Vous reprendrez bien une tasse? « Thé, Café ou Chocolat » au musée Cognacq-Jay

Publié le 31 mai 2015 par Jebeurrematartine @jbmtleblog

Vous reprendrez bien une tasse? " Thé, Café ou Chocolat " au musée Cognacq-Jay

Le sujet avait déjà tout pour plaire. " Thé, café ou chocolat? " se propose de retracer l'histoire de ces boissons exotiques au mille attraits, qui font aujourd'hui partie intégrante de notre quotidien. Nous qui disposons de ces graines et feuilles odorantes pour quelques euros au supermarché, nous oublions souvent qu'elles sont apparues sur le Vieux Continents dès le XVIe siècle. Passionnante histoire que leur découverte par les Européens, fascinés par ces breuvages provenant de l'autre bout du monde : le cacao des Amériques, le café d'Orient, ou encore le thé d'Asie. Une explosion de saveurs épicées et raffinées pour ces liquides précieux, importés alors moyennant de fortes sommes.

Si à l'époque de la Pompadour une tasse de café était la manifestation d'un mode de vie on ne peut plus huppé (prenons pour exemple le panneau décoratif figurant Une sultane buvant du Café, peint par Van Loo pour son château de Bellevue), elle était avant tout synonyme de sociabilité. Eh oui, c'est au XVIIIe siècle que se sont instaurés les établissements que l'on appelle cafés, à l'époque des lieux dédiés principalement aux échanges philosophiques ou littéraires.

Seulement, ces boissons demeuraient assez mystérieuses pour leurs premiers consommateurs, et on leur prêtait volontiers toutes sortes de vertus ou méfaits. Notons la citation de la princesse Palatine, une grande dame qui avait bien saisi l'importance de la tartine beurrée, mais pas tellement celle du café :

Je déjeune rarement et si je le fais, je ne prends qu'une tartine au beurre. Je ne puis souffrir toutes les drogues étrangères ; je ne prends ni chocolat, ni thé, ni café [...].

L'exposition au Musée Cognacq-Jay synthétise parfaitement l'histoire de l'émergence des thés, cafés et autres chocolats dans la société du XVIIIe siècle, au travers de quatre salles aux murs pastels, comme autant de macarons disposés dans leur écrin Ladurée. Si la remise en contexte nous enchante, bien contée et assez brève pour ne pas perdre le visiteur, c'est surtout le choix des services, cabarets et cafetières qui nous émerveille ici. Difficile de ne pas avoir envie de siroter un chocolat dans cette tasse aux ombres chinoises dorées, ou de ne pas jalouser la théière en forme de dragon qui trône en majesté dans sa vitrine.

Derrière ces différentes pièces de vaisselles, c'est aussi une histoire du goût qui se dessine : chinoiseries, fleurs rocaille, pièces à fond rose... Les décors reprennent les ornements les plus en vogue à cette période où se fixent les normes de l'élégance à la française. Les techniques de création apparaissent elles aussi en filigrane des œuvres présentées : on trouve dans les salles un répertoire des formes nouvelles de tasses et cafetières, et des petits cartels expliquant l'émergence de la porcelaine européenne après des décennies passées à imiter les productions asiatiques sans y parvenir.

Par sa thématique originale et bien traitée, l'exposition mérite indéniablement que l'on s'y attarde. Une déambulation parmi les boiseries et biscuits qui sera également l'occasion de continuer son voyage au XVIIIe siècle parmi les salles permanentes du musée Cognac-Jay, entre une nature morte de Chardin et une scène galante de Boucher. Et l'on peut vous parier que vous vous ruerez sur un délicat breuvage dès votre sortie.

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