Critique Ciné : Les Jardins du Roi, fleurs et papillons

Publié le 16 mai 2015 par Delromainzika @cabreakingnews

Les Jardins du Roi // De Alan Rickman. Avec Kate Winslet, Matthias Schoenaerts et Alan Rickman.


Alan Rickman, que je connais pour sa filmographie en tant qu’acteur, a aussi une autre corde à son arc, celle de réalisateur. Afin de pouvoir réaliser son Les Jardins du Roi de façon judicieuse, il s’est donné un petit rôle, celui du Roi qui n’est pas le personnage le plus important et le plus présent. Au là de ça, ce film veut avant tout raconter l’histoire des jardins de Versailles et de leurs créations. Si le point de vue est intéressant, l’exécution est parfois légèrement ratée (ou en tout cas pas nécessairement à la hauteur des attentes). Je m’attendais probablement à ce que ce film traite de ce sujet avec beaucoup plus d’assurance mais le film est étrangement sauvé par la romance qu’il y a derrière et qui fonctionne très bien. Le charme et l’élégance de Kate Winslet y sont pour beaucoup dans la réussite de ce film, de même que Matthias Schoenaerts que j’avais plus pour habitude de voir dans des rôles de bruts et qui ici trouve le moyen de nous surprendre dans cette romance en costume qui lui colle à la peau. Le charme de Les Jardins du Roi se doit donc en partie à tout cela grâce à une reconstitution historique plutôt judicieuse (et surtout très belle) et quelques scènes entre certains personnages qui, sans grandement sortir du lot, offrent au spectateur l’occasion de surprendre.

Artiste aussi douée que volontaire, Sabine De Barra conçoit de merveilleux jardins. En 1682, son talent lui vaut d’être invitée à la cour de Louis XIV, où le célèbre paysagiste du roi, André Le Nôtre, fasciné par l’originalité et l’audace de la jeune femme, la choisit pour réaliser le bosquet des Rocailles. Ce sera une pièce maîtresse des jardins, la salle de bal à ciel ouvert du nouveau palais que le Roi Soleil souhaite créer à Versailles pour éblouir l’Europe. Tout en donnant son maximum et en menant l’incroyable chantier pour terminer à temps, Sabine s’aperçoit vite qu’à la cour, le talent ne suffit pas : il faut aussi maîtriser l’étiquette et savoir naviguer dans les eaux troubles des intrigues. La jeune femme défie les barrières sociales et celles liées à son sexe ; elle noue même une surprenante relation avec le roi et gagne la confiance du frère du souverain, Philippe. Au-delà des interdits et des passions, au coeur d’une cour sur laquelle le monde entier a les yeux rivés, Sabine et Le Nôtre vont tout donner pour porter le rêve de leur vie malgré les obstacles...

L’histoire de Sabine De Barra n’existe pas et pourtant, on ne peut que se laisser emporter par l’histoire de cette femme qui aurait créé les jardins de Versailles ou en tout cas une partie de ceux-ci et leur aurait apporté leur originalité et toute leur beauté. Cependant, Les Jardins du Roi n’est pas non plus le meilleur film historique de l’époque des rois de France. Si en France on semble abandonner l’idée de parler de cette époque (je ne comprends pas pourquoi car l’on serait les mieux à même de le faire), les britanniques aiment les rois de France et en nous parler de cette histoire de Versailles et de ses jardins. La porte d’entrée de ce film c’est un personnage qui n’existe pourtant pas dans l’Histoire et qui apporte une certaine candeur à ce dernier. Alan Rickman derrière la caméra pour la seconde fois de sa carrière parvient à nous offrir quelque chose de tendre et de mignon même si parfois on s’ennuie légèrement. En effet, Les Jardins du Roi ne passe pas à côté de quelques trous d’air qui casse en partie l’histoire et la belle romance. Je pense aussi que ce film manque un peu d’envergure. Il n’est pas mauvais mais il manque de ce qui aurait probablement pu le transformer en une petite pépite.

Il aurait probablement fallu au scénario un peu plus de punch et peut-être aussi nous donner une vision un poil plus global de l’histoire des jardins de Versailles. Heureusement que le casting est là, ce dernier est probablement ce qu’il y a de plus merveilleux ici. Certaines scènes sortent du lot, comme celle de Louis XIV et Sabine dans ce petit jardin à manger des poires et à sentir des fleurs. Ou encore celle d’une Sabine sauvée des eaux par Le Nôtre. C’est ce genre de scènes qui donnent à Les Jardins du Roi son charme et peut-être même son petit côté épique (toute mesure gardée bien entendu). C’est aussi une occasion de parler d’une romance sociale, étant donné que la place d’une femme pour construire des jardins est quelque chose de complexe à faire avaler au départ aux autres hommes. On ne peut pas non plus passer à côté d’une mise en scène un poil trop académique à mon goût mais je ne peux pas en vouloir au film de toute façon cette petite histoire n’avait pas l’ambition d’être la plus grande des histoires, juste de faire vivre sa petite aventure romanesque au milieu d’un environnement que la France connaît que trop peu.

Note : 5/10. En bref, une très jolie petite romance sauve en partie un film qui manque parfois d’ampleur.