Lobbys et élus s'opposent au changement dans les régions Aquitaine, Limousin, Centre et Poitou-Charentes

Publié le 19 mai 2015 par Blanchemanche
#Aquitaine
Pour désenclaver et faire rayonner leurs territoires, ces élus corréziens ou limougeauds sont prêts à toutes les largesses. Ne venez pas leur parler de rentabilité !A La Courtine (Creuse), le collectif Oui à l'étourdissement dans les abattoirs s'oppose à la "ferme des 1.000 veaux" (© AFP)Bernard Farges : il repousse toute nouvelle taxe sur le vinLes caisses de l'Etat ont beau être vides, le patron du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux et de la confédération nationale des AOC, Bernard Farges, refuse de trinquer. Et voit rouge au moindre risque d'une hausse d'impôt sur ses précieux liquides. Pour défendre ses intérêts, la filière viticole peut compter sur de nombreux parlementaires. Parmi eux : la députée Catherine Quéré (PS, Charente-Maritime), et les sénateurs Gérard César(UMP, Gironde) et Claude Bérit-Débat (PS, Dordogne). Un lobbying très efficace : contrairement aux spiritueux et à la bière, le vin a échappé aux deux dernières hausses de taxes sur l'alcool de 2012 et 2013.Paul Izaret : mal gérée, sa fondation musicale pompe les finances locales Privée de concerts ! En redressement judiciaire comme de nombreuses institutions culturelles, la Fondation La Borie-en-Limousin, présidée par l'entrepreneur Paul Izaret et administrée par Marie Bonnetblanc, accuse un déficit de 1,5 million d'euros. Point d'orgue de cette gestion dispendieuse, les «jardins sonores», lancés à grands frais sous l'ère de l'ex-directriceIsabelle Depret-Bixio. L'institution a pourtant bien profité des largesses des collectivités locales depuis sa création en 2009 : 260.000 euros annuels de la région Limousin, dont le vice-président Stéphane Cambou figure parmi les membres fondateurs, 35.000 euros annuels de Limoges Métropole et 770.000 euros en cumulé de la part de l'Europe... Jusqu'au député Daniel Boisserie (PS), qui a sorti l'an dernier 12.000 euros de sa réserve parlementaire pour financer des travaux sur le bâtiment et les jardins à la demande du chef d'entreprise René Clavaud, administrateur de La Borie.Didier Borotra : sa Cité de l'océan engloutit des millions© MAXPPP345.000 visiteurs au lieu des 450.000 prévus : le parc ludoscientifique de Biarritz à 41 millions d'euros, dont 24 millions apportés par un partenariat public-privé (PPP) avec Vinci, rame. Même les anciens lieutenants de Didier Borotra, l'ex-maire MoDem de la ville, comme Max Brisson, Michel Veunac, Guy Lafite, partisans du projet à l'époque, reconnaissent aujourd'hui son naufrage : 1,2 million d'euros de loyer annuel à verser par la municipalité au constructeur pendant trente ans et une perte de 680.000 euros en 2013 pour Biarritz Océan, la société gestionnaire du musée, dirigée parFrançoise Pautrizel. A Sarran (260 habitants), en Corrèze, le musée Chirac, qui abrite les présents offerts à l'ex-chef d'Etat pendant son mandat, n'attire pas plus les foules. Coût pour le conseil général de cette folie de 4.700 mètres carrés en pleine campagne, défendue avec vigueur par Bernadette Chirac, élue du département ? 16,7 millions d'euros, plus 900.000 euros de frais de fonctionnement par an.Aurore Lenoir : elle s'oppose à la construction d'une ferme géante Pas question de lâcher le morceau. Depuis leur manifestation fin janvier à La Courtine (Creuse), où doit être érigé le futur centre d'engraissement baptisé «ferme des 1.000 veaux», les quelque 300 militants de la cause animale, emmenés par Aurore Lenoir, porte-parole du collectif Oeda (Oui à l'étourdissement dans les abattoirs), menacent d'y créer une ZAD (zone à défendre). Il y a un an, ils étaient déjà venus à bout d'un projet d'abattoir à Guéret (Creuse). Egalement opposée à cette ferme géante, qui représenterait pourtant un surcroît d'activité de 15% par rapport à l'abattoir existant, la Confédération paysanne du Limousin, menée notamment par Jérôme Orvain, Michel Limes et Frédéric Lascaud, dénonce le caractère industriel du projet. Dans les Landes, c'est un complexe de golf imaginé par le conseil général qui fait débat. A la tête de la fronde, des leaders d'associations locales pour la protection de l'environnement, dont Georges Cingal et Catherine Letaconoux.Jean-Pierre Limousin : il veut un TGV à tout prix© Andia«Une ligne à grande vitesse d'intérêt purement local.» Voilà comment la Cour des comptes fustige parmi d'autres projets similaires celui du tronçon de 112 kilomètres qui relierait Paris à Limoges en deux heures, pour lequel milite énergiquement Jean-Pierre Limousin, le président de la chambre de commerce et d'industrie de Limoges et de la Haute-Vienne. Coût estimé de l'opération ? 