Inkscape14 : effet Low Poly

Publié le 30 avril 2015 par Freenambule

Cela fait un bon moment que je regarde avec envie des illustrations « Low Poly » sur internet. Pour ceux qui ne visualisent pas ce que cela peut donner, utilisez donc un moteur de recherche avec ces termes « low poly art » : ça va vous plaire. Et puisqu’il n’y avait pas eu de tuto ici depuis longtemps…


Attention : ce tuto n’est réalisable QUE si vous disposez de la dernière version à ce jour d’Inkscape, à savoir la 0.91 !

Le low poly est une représentation en maillage issue du monde de la 3D. Il y a un p’tit côté old school, pas loin du pixel art qui me séduit beaucoup.

Il faut savoir que j’ai fait plusieurs tests par le passé pour réussir à créer des illustrations de ce type. Mais jusqu’ici, je n’avais pas trouvé le moyen de créer les nombreux triangles autrement qu’en les dessinant tous, les uns après les autres. Fastidieux ? Carrément ! Et pour un résultat très très moyen.
Or, à farfouiller dans les nouveautés de la 0.91, je suis tombé sur l’extension « diagramme de Voronoï ».
Après tâtonnements, j’ai repéré un tuto anglophone qui parlait exactement de la même chose.
A retrouver chez GoingInkscape (http://goinkscape.com/), dont le rédacteur, Aaron, a eu la gentillesse de me laisser utiliser les éléments de son tuto.

Puisque chez lui, vous trouverez comment réaliser un portrait, sur Freenambule, on va réaliser autre chose : un effet sur un texte.

Un joli fond

Tout d’abord, pour que l’effet soit réellement réussi, il faut que l’on dispose d’un fond qui soit un mélange cohérent de couleurs. Nos triangles contigus auront ainsi des nuances proches en terme de nuances, et c’est cette homogénéité qui fait le charme du résultat.
Je suis allé chez RgbStock, et j’ai choisi une image de magma (recherche « lava » sur le site). Pour d’autres essais, j’ai récupéré des mers turquoises, des effets « soie », des explosions… A voir en fonction de vos envies.

Une fois que vous avez téléchargé une image qui vous plaît, ouvrez Inkscape et importez y le fond.

Ouvrez le gestionnaire de calques.
Un seul calque au début, bien sûr, et l’image doit s’y trouver. Verrouillez ce calque en cliquant sur le cadenas afin d’être sûr de ne jamais travailler là (risque de déplacement, par exemple).

Le texte

Créez un second calque (bouton en forme de +, au bas de la fenêtre des calques), nommez le « texte » (oui, pas très original).
Prenez l’outil texte, saisissez un mot. Si la couleur n’a aucune sorte d’importance (bon, il faut quand même que vous puissiez la voir), la police, si. Choisissez en une qui soit particulièrement épaisse, histoire d’avoir de la matière. Ici, j’ai opté pour « Gill sans ultra bold ».
Placez votre texte au-dessus de la zone colorée qui vous attire le plus. Réduisez ou étirez le texte pour avoir la meilleure couverture possible.

Mon texte est volontairement court, car vous allez le voir, l’effet Low Poly réclame tout de même pas mal de temps et d’application. Une fois que vous serez à l’aise, vous pourrez vous montrer plus ambitieux, je vous le démontre en fin de billet.

A présent, verrouillez aussi le calque de texte, on l’oubliera très bientôt.

Des p’tits points

Ici, c’est la première astuce récupérée chez Aaron. Alors que je créais des p’tits rectangles de différentes tailles, sans y réfléchir; un peu partout, Aaron a eu la bonne idée de prendre un cercle et de le dupliquer autant que nécessaire.

Créez un calque « points ».
Dessinez dans un coin un cercle, assez petit mais pas trop pour pouvoir ensuite les saisir facilement. La couleur a son importance : il vous faut choisir une qui se démarque nettement aussi bien du fond que du texte.
Placez ce cercle quelque part sur la première lettre.

