Un bon roman de cape et d’épée dans la plus grande tradition du genre! Il commence par nous plonger dans le Madrid de l’époque. Si je n’ai pas vraiment pu apprécier l’arrière-plan historique, celui des campagnes militaires espagnoles, j’ai découvert avec plaisir le quotidien d’un vétéran avec son propre sens de l’honneur et du devoir, qui ne rechigne pas devant une bonne bagarre, et qui prend plaisir à écouter ses amis artistes dans une auberge qui lui tient lieu de quartier général. Ce petit côté héros des quartiers populaires, noble aux dorures un peu passées, m’a beaucoup plu: on a dit de lui qu’il tenait du Cyrano ou du D’Artagnan, j’y ai aussi vu un petit côté Cervantès dans cette volonté d’idéal un peu rabaissé. On y croisera aussi d’importantes figures de l’art espagnol, tels que Lope de Vega ou le futur Velasquez.
Et avec ceci, l’action qui s’impose. Les personnages croisent le fer dans les ruelles à la nuit tombée, jouent des coudes dans la foule d’un théâtre pour provoquer un duel sous un faux prétexte, et même les plus nobles d’entre eux n’hésitent pas à tomber la veste et tirer leur épée du fourreau. Quelques retournements de situation complètement improbable s’ils n’étaient pas soigneusement préparés donnent un ton profondément romanesque à ces aventures. Le tout avec un style nonchalant qui leur donne une classe certaine, mené par le narrateur bien partial qu’est Iñigo, le page et fils de cœur d’Alatriste.
La seule chose que j’ai un peu regrettée, c’est qu’entre les longues digressions explicatives, et les mises en places de fils narratifs qui seront exploités dans les tomes suivants, ce premier tome a finalement une intrigue assez maigre et on en voudrait bien un peu plus. Une mise en bouche là où on sent qu’il y a matière à feu d’artifice.
La note de Mélu:
Belle découverte!
Un mot sur l’auteur: Arturo Pérez-Reverte (né en 1951) est un écrivain espagnol, ancien journaliste et correspondant de guerre.