Magasin sexuel, T1 – Turf

Par Belzaran


Titre : Magasin sexuel, T1
Scénariste : Turf
Dessinateur : Turf
Parution : Mars 2011


Lorsque l’on nomme son livre « Magasin sexuel » (francisation du fameux sex shop), on génère forcément des attentes chez le lecteur. Celui-ci s’attend à un contenu coquin, voire sulfureux… Turf cherche ici le décalage. Dans une petite bourgade de campagne, un sex shop ambulant s’installe à la foire une fois par semaine. De quoi bousculer la vie de ses habitants ? Le tout est construit en diptyque chez Delcourt au format classique d’un 48 pages.

L’ouvrage fait dans l’opposition de style. Il y a d’abord le maire, Orloff, sorti tout droit des aventures de Spirou tant il ressemble au maire de Champignac graphiquement. C’en est gênant. Il est donc réac comme pas possible et assez bête. Mais il va s’éprendre de la jolie Amandine qui tient le sex shop. Mais elle n’est pas pour autant très coquine. Seuls ses vêtements courts suggèrent une libération sexuelle, mais cela ne va pas plus loin. Ses motivations pour le métier sont floues (elle préfère vendre des godemichés plutôt que des bottes en caoutchouc… Soit !).

Pas de réel enjeu malgré le thème.

Ce premier tome pose des jalons mais n’avance pas beaucoup. Le passé de la jeune fille se dévoile mais sans vraiment nous toucher. Il n’y a pas de réel enjeu et la description de la campagne, qui se veut humoristique, manque cruellement de sel. Si bien que l’humour tombe à plat systématiquement. Que dire de ce bistrot vide où va boire le maire ? On y imagine déjà des scènes vivantes avec des habitués, mais rien ici. Le thème est effleuré et le pitch de départ reste inexploité. Dommage, car il y aurait de la matière à aller plus loin.

Au niveau du dessin, Turf possède un style particulier qui m’a peu séduit au final. C’est très (trop ?) coloré, plein de rose et de couleurs saturées. On voit par contre qu’il a plaisir de dessiner Amandine, dont il brosse les jambes avec délice. Malgré tout, Turf propose un ensemble cohérent avec son sujet, qu’il traite avec légèreté.

J’ai été très déçu par ce « Magasin sexuel ». Trop léger et dilué, il finit comme une description caricatural de la campagne. Mais il aurait fallu en mettre une couche de plus pour en faire un ouvrage plus percutant. L’humour ne touche pas, les émotions sont rares… Le tout se lit sans forcément s’ennuyer mais on se demande un peu l’intérêt de tout cela en fin de tome. Peut-être que le deuxième opus apportera des réponses à cette interrogation ?

Note : 8/20