La Passerelle

Par Gourmets&co

… il faut se bouger pour découvrir la cuisine de ce chef hors codes …

Un des charmes d’Issy-les-Moulineaux demeure la Seine qui la traverse. Décor bucolique des bords du fleuve, promenades à pied ou à vélo, petites foulées du matin, tous les codes et plaisirs des urbains sont ici satisfaits.
Le restaurant La Passerelle, du nom de cet amas de ferraille qui rejoint l’île Saint-Germain, est au centre de ses activités naturelles. Il y ajoute les plaisirs d’une cuisine qui se veut créative et terriblement actuelle, jouant ainsi sur un décalage non dépourvu d’intérêt par rapport à l’ambiance bon enfant qui règne alentour.

Le chef, Mickaël Meziane, dont le père travaillait déjà dans un restaurant de la ville, a placé la barre de sa cuisine pour le moins dans les hauteurs d’une gastronomie finalement très personnelle et qui ne ressemble au premier abord à aucune autre. Dix ans d’un parcours auprès de Robuchon et de Senderens, époque Jérôme Banctel, l’ont formé à ne pas se satisfaire du banal et surtout d’affirmer son style et son savoir-faire. Il a les deux. Passionné et passionnant, clair, précis, méticuleux parfois jusqu’à l’excès ou la préciosité dans la présentation et la construction des assiettes, il pose les bases d’une cuisine vivante, ouverte urbi et orbi, soignée, et parfois sur le fil du rasoir. Il n’a pas encore 30 ans, il peut et doit prendre des risques.

Carpaccio de maigre sauvage, caviar Osciètre Royal, yuzu. Un très beau plat parfaitement mis « en forme » et le goût à la hauteur de la vue. Subtilité, élégance, et équilibre. Une réussite qui montre d’entrée le travail et la volonté du chef de marier ainsi les couleurs et les textures.

Cœur d’artichaut, caviar d’aubergines fumées, légumes croquants, jambon de bœuf… et des herbes, des fleurs, un véritable jardin qui arrive sur la table ! C’est frais, goûteux, printanier, hors saison pour les tomates et l’aubergine, copieux, et encore une fois un équilibre subtil malgré le nombre d’ingrédients. On frôle le trop plein mais on n’y tombe pas…

Lieu jaune de ligne rôti, crémeux de courgettes, croquant de chou, condiments pomme, noisettes, truffes d’été. Énoncé impressionnant, ou plutôt destiné à impressionner, pour un plat encore très construit mais artificiel dans les saveurs qui s’entrechoquent, plus compliqué que complexe, où le trop plein nuit, et finalement un plat plus sur la fadeur à cause d’un poisson un peu sous cuit donc sans relief. Qui trop embrasse mal étreint.

Cigare d’épaule d’agneau croustillant, têtes d’asperges blanches, jus de veau au soja. Le plat emblématique du chef, celui qui le suit depuis l’ouverture il y a quelques mois et qui, au fil des variations, fait une sorte d’unanimité. Confit six heures, l’agneau avec sa présentation en rouleau, est fondant et croustillant avec un ensemble qui joue sur une sorte de tajine revu et corrigé. Peut-être un peu sec sur la longueur mais plaisant cependant.

Le « Mojito » est amusant, d’une belle fraîcheur, et de saveurs marquées. Une génoise au citron vert, une gelée de menthe fraîche, une mousse au rhum et on déguste un vrai mojito comme là-bas. En prime, et à ne pas manquer, une subtile variation sur le classique café/chocolat, ici tout en finesse et ingéniosité.

Le sommelier, comme l’ensemble de l’équipe, est très présent et trouve les vins qu’il faut pour suivre les méandres créatifs du chef. Il pioche dans une cave fournie et qui va encore s’étoffer, explique, détaille, et rythme ainsi un repas qui sans lui ne serait pas le même.
Accueil prévenant, vaste salle un peu nue et un peu froide mais la vue sur la verdure et un bras de la Seine aux pieds fait tout oublier. Terrasse idyllique aux beaux jours. Et puis, Issy-les-Moulineaux est aux portes de Paris… et il faut se bouger pour découvrir la cuisine de ce chef hors codes.

La Passerelle
172, quai de Stalingrad
92130 Issy-les-Moulineaux
Tél : 01 46 48 80 81
contact@lapasserelle-issy.com
www.lapasserelle-issy.com
RER : Val de Seine (5 mn à pied)
Fermé dimanche et lundi
Menus déjeuner : 34 € (2 plats) – 40 € (3 plats)
Carte : 65 € environ