L'histoire: Un boulanger et sa femme découvrent qu'ils sont victimes d'une malédiction jetée par leur voisine, une sorcière. Pour lever le sort, ils doivent aller dans les bois et réunir quatre objets : une vache blanche comme le lait, une chevelure blonde comme le maïs, un chaperon rouge comme le sang et un soulier d'or. Au cours de leurs recherches, ils croisent le chemin de personnages de contes comme Jack, Cendrillon, Raiponce,...
En tant normal, je suis assez friande de comédies musicales au cinéma. Into the Woods est l'adaptation d'un musical de Broadway, si j'ai bien compris, et malheureusement, cela se sent, notamment dans la musique. A part quelques variations plus enjouées de temps à autre, j'ai eu l'impression d'entendre la même musique et la même chanson du début à la fin du film. Et le pire, c'est que cette mélodie et les paroles semblent improvisées, comme si les personnages avaient décidé de commenter tous leurs faits et gestes en musique. Je sais que c'est le principe de la comédie musicale, mais j'ai fait une overdose de chanson pathétique disant "Into the woods, blablabla, into the woods, blablabla..." C'est dommage parce que l'histoire fourmille de bonnes idées et serait un bon divertissement si on n'avait pas envie d'abréger toutes les chansons.
Le premier bon élément, c'est le mélange et l'imbrication de plusieurs contes pour n'en former qu'un seul. Jack et le Petit Chaperon Rouge se disputent, la femme du boulanger veut voler la chaussure de Cendrillon... Il n'y a que Raiponce qui est un peu en marge de tout cela et n'apporte rien à l'intrigue. L'histoire est assez bien construite et même si elle est davantage centrée sur le couple de boulangers, elle laisse les autres personnages s'exprimer. Le deuxième bon point, c'est le recul qui est pris par rapport à certains personnages, notamment les deux princes charmants. Au lieu d'être les héros sans peur et sans reproches d'un véritable conte, ils sont un brin ridicules en adoptant des attitudes et des postures grotesques. C'est particulièrement évident pendant leur duo, lorsque l'aîné se roule par terre et arrache les boutons de sa chemise pour montrer son torse musclé, aussitôt imité par le cadet qui ne veut pas faire tapisserie. Le narcissisme du premier prince est tel que Cendrillon ne tombe pas en pâmoison devant lui. Elle n'est donc pas cantonnée à un rôle d'héroïne nunuche typique du monde Disney. Le dernier élément que j'ai apprécié, ce sont les décors. L'action se déroule exclusivement dans les bois et même s'ils paraissent très artificiels, ils sont à la fois beaux, effrayants et mystérieux.
L'intention est visiblement de donner un aspect plus sombre et machiavélique aux contes traditionnels... Ou en tout cas de renouer avec les histoires des frères Grimm et de Perrault avant qu'elles soient édulcorées par Disney. Par exemple, la marâtre de Cendrillon mutile véritablement les pieds de ses filles pour leur permettre d'enfiler la chaussure et ensuite, des pigeons leur crèvent bien les yeux. Le problème, c'est que ça reste une production Disney, donc il reste une énorme dose de magie, de monde enchanté et joli, de niaiserie faite pour émerveiller les enfants. Et à chaque fois qu'un personnage meurt ou est blessé, l'atmosphère est trop légère pour rendre l'instant dramatique alors en tant que spectateur, on pense que ce n'est pas grave. Le passage du loup m'a laissée tout à fait perplexe. Pour ceux qui l'ignorent, dans le Petit Chaperon Rouge, le loup représente un séducteur ou pire, un prédateur sexuel. Et c'est particulièrement évident dans le film donc un peu perturbant.
Un petit mot sur le casting? J'adore Meryl Streep en sorcière! Que ce soit le look, le personnage, le style de l'actrice, je n'ai rien à redire! Elle a une certaine classe, même quand elle est grimée et vieillie. Les comédiens chantent tous très bien et c'est sympa d'en voir certains jouer avec leur image. Je pense notamment à Chris Pine et Billy Magnussen qui m'ont beaucoup fait rire.
Malgré l'originalité de certains éléments, c'est extrêmement long et on finit par s'ennuyer de tous les rebondissements, agrémentés de chansons chiantissimes, qui rendent le film interminable. Donc il y a de l'idée chez Disney mais il ne suffit pas de faire du recyclage pour avoir un bon film. Je ne sais pas à quel point la comédie musicale a été adaptée mais j'ai l'impression qu'il n'y a pas eu de réel effort d'écriture pour le scenario. Certaines chansons sont inutiles et on se croirait presque dans un sketch de Gad Elmaleh.