La galère sans le capitaine?

Publié le 02 juin 2008 par Journalsudouest

France - Paraguay. Si ce deuxième match de préparation n’a pas été totalement abouti, c’est surtout l’absence sur blessure du capitaine tricolore qui laisse circonspect. Sera-t-il remis pour le début de l’Euro ? Pas sûr

L’ombre d’un doute, un sérieux même, plane désormais sur Patrick Vieira. Samedi à Toulouse, il avait bien pris place sur le banc des remplaçants mais en survêtement et en tennis. Raison de son absence : une nouvelle blessure. On l’a surpris pourtant en train de plaisanter avec Lassana Diarra avant le coup d’envoi. Mais est-il aussi amusé par son état de santé aujourd’hui ? Pas sûr.

Hier, à Clairefontaine, au lendemain du 0-0 concédé par les Bleus face au Paraguay, il ne s’est toujours pas entraîné. Balnéothérapie et vélo étaient à son programme. Le grand « Pat » souffre d’une lésion musculaire à la cuisse gauche contractée vendredi lors de la petite opposition organisée à la veille du deuxième match de préparation.

Une cuisse fragile, si l’on en croit les pépins à répétition dont elle a été victime cette saison. Le 12 septembre dernier, jour d’Écosse-France (1-0), il avait ressenti une douleur au biceps fémoral de la jambe gauche. Diagnostic, un mois d’arrêt. Le 23 octobre, il est touché au mollet gauche lors d’une rencontre de Ligue des Champions face au CSKA Moscou. Résultat, trois mois d’indisponibilité. Et le 20 mars, il est encore arrêté quinze jours pour une élongation à la cuisse gauche. A-t-il repris trop tôt alors que la cicatrisation n’était pas arrivée à son terme ? Où doit-on évoquer l’éventualité d’une rechute ? Le staff tricolore refuse d’aborder la question en brandissant l’obligation du secret médical.

Mystère. Rien n’est mis en œuvre pour atténuer l’inquiétude générale. Bien au contraire. Le joueur lui-même s’est évertué à ne pas commenter sa blessure lors de son passage en zone mixte, samedi soir. Il s’est contenté d’un « ça va, ça va », comme si rien n’allait en vérité. Raymond Domenech, pour sa part, a maintenu le mystère lors de sa conférence de presse : « Pourquoi serais-je inquiet ? Il est indisponible jusqu’à demain (Ndlr : dimanche). Chacun des 23 fera un bilan avec les deux médecins. On verra. On gère chaque cas différemment jusqu’au 9 juin ». S’il souffre bien d’une élongation, la durée de l’indisponibilité est évaluée en principe à douze ou quinze jours. Il manquerait donc France-Roumanie du 9 juin et probablement France-Pays-Bas, programmés quatre jours plus tard.

Le règlement de l’UEFA prévoit qu’en cas de blessure, une sélection peut appeler un nouveau joueur jusqu’au jour de son entrée dans la compétition. Pour la France, ce sera le lundi 9 juin.

Alou Diarra rappelé ? En clair, le sélectionneur dispose désormais de sept jours pour se décider. Soit il déclare Vieira apte au service en espérant son retour pour le 3e match, et plus si affinités. Soit il annonce son forfait et convoque son remplaçant. Dans cette éventualité, il pourrait s’agir du Bordelais Alou Diarra ou du futur milanais, Mathieu Flamini, deux des sept bannis de Tignes. Pour le moment, Raymond Domenech ne tire aucun plan sur la comète. Il s’est donné quelques jours de réflexion avant de rendre, en accord avec le staff médical, un avis définitif.

À cette heure, sa participation à l’Euro n’est toujours pas remise en cause. Néanmoins, l’inquiétude grandira au fil des jours car le capitaine est un rouage essentiel du jeu tricolore. On a pu s’en apercevoir face au Paraguay où sa force de pénétration et sa capacité à dynamiser le jeu vers l’avant ont tant manqué à ses coéquipiers. Toulalan ne possède pas ces qualités. Seul Lassana Diarra, vif et explosif, en a a priori les capacités. Toutefois, il n’est pas évident d’associer deux joueurs (lui et Makélélé) de petite taille dans une compétition où l’aspect athlétique sur certaines phases de jeu est déterminant.

S’il souffre d’une élongation, la durée d’indisponibilité est évaluée à 12 ou 15 jours

Aucun doute, son absence serait préjudiciable. Car outre son talent dans le jeu de transition, c’est un garant de l’extrême solidité de l’équipe de France. Son jeu aérien, ses interventions défensives judicieuses, son placement hors pair en font l’un des meilleurs spécialistes à son poste. Il suffit d’exhumer ses performances au Mondial 2006 pour savoir que les Bleus ont besoin de leur capitaine. Sa sortie sur blessure lors de la finale face à l’Italie est l’une des raisons de l’échec. Alors même si sa saison à l’Inter Milan a été minée par les blessures, il n’a disputé que 22 matches toutes compétitions confondues, si son physique est davantage forgé dans le cristal, désormais, on imagine mal le patron des Bleus l’abandonner à l’infirmerie.

À n’en pas douter, tant que le voile ne sera levé sur la nature exacte de sa blessure, le débat ne fait que commencer.


Article d’Alain Goujon, Sud Ouest