[Critique série] BATES MOTEL – Saison 3

Par Onrembobine @OnRembobinefr

Titre original : Bates Motel

Note:
Origine : États-Unis
Créateurs : Anthony Cipriano, Carlton Cuse, Kerry Ehrin
Réalisateurs : Tucker Gates, Tim Southam, Christopher Nelson, Nestor Carbonell, Phil Abraham, Ed Bianchi, Roxann Dawson.
Distribution : Vera Farmiga, Freddie Highmore, Max Thierot, Olivia Cooke, Kenny Johnson, Nestor Carbonell, Kevin Rahm, Ryan Hurst, Nicola Peltz…
Genre : Thriller/Drame/Adaptation
Diffusion en France : 13ème Rue
Nombre d’épisodes : 10

Le Pitch :
Norman Bates a de plus en plus de mal à gérer ses absences, durant lesquelles il perd tout contrôle. Sa mère, Norma, est elle aussi totalement désemparée face à la maladie de son fils. Quand une jeune fille débarque au motel et disparaît brutalement, mettant à jour les agissements d’un caïd local, les choses s’enveniment encore un peu plus. Dylan, le demi-frère de Norman, bien décidé à se ranger, doit pour sa part faire face au retour de son père…

La Critique :
La précédente saison de Bates Motel avait permis à la série d’embrasser un peu plus la thématique principale du film d’Alfred Hitchcock dont elle s’inspire. En toute logique, la troisième vient appuyer un peu plus là où ça fait mal en se focalisant tout spécialement sur la psychose de Norman Bates, dont les agissements commencent à déteindre sur beaucoup d’autres personnages. Jouant sur l’aspect « vase clos » de White Pine Bay, la petite bourgade dans laquelle prend pied l’action, la série illustre la propension d’une gangrène insidieuse dont l’origine se trouve être les fameuses absences de Norman Bates. C’est donc sur lui que repose la majorité des enjeux de l’intrigue, ce qui au fond, est tout à fait normal et plutôt rassurant, surtout si on se réfère à l’aspect adolescent récurent du premier acte, dont, on le sait maintenant, le principal objectif était de poser les bases.
Plus sombre que jamais, Bates Motel organise la progression de la maladie mentale de son personnage principal et devient ainsi non seulement plus adulte, mais aussi davantage proche de son modèle de référence.

Cela dit, si la série fait la part belle aux psychoses et autres visions cauchemardesques, elle ne tient pas pour autant à trop se rapprocher de Psychose. Les multiples intrigues secondaires qui viennent alimenter l’idée centrale ayant pour but, c’est limpide, d’offrir au show autant de possibilités de durer sur la longueur. Il est certes appréciable de voir Norman commencer à se prendre pour sa mère, en empruntant notamment ses vêtements, mais rien n’indique que cette dernière est prête à tirer sa révérence, tant son importance dans le show est au moins équivalente à celle de sa progéniture. Bates Motel est d’ailleurs carrément scindé en trois parties, consacrées respectivement à Norman, à Norma et à Dylan, le demi-frère de Norman, garant de sa propre intrigue. Les trois se croisent et s’entrecroisent mais au final rien ne rattache pour le moment le boulot de Dylan aux pulsions meurtrières de son frangin, si ce n’est qu’elles l’empêchent de se consacrer pleinement à ses activités. À cela se rajoutent en outre Emma, la jolie réceptionniste malade et Romero, le flic légèrement amouraché de Miss Bates.
Manquant un peu de cohérence quand il s’agit de lier les différents ingrédients qui en composent la recette, Bates Motel s’avère toujours aussi inégale. Certains épisodes brillent par leur noirceur et leur volonté de faire avancer les choses et d’autres s’apparentent à du gentil sur-place, tout justes boostés par quelques scènes consacrées à Norman. En gros, tout n’est pas super passionnant, quand bien même la bonne volonté est là.

Mais si Bates Motel, à l’heure de son troisième acte, trouve toujours la force de rebondir, c’est aussi et surtout grâce à ses acteurs. À Vera Farmiga tout particulièrement, qui reste la seule à livrer une performance hors-norme, tout en mesure et nuances. Freddie Highmore n’a rien de spécial à se reprocher et surtout pas de ne pas se rapprocher de plus en plus de la composition imposée par Anthony Perkins dans le classique d’Hitchcock, mais parfois, l’outrance de son jeu nuit un peu au caractère viscéral des intentions du scénario. Olivia Cooke, Nestor Carbonell et Max Thierot sont quant à eux très bons, mais peinent parfois à maintenir l’intérêt inhérent à leurs rôles, à cause d’un script un peu trop bancal quant il s’agit de justifier certains choix narratifs. Heureusement, une surprise vient raviver l’intérêt à mi-parcours, et tant pis si on se doute de la finalité de la chose, c’est plutôt bien vu.
À noter également l’arrivée de Ryan Hurst, de Sons of Anarchy, dans un rôle encore trop nébuleux pour savoir si il sert à quelque chose.

Baignée dans une ambiance à couper au couteau, magnifiquement éclairée et mise en scène avec toute la pertinence et le talent nécessaires par une armada de réalisateurs, la saison 3 de Bates Motel a pour principal mérite de raccrocher quelques wagons de plus à l’œuvre de Hitchcock. Le soucis de se frotter à un tel monument reste bien entendu de ne jamais pouvoir en saisir totalement la puissance évocatrice, mais au moins, la série essaye et souvent, parvient à convaincre du bien fondé de sa condition. C’est clairement lorsqu’elle se fait angoissante, que Bates Motel s’avère la plus flamboyante. Quand elle n’a pas peur d’aller au contact et de toucher de doigt le côté malsain de son personnage principal.

@ Gilles Rolland

Crédits photos : A&E / 13ème Rue