Fauvisme

Publié le 31 mai 2015 par Aelezig

Le fauvisme est un courant de peinture du début du XXe siècle. Il débute historiquement à l'automne 1905, lors du Salon d'Automne qui crée scandale, pour s'achever moins de cinq ans plus tard, au début des années 1910. Son influence marque néanmoins tout l'art du XXe siècle, notamment par la libération de la couleur. Le précurseur du fauvisme est Henri Matisse, mais d'autres artistes, comme André Derain, Maurice de Vlaminck, Auguste Chabaud ou encore Georges Braque en ont fait partie.

Le fauvisme est caractérisé par l'audace et la nouveauté de ses recherches chromatiques. Les peintres ont recours à de larges aplats de couleurs violentes, pures et vives, et revendiquent un art fondé sur l'instinct. Ils séparent la couleur de sa référence à l'objet, afin d'accentuer l'expression, et réagissent de manière provocatrice contre les sensations visuelles et la douceur de l'impressionnisme.

1905 - Matisse - Femme au chapeau

Les origines

Les impressionnistes constituent la première source. Leurs touches particulières, qui juxtaposent des couleurs pures au lieu de les mélanger, laissant à l'œil du spectateur le soin d'effectuer un travail de recomposition, sont reprises par Matisse, qui fut élève de Paul Signac à l'été 1904, et qui les transmet à son tour à Derain.

C'est une revanche forte des couleurs, des lumières et du plein air qui va éclater et qui va entrainer dans la peinture des bouleversements dont il est alors difficile de prévoir les conséquences. C'est donc au Salon d'Automne, alors qu'une salle a été réservée aux œuvres du nouveau groupe d'artistes, que les mots de : « scandale, fumisterie, démence, ignorance » ont accueilli les tentatives tumultueuses de ces jeunes gens. Le critique Louis Vauxcelles, parlant de la petite tête d'un enfant d'inspiration florentine, œuvre du sculpteur Marque, la désigne comme : « Donatello au milieu des fauves ». Cette expression fait fortune et est utilisée pour définir ce mouvement de Fauvisme.

C'est aux alentours de leur vingtième année et sur leurs professeurs que ces jeunes fauves se font leurs premières dents. À la suite d'une sorte de hasard, l'Académie Julian et l'École des Beaux-Arts voient les apparitions successives de Marquet, Rouault, Camoin, Manquin, Dufy, Braque et à l'académie Carrière celles de Matisse, Puy, Derain, Laprade, Chabaud parmi les plus valeureux du groupe.

Dufy, Marquet, Mérodack-Jeanneau ou Girieud utilisent plutôt la technique de Gauguin, avec de grands aplats. Matisse et Derain n'hésitent pas non plus à s'en servir, et oscillent parfois entre les influences pointillistes et Gauguin. Le style de Gauguin se retrouve dans un autre élément : l'utilisation du cerne autour des personnages.

Il est également important de souligner l'influence que Louis Valtat a eu auprès de Matisse et des futurs fauves. Dès le Salon des Indépendants de 1896, il expose des peintures, des aquarelles, des dessins et des bois gravés qui comprennent déjà des caractéristiques du fauvisme : des couleurs pures, des formes simplifiées, des perspectives abolies et des ombres supprimées.

1907 - Derain - Pinède à Cassis

Matisse serait, dans son goût prononcé pour la couleur et pour la matière, à l'origine du mouvement. C'est sous sa conduite et aussi sous l'influence de Van Gogh que les futurs fauves (Vlaminck, Derain, Manguin…) expriment dans leurs envois au Salon d'Automne un farouche et virulent enthousiasme pour les joies dynamiques des tons les plus crus. Ils réagissent contre un Impressionnisme auquel ils reprochent son manque de structure. Les fauves se proposent d'imaginer une réalité plus authentique que celle des apparences, construite solidement par les tons purs. La nouvelle esthétique s'appuie sur des thèmes précis comme l'opposition aux nuances de la palette impressionniste, le goût du monumental, le refus de l'évocation réaliste de la nature et les recherches de transpositions de la couleur. On trouve des visions féériques et multicolores de ciels verts, de fleurs rouge vermillon, d'arbres couleur citron, de visages vert émeraude et ceci, dans l'intention de substituer aux harmonies conventionnelles.

Cézanne aussi est une source d'inspiration importante. Matisse reprend ainsi la géométrisation du corps des personnages caractéristique du solitaire d'Aix. Derain quant à lui s'en inspire pour mener sa réflexion sur la place de la figure humaine dans un paysage, autant que pour styliser ses figures.

Chez Vlaminck, c'est plutôt l'héritage de Van Gogh que l'on retrouve. Bien qu'hostile aux institutions muséales, il avait découvert cet artiste lors d'une exposition en 1901, ce qui avait définitivement orienté sa carrière vers la peinture. C'est d'ailleurs à cette même exposition que Derain le présente à Matisse.

Enfin, une dernière influence, celle des « arts premiers », océanien et africain. Ces arts exotiques, très décriés au XIXe siècle pour leur « laideur » et remis à l'honneur par Gauguin, sont collectionnés par les artistes qui les découvrent lors des expositions universelles. De nombreuses œuvres présentent des personnages aux visages stylisés en forme de masque.

Les Fauves s'avisent d'ordre et de mesure. Ils usent d'un moyen brillant : charger la couleur d'organiser sa propre discipline. Le sujet n'est considéré que sous l'angle de sa seule fonction plastique et désormais, le degré d'intensité du ton, la mesure des surfaces peintes, la répartition des blancs, la distribution des cernes expressifs, le développement des arabesques inspirées favorisent la cohésion et l'équilibre souhaités. L'éternel problème de la profondeur et de l'illusion de l'espace est résolu par la puissance et le choix de la place des tons. La lumière n'est plus source d'éclairage, mais d'intensité et tout accident est rejeté au bénéfice de l'essentiel. La simplification est la garantie de la multiplicité des tons. Une toute nouvelle grammaire est imaginée, codifiée selon des logiques personnelles et sans doute l'intention suprême de l'artiste reste de retrouver la sensation première.

Ce mouvement ne dure cependant que le temps de voir surgir quelques œuvres magnifiques de lyrisme et de couleurs. Finalement, le fauvisme s'affirme plus comme une technique qu'une esthétique.

D'aprèsWikipédia