[feuilleton] Jean Tardieu à 360°, n°10 : Le modèle pictural (II), par Frédérique Martin-Scherrer

Par Florence Trocmé


 
Tout imprégné des « miracles de la peinture » depuis son plus jeune âge, Jean Tardieu n’a eu de cesse de rapprocher art pictural et art verbal. Comment donner à lire la peinture ? Comment donner à voir la poésie ? Comment rapprocher l’un de l’autre ces deux arts si hétérogènes ?  
 
Jean Tardieu, il est vrai, appartient à une génération de poètes qui, également fascinés par la peinture et ses pouvoirs, ont noué d’étroits rapports avec des artistes pour produire avec eux ces beaux livres mis au monde par une poignée d’éditeurs de grand talent, et cette création partagée a donné lieu à une extraordinaire inventivité tant du côté de l’écriture que des arts visuels. Mais, pour qui porte un intérêt particulier à ce territoire, l’œuvre de Jean Tardieu ouvre un terrain d’investigation tout à fait original, en ce sens qu’il est le seul (à ma connaissance) à avoir tenté de traduire, au sens littéral, des procédés picturaux en procédés verbaux.  
 
C’est que, du pôle poétique, intégralement fait de langage, au pôle pictural qui attire l’écriture du côté de l’évidence sensible des lignes et des couleurs, il existe tout un voyage dont les premières étapes ont été largement explorées par les poètes de notre temps, les dernières de manière plus rare ou plus diversifiée. Si nous imaginons un vecteur allant du pôle. 
 
Lire Jean Tardieu à 360°, 10-Le modèle pictural (2)