[Critique] PYRAMIDE

Par Onrembobine @OnRembobinefr

Titre original : The Pyramid

Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Grégory Levasseur
Distribution : Ashley Hinshaw, Denis O’Hare, James Buckley, Christa Nicola, Amir Kamyab, Danie Amerman, Faycal Attougui…
Genre : Horreur/Épouvante
Date de sortie : 6 mai 2015

Le Pitch :
En Égypte, des archéologues découvrent une pyramide enterrée, unique en son genre. Bien décidés à en percer les secrets, ils décident d’y pénétrer. Rapidement piégés au cœur d’un labyrinthe, les aventuriers s’aperçoivent que leur principal problème n’est pas d’être perdus. Une créature s’est en effet lancée à leur poursuite…

La Critique :
Collaborateur et ami de longue date d’Alexandre Aja, pour lequel il a écrit et/ou produit la majorité de ses films, Grégory Levasseur a décidé de se lancer dans la mise en scène. Ici, les rôles sont donc inversés et Aja se retrouve crédité en tant que producteur, tandis que son pote de toujours tente d’orchestrer une histoire de pyramide cachée, renfermant un monstre d’un autre temps, lancé aux trousses d’une troupe d’archéologues un peu trop intrusifs.

Pour ses débuts dans la réalisation, Levasseur a étrangement décidé d’opter pour le found footage. Pas totalement, mais un petit peu quand même puisqu’une bonne partie des images de Pyramide proviennent des diverses caméras dont sont affublés les personnages, sans parler de ce petit robot lui aussi capable d’enregistrer tout ce qu’il voit. La démarche a clairement pour but d’optimiser l’immersion et mine de rien, le film parvient la plupart du temps à justifier ce choix et à utiliser les codes de la réalisation « caméra à l’épaule » afin de nous emmener au plus près des aventuriers.
La mise en scène du cinéaste n’a rien de révolutionnaire mais elle s’avère à peu près cohérente et ne tombe pas dans les tics trop souvent inhérents au found footage, où tout bouge dans tous les sens, provoquant généralement davantage la nausée que l’effroi escompté.
Pour autant, si Levasseur arrive à maîtriser ses effets, il ne cherche même pas à tenter quoi que ce soit d’un tant soit peu audacieux et enfile les clichés comme des perles.
Ses personnages d’une part, répondent à tous les bons vieux lieux communs du cinéma de genre. On trouve la jolie fille intrépide (Ashley Hinshaw, vue dans True Blood), le paternel aventureux (Denis O’Hare, vu aussi dans True Blood), le mec qui veut rentrer chez lui dès le début, la nana qui n’a pas froid aux yeux, etc… Dès les premières scènes, l’impression d’avoir déjà vu la même chose ailleurs (et parfois en mieux) s’installe pour ne jamais nous lâcher. La pyramide découverte par les chercheurs à beau être unique au monde, le film qui porte son nom lui, n’a absolument rien d’unique.

Pour trouver son compte, il faut donc se rabattre sur l’exécution. L’immersion dans les entrailles d’un bâtiment oublié du temps, en proie à de terrifiantes forces obscures, tient la route, si tant est de goûter à ce genre d’aventure et de regretter qu’on ne nous propose pas plus souvent des trucs du genre au cinéma. En gros, si vous aimez l’Égypte, les momies, les pharaons et toutes ces choses, Pyramide est fait pour vous. Et tant pis si finalement, le scénario n’exploite pas vraiment son environnement et aurait, en l’état, pu tout aussi bien se dérouler dans une grotte quelconque ou n’importe quel monument en ruine. Le script reste à la surface des choses, ne s’embarrasse pas avec des détails qui auraient pu conférer à l’ensemble une authenticité tout autre, et ne cherche qu’à faire peur et orchestrer l’affrontement d’un monstre et d’une jolie fille.
Le monstre justement, fait vraiment pâle figure. Réalisé à l’aide d’images de synthèse échappées des années 90, il bouge mal, n’impressionne jamais vraiment et de par sa laideur (mais pas dans le bon sens), tire le film vers le bas en lui donnant des airs de série B fauchée. Un détail vraiment regrettable tant la créature en question squatte toute la dernière partie.
Grégory Levasseur n’est pas Alexandre Aja. Il n’a ni son énergie, ni son sens du cadrage, ni ses compétences quand il s’agit de donner du corps à des ambiances étouffantes. Même épaulé par son ami, Levasseur n’arrive pas à faire décoller son film, même si celui-ci reste suffisamment divertissant pour tenir sur la longueur.

Pyramide est en quelque sorte un hommage à l’âge d’or du cinéma d’horreur des années 70/80. Poussé par un amour du genre, il reste néanmoins assez anecdotique. Contrairement à Alexandre Aja, Levasseur ne convainc pas vraiment et son film de ressembler davantage à ces œuvres de studio un peu mal dégrossies, signées par la plupart des cinéastes français ayant traversé l’Atlantique pour répondre au chant des sirènes hollywoodiennes.

@ Gilles Rolland

Crédits photos : 20th Century Fox France