Printemps de Bourges 2015

Publié le 01 juin 2015 par Lordsofrock @LORDS_OF_ROCK

On commence par les concerts sur les scènes extérieures qu’il ne fallait pas manquer, et pas d’excuse, puisqu’ils étaient gratuits.

Portier Dean, Bigott, Botibol: sur la scène Pression Live, ces trois groupes ont su délivrer une musique harmonieuse et légère. Pas de gros riffs saturés, pas de solos endiablés. Du folk/pop indie simple, on vous l’accorde, mais hyper efficace. Pourquoi toujours vouloir tout compliquer ? Fortement conseillé pour les adeptes de Fleet Foxes, Asgeir, Simon & Garfunkel. Dans la même ambiance douce et planante, on a voulu en sortir un du lot qui nous a particulièrement conquises : FUZETA. Une voix claire qui vous saisit en quelques secondes, une pointe de mélancolie : au milieu de tous ces groupes qui surfent sur la vague indie/pop, FUZETA mérite de se démarquer.

Pour les amateurs de (hard) rock style 70’s, on vous recommande The Elders, à consommer sans modération ! Anciennement The Elderberries, le groupe revient après plusieurs années d’absence. Une voix parfois à la limite du cri, des guitares bien saturées, tout est vraiment réussi ! Le groupe dégage une forte énergie, le chanteur ne tient pas en place, et du coup nous non plus ! The Elders délivrent leur rock en intraveineuse directement.

Niveau soul/blues, on tenait à vous présenter Emma Beatson et sa voix vraiment remarquable, qui nous a permis de démarrer le festival en beauté ! Quelques jours plus tard, c’était au tour de Thomas Kahn de nous surprendre avec une voix prédestinée au blues. Seul avec sa guitare, c’est la musique du bonheur qu’il a su communiquer. Thomas a parfaitement assuré le concert malgré quelques problèmes techniques qui ne l’ont pas du tout perturbé, chapeau !

Les Inouïs :

Après avoir interviewé les Inouïs rock/folk, il fallait bien qu’on aille les voir sur scène !

On commence par le duo Milan. Leur EP est intitulé « Dunkers » car il mélange dub et punk. Le groupe a réussi son pari. Une vraie présence sur scène, une voix pénétrante, une ambiance sombre très bien communiquée, les trente minutes passent très, voire trop vite !

Dans un style complètement différent, on a adoré Groenland et leur « pop indie orchestrale » de Montréal. C’est vrai qu’avec 6 musiciens sur scène, un ukulélé, des claviers, un violoncelle, un violon, une batterie, et une basse, c’est un joli bordel organisé qui se met en place. Leur aisance sur scène et leur échange avec le public est la preuve qu’ils ont plus d’expérience, de concerts à leur actif que la plupart des Inouïs. Ca se sent, ca se voit, ca se vit. Leur pop est entraînante, le public se laisse vite convaincre par l’énergie qu’ils dégagent. On ressort de la avec le sourire pour tout le reste de la journée.

Le duo Carré Court est une machine à remonter le temps efficace. Avec des instruments minimalistes (une ou deux guitares, quelques percussions), et la voix de la chanteuse, on retourne dans les sixties le temps de quelques morceaux.

On retient aussi le rock sombre et saturé de Bantam Lyons, ainsi que la folk de By The Fall, qui, sans renouveler le rock, ont réalisé de meilleures prestations que beaucoup de groupes programmés sur de plus grandes scènes.

En marge de tous ces groupes qui ont délivré un rock souvent très bon, mais sans surprise majeure, on retient particulièrement Lior Shoov, qui a su utiliser son environnement comme instrument. Handpan, clochettes, ukulélé, sac plastique, mais aussi les balances de la salle d’à côté… Tout y passe, même le public. Par moments une folk légère, et souvent seulement une voix accompagnée de quelques percussions. L’israélienne nous a émues aux larmes ! De tous les Inouïs que nous avons vus, c’est la seule à avoir créé une ambiance intime avec le public, et dont la performance ressemble plus à un spectacle qu’à un simple concert. Lior Shoov, la plus inouïe de tous les Inouïs.

On s’arrête sur les vainqueurs du prix du Printemps de Bourges, Last Train. Des morceaux plutôt longs où alternent guitares énervées et voix éraillée, et des titres plus énergiques et courts, le groupe a montré sa polyvalence. Leur rock sombre insolent a conquis ! Retrouvez leur entrevue ici :

http://www.lordsofrock.net/les-inouis-du-printemps-bourges-3/

Le prix du jury a été décerné à Radio Elvis. Un trio guitare/basse/batterie qui s’attarde longuement (et avec raison) sur la composition de paroles en français, et dont le résultat tient plus du poème chanté que de la chanson basique. Il ne pouvait peut être pas en être autrement avec Mathias Malzieu comme président de jury, chanteur de Dionysos

Retrouvez notre entrevue avec Radio Elvis ici :

http://www.lordsofrock.net/les-inouis-du-printemps-bourges-4/

Le FLOP tête d’affiche :

Angus & Julia Stone au W, soit la plus grosse scène. On a écouté en boucle ces australiens, et leur folk désormais bien répandue. On les attendait, peut être trop : la prestation est loin d’être à la hauteur des albums. Pas de communication entre la sœur et le frère, ni entre la scène et le public. Pas non plus de chaleur sur scène, les morceaux s’enchaînent et on s’ennuie. Au bout de trente minutes, nous n’avons reconnu encore aucun morceau, les titres les plus connus se font attendre. Même s’il est évident que le duo joue ce soir pour promouvoir son dernier album (que nous n’avons pas écouté), il faut bien se douter dans le cadre d’un festival que le public ne comprend pas que des fans, et que pour plaire à tout le monde, un ou deux classiques feraient le plus grand bien…Nous sommes parties avant la fin. Peut être que leur musique n’est pas adaptée à des scènes aussi grandes, et que l’espace nuit à la convivialité. Mais on se contentera désormais d’écouter leur album. De temps en temps.