Mettez vous à une taille de zoom suffisante pour voir assez de votre texte et, à la fois, ne pas vous retrouver avec un cercle trop petit pour être manipulable.
Saisissez ce cercle avec l’outil flèche et maintenez le clic.
Si vous déplacez votre souris, le cercle reste comme collé au pointeur. Vu ?
Bien : déplacez un peu, et de votre autre main, appuyez une fois sur la barre d’espace. Et encore, et encore… des copies du cercles se créent à l’endroit exact où se trouve le pointeur au moment de l’appui sur la touche.
Nous allons utiliser cette technique pour déposer des points sur tout le pourtour des lettres, et quelques uns à l’intérieur (très important).


Alors, forcément, ce n’est pas une opération des plus simples en fonction de la taille du sujet que vous vous apprêtez à traiter en low poly. Vous allez certainement vous y reprendre à plusieurs fois. Donc, lâcher le cercle, décaler l’affichage, et repartir pour une série…

Attention : il faut impérativement veiller à n’avoir qu’un seul et unique point à un endroit donné ! S’il y en a deux, le plugin les gérera différemment et créera deux systèmes de lignes à partir d’un même endroit. On n’obtient alors des polygones, et non plus des triangles.

Sur l’image ci-dessus, on voit dans la partie encadrée en vert que ça cloche : le point bleu est en fait « doublé ». Du coup, le pourtour n’est plus respecté, et on a au moins l’impression d’un quadrilatère… (en fait, c’est faux : ce sont plusieurs triangles qui se superposent, mais à la fin, le résultat est moins propre).

Le maillage

Une fois que vous avez tous vos points disposés, sélectionnez les tous (avec le raccourci clavier Ctrl+A par exemple, ou dans le menu édition/sélectionner tout).
Allez ensuite dans le menu « extension / générer depuis le chemin » et choisissez « diagramme de Voronoï ».
Modifiez les menus pour que cela ressemble à l’image ci-dessous, car en réalité, ce n’est pas Voronoï qui nous intéresse, mais la triangulation de Delaunay.

Vous pouvez affichez une prévisualisation. Son intérêt ? Vérifiez rapidement si votre maillage est bon : a) s’il y a assez de triangles et si leur positionnement vous convient, b) s’il n’y a pas de formes polygonales qui laisseraient entendre que certains points se trouvent en doublon.
Si tout a l’air ok, appliquez. Sinon, annulez et modifiez le dessin.

Si un message d’erreur apparaît, alors il y a un soucis avec vos points ! Là, c’est compliqué, car il va vous falloir appliquer le plugin zone par zone jusqu’à identifier quel est le (ou les) point qui génère un conflit. C’est ennuyeux car cela demande du temps. Une fois que le perturbateur a été identifié, n’oubliez pas de supprimer tous les maillages que vous avez créés pour votre enquête.

Une joli maillage en contour rouge doit apparaître au dessus de votre texte, en prévi, puis en appliquant !

On devine déjà pas mal de choses à cette étape.

Travailler le maillage

Le maillage est constitué de « n » objets groupés et se trouve dans le calque « points », ce qui va s’avérer peut pratique lorsqu’il faudra les supprimer.
Créez un nouveau calque « maillage ».
Cliquez sur l’un des fils du maillage ce qui sélectionnera le groupe. Faites un clic droit dessus et dans le menu déroulant, choisissez « déplacer vers le calque »
Un menu s’ouvre : choisissez le calque « maillage ».

A ce stade :
1/ par défaut le maillage est en rouge, et ce n’est pas forcément pertinent : sélectionnez le groupe, et donnez une couleur de contour qui permette de mieux voir les triangles. Pour moi, du blanc.
2/ un groupe de « n » objets (265 ici), c’est peu pratique : dégroupez ! (Maj+Ctrl+G ou menu objets/dégrouper).

3/ suivant la taille des « points » que l’on a créés et la précision avec laquelle on les place sur le contour des lettres, les triangles de périphérie ne sont pas impeccablement alignés. Si cela vous embête, il faudra ensuite créer des masques OU déplacer les nœuds périphériques pour aligner tout ça. Personnellement, je considère que cela, au contraire, participe au bon fonctionnement de l’effet. A vous de voir…
4/ des triangles sont créés en trop : en effet, le plugin calcul les tracés sans se douter que nous avions une forme prédéfinie. Sélectionnez avec patience ceux qui n’apportent rien au dessin, et supprimez les, tout simplement.

On peut à présent verrouiller et masquer les calques « texte » et « points ».

