Tunisie - Les islamistes et le petit Chaperon Rouge

Par Ghizlane

C'était une vague immense, une houle pleine d'espoir, qui les a menés aux urnes pour les premières véritables élections de leur histoire. Ce peuple n'avait jamais été concerné par la politique puisqu'on ne lui laissait pas le choix. Pas habitués à voter, à penser par eux-même, à décider de leur vie....Sur ce terreau fertile comme il était facile de planter des graines...Certains en ont usé sans vergogne. Quelques dinars par ci, quelques promesses par là, un beau costume-cravate, un dialogue modéré, un désir de revanche, ...

C'est l'histoire de la Grand-Mère du Petit Chaperon Rouge...

Souvenez-vous :

Grand-mère Tunisia est alitée, bien malade et bien fatiguée, elle attend sa petite fille qui doit lui amener un peu de réconfort. Sa petite fille, très courageuse et déterminée, doit cependant se frayer un chemin dans une forêt peuplée de loups. Le petit chaperon rouge, recouverte de son drapeau préféré en guise de cape n'a peur de rien....elle court...mais elle se fait distancer par le loup qui attendait son heure.

Mais pour être crédible, le loup doit faire bonne figure, une peau de mouton sur le dos, et le voici politiquement correct afin de ne pas effrayer Grand-Mère....

-Qui toque ainsi à ma porte ?

Tandis que le loup recouvert de sa peau d'agneau essaie de bêler de sa voix la plus douce

...

-"Ouvre Mère-Grand, je t'apporte un peu de beurre pour mettre dans tes épinards"...

-Qui es tu toi ? Montre toi, je n'ai pas confiance...

- O Mère Grand, regarde mes pattes blanches ! Je suis très fatigué, les chasseurs m'ont poursuivi, j'ai souffert pendant des années en pensant à ta maisonnette qui m'était interdite...Tu ne peux pas me laisser dehors...par la grâce de Dieu, ouvre-moi, tu commettrais un grand péché de me laisser ainsi à la porte ! Et puis il y a le beurre qui commence à fondre..."

Bon la suite vous la connaissez.

La révolution ne s'écrit pas en un jour, encore moins la conscience d'un peuple opprimé qui doit apprendre à conquérir la démocratie...A ce jour succédera un autre, on veut y croire, on l'espère, afin que cette première liberté gagnée n'aie pas été vaine. Afin qu'un petit bulletin semé dans une urne réponde au frémissement d'un peuple qui désire simplement être respecté.

Et la sensibilité très vive des tunisiens réagira à la première alerte avec une vigilance dont je ne doute pas un instant.