Le TOP tête d’affiche :

Asaf Avidan, et c’est encore une fois au W que cela se passe. Cette voix, on l’aime ou on déteste. Mais ce soir là, le chanteur a comblé sûrement les plus difficiles ! Une setlist variée avec des titres de son dernier album « Gold Shadow », mais aussi issus de « Different Pulses », ou « Avidan in a box », il y en avait pour tous les goûts. Puis Asaf entame un discours plutôt inattendu, et presque incompréhensible : « une des lois de la physique explique que tout part de l’ordre pour dériver vers le chaos », «  on ne peut pas empêcher un homme de mentir, c’est triste mais biologique », «  si l’on saute assez souvent, on pourra se considérer comme libérés de la gravité »… Voilà un échantillon de ses pensées aussi délirantes que sa voix. On note aussi l’effort d’Asaf pour communiquer un maximum en français, en citant quelques poèmes. Lorsqu’il attrape sa guitare acoustique, on a bien compris que « Reckoning song » arrivait. Et s’il n’a pas poussé sa voix à ses limites, la prestation reste très réussie. Ses concerts, ou plutôt ses spectacles, ne sont jamais décevants !

Le Printemps Off :

Côté bars, nous sommes tombées amoureuses deux fois. La première fois, c’était au pub le Murrayfield, dont la programmation est cette année encore attirante ! On y a découvert David Carroll and the Migrating Fellows. Cet irlandais mélange habilement folk, rock, blues, et finit de nous conquérir lorsqu’il sort son harmonica. On a quitté la France le temps d’une bière, et on va surveiller le prochain EP prévu pour octobre !

La seconde fois, c’était aux Jacobins. Sur la programmation était prévu le groupe Tiwayo. Avec un nom comme cela, on ne sait pas trop à quoi s’attendre. Et justement, c’est un mélange unique qui se révèle ! Pas de doute que le rock l’emporte, mais, toujours mêlé à une pointe d’exotisme, une rythme reggae, ou une voix soul. Les morceaux ne sont pas répétitifs, et le groupe a trouvé son propre univers. Et si on hésitait encore, plus de doute lorsqu’ils reprennent « Light My Fire » à la sauce groove/funk. Très bonne surprise de la soirée !

Soirée Rock au 22 le 28 avril.

Le 29 avril, Christine and The Queens clôturait le festival. Autant dire que pour finir sur une bonne note dans les oreilles, la soirée rock fut notre dernière soirée. Tout a commencé avec Jeanne Added. Si son premier EP se révélait assez sombre et saturé, les morceaux en concert nous ont vraiment surprises par leur clarté, et leur efficacité ! Jeanne Added maitrise sa voix sans aucun doute. Ensuite, les californiens de The Growlers n’ont pas malheureusement pas livré un concert à la hauteur des espérances du public. Le groupe qui qualifie sa musique de Beach Goth (comprenez un mélange de surf rock et post punk) nous a laissé sur notre faim, nous n’avons pas réussi à embarquer dans le concert. La bonne découverte de ce soir se nommait The Bohicas. Les britanniques ont de l’énergie à revendre ! Des guitares saturées sur un rythme soutenu, c’est rapide et efficace, noté dans un coin de notre tête ! Enfin, c’est au tour des Wanton Bishops que nous avons tant attendus. Ces bluesmen, souvent appelés les « Black Keys Libanais », réalisent une excellente prestation. On les connaissait pour leur titre «  Sleep With The Lights On », mais tous les morceaux joués sont vraiment bons, et on ressort du 22 encore plus fans. La soirée se termine sur les Rival Sons et leur rock style 50’s, 70’s. C’est un excellent dernier concert que l’on vit, devant un groupe qui sait habiter la scène, la salle, et vos oreilles. On prend notre dose de grosses guitares jusqu’à la prochaine.

On termine cet article en ajoutant une mention spéciale à Success qui cette année encore ont prouvé combien ils étaient déjantés. Sur la scène extérieure, le groupe ne s’est pas ménagé ! Un petit coup de rouge à lèvres, le micro dans le caleçon, le chanteur est un vrai personnage. Impossible de rester immobile devant cette performance, qui tient plus de la crise de schizophrénie que du simple concert. A la base peu adeptes de ce rock si sombre et agressif avec un côté électro, on se laisse carrément embarquer en concert.

Finalement, si on fouille bien, il y a de quoi manger à sa faim tous les jours du festival ! Simplement, il ne faut pas avoir peur de sortir du chapiteau principal ! Notre cueillette aux découvertes a bien fonctionné, de quoi dépoussiérer nos écouteurs. Allez, amen.