Sélectionnez le premier triangle, puis prenez l’outil « pipette » de capture des couleurs.
Positionnez vous à peu près au milieu du triangle et cliquez : le triangle se remplit de la couleur qui se trouvait exactement sous le pointeur.

Il y a deux possibilités pour poursuivre :
– soit vous sélectionnez un à un avec l’outil flèche les triangles sur lesquels vous souhaitez travailler. C’est plus long mais plus maîtrisé. La touche « espace » permet d’alterner entre les deux derniers outils sélectionnés : vous pourrez donc basculer de la flèche à la pipette. Mais, ce mécanisme s’interrompt si vous faites autre chose (un zoom, une sélection différente, l’usage des calques pour contrôler l’avancement du travail, etc.)
– soit vos utilisez la touche de tabulation pour passez d’un objet au suivant (donc d’un triangle à un autre). C’est plus rapide, mais sur des compositions beaucoup plus complexe, vous risquez d’être baladé un peu partout dans la compo plutôt que de travailler là où vous le vouliez.
J’avoue avoir alterner entre les deux méthodes, tout cela se vaut.
A chaque fois, pensez bien à appliquer une couleur moyenne, représentative de la zone où s’est tracé le triangle.
Si la couleur qui « monte » ne vous plait pas : ctrl+Z (ou annuler), et recommencez en cliquant ailleurs.

Deux remarques :
1/ vous aurez parfois l’impression d’appliquer exactement la même couleur à des zones contiguës : non seulement cela est normale MAIS cela peut être aussi trompeur. Vous verrez à la toute fin que finalement, les teintes sont proches mais nuancées.
2/ un coup d’oeil dans la barre d’état, tout en bas de votre espace de travail Inkscape vous indiquera si oui ou non vous avez bien saisi une couleur. Parfois, j’ai constaté que le clic montait une couleur mais avec un coefficient de transparence complet (coeff alpha dans la palette de couleur), chose que je n’explique pas. Donc, on gagne du temps en vérifiant qu’on fait bien le job.

Poursuivez ainsi jusqu’à avoir compléter l’ensemble des triangles.

N’oubliez pas de sauvegarder souvent ! C’est un travail long et assez complexe ! Ne prenez aucun risque…

Vérification

Une petite vérification s’impose, et elle est très simple.
Une fois que vous pensez avoir fini de donner une couleur à l’ensemble de vos triangles, cliquez sur l’oeil face au calque où se trouve votre fond.
D’une, vous avez enfin un vrai aperçu du rendu final, et de deux, si certains triangle ont été oubliés, vous allez vite les voir car ils seront « blanc » (en réalité transparent, c’est le fond de page que l’on aperçoit).
Si vous avez travaillez avec des couleurs très claires, mieux vaudra tracer un rectangle d’une couleur criarde (vert, fuchsia, etc.) que vous glisserez en fond pour vous assurez qu’il ne reste pas de triangles oubliés.

Faire du beau.

Laissez le calque de fond invisible, nous n’en avons plus besoin.
Sélectionnez tout, puis ouvrez la fenêtre de gestion des couleurs à l’onglet « contour » : cliquez sur la croix pour qu’il n’y ait plus de contour.

Pas mal, mais une bizarrerie apparaît : des tracés « blancs » (une fois encore, en réalité, c’est transparent) là où se trouvaient les contours.
Second astuce tirée du tuto de Aaron : sélectionnez tout, groupez (Ctrl+G ou objets/grouper) et dupliquez (Ctrl+D ou édition/dupliquer). Magique, les formes se « recollent ». Sélectionnez à nouveau le tout, et groupez.

Cette fois, c’est terminé. Déposez votre création, éventuellement, sur un fond uni ou dégradé, pour un meilleur rendu.

Plus loin ?

La technique vaut ensuite pour tout et n’importe quoi.
Je l’ai vérifié, et je vous laisse regarder le résultat ci-dessous. La base était une photo de Natascha/KnightressRouge (Knightress Rouge), cosplayer allemande.
1844 triangles composent ce résultat. Là, il faut être patient, et méthodique !

Conclusion

L’effet Low Poly est absolument saisissant, et l’utilisation du plugin de Inkscape le met à la portée de tous. Il y a de fortes chances que je continue encore un peu à jouer avec.
Si vous parvenez à créer des illustrations, n’hésitez pas à poster les liens dans les commentaires.
Bonne création !

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