fragments

Publié le 07 juin 2015 par Pjjp44


"un zeste d'état sauvage
de régate le long de côtes étrangères
pays inhabités
de drapeaux plantés
un zeste de siège sur un chariot
de regard au coeur d'une étrange vallée
-non scarifiée par le barbelé des frontières
par le bruit des voix
par le clapotis des bacs
les bailles à goudron et les cages à poules
le long du chariot
c'est un zeste de course à mi-corps dans l'avoine rouge
de quête de groseilles à maquereau de raisins de loup
de coupe de rotin
et de sommeil sous la toile ouverte de la nuit
étendue sur hiboux et chacals
une chose qui nous dépasse nous amena ici
une chose qui devint la jante de notre survie
le groseillier coriace de la foi
car qui presse les nuages contre les montagnes
afin que demeure légère et blanche la poudre
comme le talc français du cap
qui pousse les blancs boucliers noirs boucliers
avec la sagaie de la nuit
laissons-les attendre l'aurore et sa calebasse de feu
qui de sa propre main
mène le brouillard dense à l'assaut des montagnes
afin que nous voyions large et loin
mais des merveilles ne redisent plus une merveille
les voix ne résonnent plus clairement
le pays n'est plus ni vaste ni cruel
mais petit et sans défense
et sur les routes goudronnées personne ne laisse de traces...
pourtant nous sommes façonnés par des saisons
de prospérité et de douleur
par la simplicité de quatre murs
par la poussée de la terre
la duplicité de la lumière de l'été
c'est pourquoi nulle part ailleurs nous ne pouvons aller
car nulle part la terre n'est tendue de tant d'émotion
l'air n'est ni clair
le jour ne se lève avec autant de violence
nulle part ne pouvons dormir aussi doucement
que dans la paume ouverte de ce pays."
Antjie Krog- "ni pillard, ni fuyard"- traduction: Georges-Marie Lory -Editions: "Le temps qu'il fait"


"[...] parce qu'il y a une unité en dépit de la diversité infinie et une diversité infinie en dépit de l'unité."
-Samuel Butler-