Un bouquet de fleurs

Publié le 25 mai 2015 par Joseleroy

Ma petit fille a composé ce bouquet ce matin et une joie profonde m'a saisi en le contemplant.

Dans ce regard infiniment attentif, personne ne regarde. Il y a juste regard, juste vision, juste être pur. Comme un éblouissement de chaque chose.

Je ne sais pas du tout comment c'est possible, je ne sais pas du tout ce qu'est ce mystère. Mais je sais que ce bouquet de fleur dans ce vieil arrosoir rouillé a donné un sens absolu à l'existence.

Voici un texte très connu que j'ai déjà posté en 2011 qui parle de ce regard :

Hugo von Hofmannsthal (1874-1929), (extrait de la Lettre de lord Chandos ) :

" Il ne m'est pas aisé d'esquisser pour vous de quoi sont faits ces moments heureux ; les mots une fois de plus m'abandonnent. Car c'est quelque chose qui ne possède aucun nom et d'ailleurs ne peut guère en recevoir, cela qui s'annonce à moi dans ces instants, emplissant comme un vase n'importe quelle apparence de mon entourage quotidien d'un flot débordant de vie exaltée. Je ne peux attendre que vous me compreniez sans un exemple et il me faut implorer votre indulgence pour la puérilité de ces évocations. Un arrosoir, une herse à l'abandon dans un champ, un chien au soleil, un cimetière misérable, un infirme, une petite maison de paysan, tout cela peut devenir le réceptacle de mes révélations. Chacun de ces objets, et mille autres semblables dont un oeil ordinaire se détourne avec une indifférence évidente, peut prendre pour moi soudain, en un moment qu'il n'est nullement en mon pouvoir de provoquer, un caractère sublime et si émouvant, que tous les mots, pour le traduire, me paraissent trop pauvres. "