1,6 milliard d'euros, sans compter les subventions pour pallier le déficit d'exploitation, inévitable, de la ligne après sa mise en service. Un rapport du ministère des Transports conteste également le projet. Qu'importe ! Les élus limousins, trois socialistes (Jean-Paul Denanot, Marie- Françoise Pérol Dumont, Gérard Van denbroucke) et un UMP (Emile-Roger Lombertie), ont pesé de tout leur poids sur le gouvernement deManuel Valls pour faire avancer le dossier. Ils n'ont d'ailleurs pas eu trop de peine à faire entendre leurs arguments auprès deFrançois Hollande, ancien député de la Corrèze, et favorable de longue date au chantier : début janvier, la LGV a été déclarée d'«utilité publique».Bernard Grasset : il refuse de fermer sa sous-préfectureTrois sous-préfectures distantes de moins de 40 kilomètres les unes des autres en Charente-Maritime. Pour la Cour des comptes, comme dans d'autres départements, c'est au moins une de trop. Dans leur rapport de 2012, les Sages préconisaient déjà de s'attaquer à ce coûteux millefeuille administratif. Dans le viseur : la sous-préfecture de Rochefort-sur-Mer. La riposte de l'ancien maire de la ville, Bernard Grasset (PS), n'a pas tardé : «Scandaleux !» Et la fronde des élus locaux Hervé Blanché(nouveau maire UMP de Rochefort-sur-Mer), André Bonnin(conseiller municipal PS), Henri Sanna (ex-maire PS d'Echillais),Sylvie Marcilly (maire UMP de Fouras), Suzanne Tallard(députée PS de Charente-Maritime), et Jean-Louis Frot (vice-président du conseil général de Charente-Maritime) s'est organisée, avec le soutien de la secrétaire départementale du syndicat Force ouvrière, Bénédicte Lavocat Mailhos. Résultat : trois ans plus tard, rien n'a bougé. A Tulle (Corrèze) le statu quo aussi est la règle : la garde des Sceaux, Christiane Taubira, a même ordonné la réouverture du tribunal de grande instance, fermé en 2010 au profit de Brive-la-Gaillarde. Une décision qui ravit l'avocat Dominique Val, bâtonnier de la Corrèze. La fusion des deux tribunaux avait pourtant coûté 2,7 millions d'euros et promettait une économie annuelle de 650.000 euros.Jean-Paul Romeuf : il exclut toute économie sur le budget municipalFace à la détermination des 400 agents municipaux qui ont investi l'hôtel de ville début février, le maire UDI de Bourges,Pascal Blanc, a capitulé. Il faut dire que la grève qui s'en est suivie, conduite par l'intersyndicale FO-CGT et leurs secrétaires respectifs Hervé Millet et Jean-Paul Romeuf, a sérieusement perturbé les crèches et les cantines. Entre autres points de friction : la remise en cause des demi-journées de repos pour le don du sang ou la fête locale de la Saint-Fiacre. A La Rochelle (Charente-Maritime), ce sont les chauffeurs de bus de la RTCR (Régie des transports communautaires rochelais) qui se sont élevés, derrière leur délégué CGT, Jean-François Pouvreau, contre la révision des avantageux accords d'entreprise de 1983. Cette fois, en vain. Après neuf jours de paralysie du réseau en janvier, la justice les a sommés, sous peine d'amende, de reprendre le travail.Charles Ferré : sa commune croule sous une montagne de dettes1,53 million d'euros : c'est le déficit accumulé en 2013 par la commune corrézienne d'Egletons (4.500 habitants) sous la mandature de Michel Paillassou (UMP), décédé à l'automne dernier. Pour redresser la barre, la chambre régionale des comptes du Limousin préconise à son ancien adjoint devenu maire de la commune, Charles Ferré, un régime drastique. Le dos au mur, son équipe a commencé à s'y atteler : baisse des émoluments des élus, moins d'illuminations de Noël, hausse de la redevance sur l'eau et l'assainissement, cession de biens immobiliers... Mais plusieurs années seront nécessaires pour éponger les largesses de l'ère Paillassou.Zeliha Chaffin 19/05/15© Capitalhttp://www.capital.fr/enquetes/dossiers/lobbys-et-elus-s-opposent-au-changement-dans-les-regions-aquitaine-limousin-centre-et-poitou-charentes-1039209