Naufrages en Méditerranée : la tribune de Géraldine Guilpain, Présidente des JRG

Publié le 24 avril 2015 par Radicallibre77

Au moins 1.500 personnes, fuyant la misère et la mort, avaient jusqu’alors disparu en Méditerranée depuis janvier 2015 sans que cela n’émeuve les autorités au-delà de la péninsule italienne. Seul un drame d’une ampleur sans précédent a enfin réveillé l’Europe. Il aura fallu 400 morts la semaine dernière et 900 ce week-end pour voir les responsables communautaires réagir.

Ces drames arrivent chaque jour aux portes de notre continent, mais les chiffres ne paraissaient pas suffisants pour que les institutions européennes daignent agir.

Une politique européenne d’immigration inadaptée

Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), on assiste à une croissance très importante du nombre de disparus entre 2014 et 2015. L’arrêt de l’opération de sauvetage « Mare Nostrum », entièrement financée par l’Italie et son remplacement par « Triton », opération financée par l’UE mais limitée à la surveillance, n’y est bien sûr pas étrangère. Il avait été reproché à l’opération italienne, en sécurisant les passages de l’Afrique vers son territoire, d’inciter à l’émigration vers l’Europe, on voit que son arrêt ne dissuade en rien les candidats à l’exil.

La Commission européenne a dans ses dix priorités la définition d’une politique européenne d’immigration. Cette volonté d’un cadre commun est à saluer. En effet, le manque de solidarité entre les États-membres est consternant : la responsabilité de l’accueil des migrants est laissée aux pays du sud de l’Europe, et seuls six pays sur vingt-huit acceptent d’accorder l’asile politique.

Il est temps qu’une véritable discussion s’engage entre les pays membres pour que la charge de l’accueil soit mieux répartie.

L’Europe forteresse n’est pas une solution

Mais le problème européen est aussi que les gouvernements continuent à croire et faire croire que la construction d’une Europe forteresse est l’unique solution pour protéger notre économie en bloquant l’arrivée de nouveaux migrants. Ainsi, la seule coopération européenne avec l’Italie a été de dépêcher sept navires de surveillance en Méditerranée, avec l’inefficacité que l’on connaît.

C’est cette politique répressive qui est suivie depuis des décennies, et force est de constater qu’elle n’a jamais rien réglé. Les migrants prêts à s’endetter et à mourir ne sont nullement arrêtés par les frontières, aussi surveillées soient-elles. Cette politique de fermeture des frontières a d’ailleurs comme effet pervers le renforcement de la clandestinité et le pouvoir des passeurs.

L’Union européenne doit saisir l’enjeu que représentent les arrivées de migrants pour donner un nouveau souffle à la coopération entre États à travers une intégration communautaire de domaines politiques supplémentaires.

Le manque de volonté commune est un véritable dévoiement de l’esprit et de l’objectif de l’intégration européenne. Défenseurs des droits de l’homme, les européens ne peuvent détourner les yeux des drames quotidiens de l’immigration. Mais la politique européenne en la matière est trop dépendante de la volonté politique des Etats pour être aujourd’hui efficace.

La France ne doit pas être la seule mobilisée

En plus de la répartition des efforts nécessaires pour l’accueil des migrants, le vrai problème concerne les causes de l’immigration actuelle. La situation des pays d’origine des migrants, de la Syrie à l’Afrique subsaharienne en passant par un pays de transition en plein chaos, la Libye doit obliger l’Union européenne à agir.

Nous voyons que, face à ces nombreuses crises et guerres, une politique commune en matière de défense et de diplomatie doit être menée. La France est le seul pays de l’Union à être mobilisé, financièrement et militairement sur le terrain, en Afrique – au Mali notamment et en Centrafrique.

L’effort militaire de la France y est d’intérêt européen : en plus de protéger les ressortissants européens dans la région, ces actions concourent à la stabilisation régionale indispensable pour notre continent. Mais face au développement des groupes terroristes qui massacrent les populations civiles, face à la situation libyenne, il nous faut intervenir à un niveau qui dépasse les seules possibilités de notre pays. La réponse doit être avant tout européenne.

Les structures actuelles de l’Union ne sont malheureusement pas encore à la hauteur de tels enjeux. Ces politiques doivent être mieux intégrées pour obliger les États-membres à participer chacun à leur niveau à la pacification du monde et à poser avec force les lignes d’une politique migratoire qui répondent aux enjeux actuels.

L’Union européenne a aujourd’hui, plus que jamais, la responsabilité d’agir sur les conséquences et les causes des vagues de migration avec détermination et réalisme. C’est à ce prix que nous conserverons la cohésion et la communauté de destin portée par les pères fondateurs d’une Europe unie.

Géraldine Guilpain, Présidente des JRG

Site des Jeunes Radicaux de gauche : jeunesradicauxdegauche.com