Le Nu Sauvage – Editorial

Par Ludivinemoure

Le Nu Sauvage

Interior Design Paris embrasse cette semaine une nouvelle trame thématique : « le nu sauvage ». Je vois d’ici les sourcils se froncer, « mais qu’est-ce donc que le nu sauvage ? » vous demandez-vous. Le nu sauvage, c’est une esthétique brute, sans transformation visant à accommoder corps et objets à la norme culturelle du lieu et de l’époque. C’est le fait de laisser intact un corps naturel dans un univers pourtant industrialisé, policé, ultra civilisé d’une manière presque choquante, déplacée. Avez-vous remarqué que le « nature », si revendiqué depuis plus d’une décennie, peut créer chez nous des réactions d’aversion effarouchée ? Lorsque Madonna pose avec des poils sous le bras, que Beyoncé dévoile des photos non retouchées, que des mannequins seniors comme s’affichent sur des publicités branchées, des débats insensés agitent le web. Nous ne sommes pas aussi friands du naturel que nous le croyons.

Pourtant, nous faisons tant d’efforts pour nous reconnecter ! Le retour de la barbe chez les hipsters, le succès des dreadlocks et des cheveux frisés naturels, la tendance no-poo, l’industrie des produits et cosmétiques bio, l’acceptation des courbes féminines et la nouvelle vénération des fesses sont autant d’affirmation de notre désir de nous soustraire aux diktats esthétiques qui voudraient faire de nous des êtres de plastique inaltérables. Nous avons pris conscience que les produits chimiques et les aliments industrialisés nous rendent malades et que nos standards de beauté irréalistes et oppressants faisaient des ravages sur nos corps et nos esprits. Mais sommes-nous capables d’apprécier la beauté d’un corps non civilisé, d’un corps sauvage ? Dans la Genèse, Adam et Eve découvrent leur nudité et en deviennent honteux une fois le fruit défendu de l’arbre de la connaissance croqué. Les religions nous intiment d’ailleurs de garder couvert ce corps coupable. Le corps sauvage ne nous rebute pas seulement parce qu’il transgresse les normes esthétiques que nous nous imposons mais aussi parce qu’il nous fait honte. Il symbolise la perte de notre innocence, notre désolidarisation du monde naturel, notre entrée dans la culture. C’est sans doute pour cela que le corps nu des bébés et enfants innocents ne nous dérangent pas, ils ne sont pas encore civilisés, viciés. Ceci étant dit, le nu sauvage n’est plus à l’ordre du jour.

Évidemment, nous ne pouvons pas redevenir de simples objets de la nature. Certes, certains ont essayé, mais nous ne sommes pas tous armés pour un trip « Into the wild ». Il ne s’agit pas non plus d’adhérer au naturisme (rien ne nous en empêche bien sûr). Le nu sauvage est plutôt un hommage à nos modestes origines, un rappel de ce que nous avons été et que nous sommes encore et que nous n’avons aucune raison de regarder avec dégout. Le corps nu, le corps imparfait, le corps vieillissant, le corps non soumis aux aléas de la mode, est subversif mais beau et nous pouvons éduquer notre oeil à voir cette beauté. De même que nous la voyons dans le bois brut, la pierre (précieuse ou non), le métal oxydé, etc. Le nu sauvage prend place sur IDP et c’est une nouvelle manière de regarder et de voir que nous vous proposons. Prêts ?!

Wild Nude

Interior Design Paris embraces a new esthetic guideline: “wild nude”. I can see your knitted eyebrows, “but what is that “wild nude” concept?” you wonder. Wild Nude is a raw and natural kind of aesthetic that has not suffered any transformation intended to adapt bodies and object to cultural norms from any place or time. Wild nude is letting a natural object in its original form in an industrialized, polished and super civilized environment in a manner that may come as a provocative or almost inappropriate. Have you noticed how “raw nature”, that we have praised so much for a more than a decade, can arouse disgusted reactions and dismay? When Madonna poses with hair under her arms, when Beyonce releases non photoshopped pictures, or when senior model expose themselves on trendy ad campaigns, insane debates agitate the web. We are not as fond of nature as we think.

We try so hard to reconnect with our natural selves though! The comeback of the beard thanks to the hipsters, the success of dreadlocks and natural curly hair, the no poo trend, the bio cosmetics industry, the growing acceptation of women curves and the booty veneration are assessments of our desire to escape aesthetics diktats that would have us turned into unalterable plastic beings. We have come to realize that chemicals and industrialized food are unhealthy, we are acknowledging that unrealistic and oppressive beauty canons are devastating for our bodies and souls as well. But are we capable of appreciating an uncivilized body, a wild body? In the Genese, Adam and Eve discover their nudity and become ashamed of it after they eat the forbidden fruit of the knowledge tree. Religions order us to cover that guilty body. The wild body doesn’t make us uncomfortable because it transgresses the beauty norms that we force on but if it introduces a complete clause, e.g.: I'd like to go, but I can't afford it.">but if it introduces a complete clause, e.g.: I'd like to go, but I can't afford it.">but if it introduces a complete clause, e.g.: I'd like to go, but I can't afford it.">ourselves but because we are ashamed of it. It is the symbol of our lost innocence, our rejection of wild life and our entrance in a cultural state. That is probably why the nudity of innocent babies and toddlers does not bother us, they are not civilized, tainted yet. In this regard, wild nude is not an option.