Tiré de l’étagère | Le Double Jeu de Juan Martinez

Publié le 23 avril 2015 par Generationnelles @generationnelle

Ranger le dernier best-seller à la mode amène souvent à redécouvrir des chefs d’oeuvre cachés bien au chaud dans sa bibliothèque.La guerre sur tous les tons avec une folle force de caractère et surtout une humanité belle à lire dans le livre de Juan Martinez.



De quoi ça parle? Le métier de journaliste réserve parfois quelques surprises. Manuel Chaves Nogales l’a appris bien malgré lui. Le journaliste espagnol rencontre lors d’un reportage sur les Russes réfugiés à Paris un compatriote artiste, qui a bien plus à  raconter qu’une simple anecdote. De la vie de ce danseur de flamenco, le reporter en a fait un livre. Le héros a  toujours du se serrer la ceinture  pour vivre dans les pays en guerre qu’il a croisés…

Qu’est- ce qu’on en pense? Alors un ouvrage sur la guerre et via la vie d’un danseur de flamenco  inconnu n’est pas forcément séduisant. Que faire après  ce constat? Fuir ou céder à la curiosité? Et bien, à la lecture du double jeu de Juan Martinez, il paraîtrait que ce n’est pas un vilain défaut! Le vieillard des premières pages ,amoureux de Montmartre pousse à  sourire mais qui croirait qu’il cache un homme -fort – pendant la guerre ? Dans les ruelles d’Istanbul, le jeune artiste savait s’adapter à la vie turque avec son associée, double de danse, compagne, partenaire de choix, Sole. Mais les temps sont durs et la guerre pointe le bout de son nez obligeant les jeunes gens à migrer de  Kiev à  Saint-Petersbourg. Drôle d’idée avant la révolution bolchévique! Jamais dans les idées politiques mais toujours dans la débrouillardise, le jeune homme va vivre avec sa compagne la famine, les conflits, les agressions ou frôler  la pendaison. Dans les bureaux de la Tcheka, tout est en effet rouge sang mais sur les tapis du casino, où il travaille, le rouge n’est là que pour souligner le luxe. Anecdote étonnante pour l’époque. Le danseur a vu beaucoup de choses, même les pires, les corps des condamnés, et même les meilleures, la libération d’une ville. Et c’est à travers ses yeux, et les gens qu’il a connus qu’il livre une série de portraits aussi délectables que terrifiants et surtout une bonne dose d’humanité que l’histoire a rangés aux fonds des cartables mais pas forcément de façon percutante. Pour se souvenir avec délicatesse!