupportables ont été heureusement évitées, le gouvernement s'empare de cette affaire en la sur-médiatisant, comme si cela était vraiment nécessaire... C'est le FN qui doit se pourlécher les babines et se frotter les mains, devant un tel spectacle qui valide si superbement ses thèses puantes d'une société française gangrénée de l'intérieur. Cette erreur de communication et de médiatisation du gouvernement est une faute grave, à mon sens. Le fait que le froid Cazeneuve ne peut qu'emporter un grand bénéfice de cette histoire à un moment ou sa loi est si fortement remise en cause suffit-il à justifier cette appropriation politique du fait divers, auquel on donne bien plus d'importance qu'il n'en mérite moralement ? Je veux parler de la loi sur le renseignement qui va probablement porter le nom du ministre de l'intérieur, qui divise autant à droite qu'à gauche, compte tenu de son contenu particulièrement liberticide et qui se place tellement hors la loi qu'elle devient à mon sens (mais je ne suis pas juriste) une loi d'exception. Il conviendra au Conseil Constitutionnel de le déterminer. .... Cazeneuve et ses semblables oublient pourtant la position qui fut jadis celle du PS sur le sujet, comme le Canard du jour nous le rappelle opportunément dans son édition du jour :

Ils pourront toujours dire, ces hypocrites fauxcialistes, que ça, c'était avant... La honte ne les étouffe pas, franchement. Heureusement pour eux : ils seraient tous déjà morts ! Car enfin, assoir dans leurs décisions et dans leurs actions la terreur de ceux qu s 'en réjouissent, voilà qui est proprement irresponsable. C'est leur laisser une prise sur nous qu'ils ne peuvent et ne doivent pas avoir. Surtout sur la base d'éléments connus si ténus dans ce fait divers... Sans vouloir sombrer dans la thèse complotiste que je combats fermement, voilà qui sent franchement la supercherie politique.