SENSE8 (Critique Saison 1) We could be heroes

Publié le 08 juin 2015 par Cliffhanger @cliffhangertwit
SYNOPSIS: Huit individus éparpillés aux quatre coins du monde sont connectés par une soudaine et violente vision. Désormais liés, ils se retrouvent capables du jour au lendemain de se voir, de se sentir, de s'entendre et de se parler comme s'ils étaient au même endroit, et ainsi accéder aux plus sombres secrets des uns et des autres. Les huit doivent dès lors s'adapter à ce nouveau don, mais aussi comprendre le pourquoi du comment. Fuyant une organisation qui veut les capturer, les tuer ou faire d'eux des cobayes, ils cherchent quelles conséquences ce bouleversement pourrait avoir sur l'humanité.

Sense8 est la nouvelle série Netflix, créée par Lana et Andy Wachowski ( Matrix, Cloud Atlas) et J. Michael Straczynski ( Babylon 5). On retrouve à la réalisation les Wachowski, Tom Tykwer ( Cours Lola, cours, Cloud Atlas), James McTeigue ( V pour Vendetta ) et Dan Glass. Le casting, international, est composé de: Miguel Angel Silvestre (acteur espagnol vu dans Les amants passagers), Brian J. Smith (Gossip Girl, Stargate universe), Max Riemelt (acteur allemand), Jamie Clayton, Al Ameen (acteur anglais), Doona Bae (vue dans Cloud Atlas), Tuppence Middleton (actrice anglaise vue dans Imitation game et Jupiter ascending), Naveen Andrews ( Lost), et Daryl Hannah.

Autant annoncer la couleur tout de suite: Sense8 est une série particulière, qui ne ressemble à aucune autre. Si le point de départ pouvait nous faire penser à Heroes, le show joue finalement avec les codes du fantastique et de la conspiration, mais se les réapproprie pour nous proposer un rendu totalement différent des productions télévisuelles habituelles. Sense8 ressemble en revanche dans la forme beaucoup à Cloud Atlas , mis en scène et écrit par le même trio composé des Wachowski et de Tykwer . Sense8 est une gigantesque histoire chorale, faisant la part belle à ses personnages principaux. On découvrira le moindre secret, les différentes blessures et faiblesses, chaque fantasme, espoir et ambition de chacun des huit personnages formant le cercle. Les douze épisodes de cette première saison serviront finalement d'énorme exposition pour les personnages. Et c'est peut-être précisément là que se situe la faiblesse du show et sur ce point que se cristalliseront la plupart des critiques de ses détracteurs. En effet, si les histoires individuelles et les motivations de chacun des personnages nous seront clairement présentées, si l'empathie fonctionne aussi bien grâce à un développement poussé de chacun des héros, il n'en reste pas moins que l'on n'est pas totalement rassasiés en ce qui concerne la grande histoire.

Le fil rouge est certes présent tout au long des épisodes, la narration progresse réellement et on peut même considérer que les choses s'emballent dès le quatrième épisode et sa géniale utilisation de la chanson What's up des 4 non blondes . Pour autant, on sent que les scénaristes n'ont pas souhaité s'appesantir sur la trame principale de leur histoire, pour se concentrer sur leurs personnages. Il s'avère que cela relève entièrement d'un choix de style, sans forcément nuire à l'ensemble, dès lors qu'on adhère au concept. Sense8 se vit davantage comme un gigantesque trip d'une dizaine d'heures, idéal par ailleurs pour le binge watching de Netflix. Ce voyage sensoriel est rendu agréable par une multitude de facteurs, à commencer par un esthétisme, un style visuel et une réalisation remarquables. Même la multiplication des ralentis ne gêne jamais, ne casse pas le rythme des épisodes ou d'une action en particulier.

La musique joue un rôle essentiel dans l'ambiance, il faut saluer ici le travail de Johnny Klimek, déjà compositeur sur Cloud Atlas . Du générique, électrisant, à la conclusion de chaque épisode, les nappes musicales contribuent à emporter le spectateur dans un univers unique. La qualité du jeu des acteurs renforce également la beauté du voyage. Le casting hétéroclite se complète à la perfection et chacun des huit interprètes principaux livre une prestation très solide, sans aucune fausse note. On notera l'incursion de plus en plus fréquente des Wachowski dans l'univers LGBT (Lesbian, Gay, Bisexual and Transgender) puisque ici l'un des personnages masculins est gay et doit concilier sa sexualité avec son métier d'acteur. L'une des héroïnes, Nomi, est quant à elle transsexuelle et d'ailleurs jouée par une actrice elle-même transsexuelle ( Jamie Clayton), à l'instar de la réalisatrice Lana Wachowski. Le traitement est ici excellent, on ne tombe pas dans les clichés. L'histoire personnelle de Nomi se marie d'ailleurs très bien avec les rebondissements autour de son personnage et de son don et lui apporte une consistance supplémentaire.

Les Wachowski parviennent à créer une unité et à connecter différentes cultures entre elles, en faisant entrer en contact des personnages qui n'auraient peut-être jamais du se croiser ou se rencontrer. Et le résultat est optimal de ce point de vue. Si Sense8 peut légitimement rebuter certains à cause de sa construction, sa forme est totalement réussie et maîtrisée, provoquant une plongée dans un univers que les défenseurs de Cloud Atlas devraient apprécier. Il faudra donc être averti avant de se lancer dans l'aventure, l'expérience étant complètement différente des habitudes télévisuelles. Géniale dans la forme, clairement originale, cette série vaut à coup sûr le détour. Ses éventuels défauts scénaristiques sont vite gommés par la qualité de l'univers crée et la propension de Sense8 à nous transporter en tant que simple spectateur.

Sense8, saison 1 de 12 épisodes , disponible depuis le 5 juin sur Netflix France

Crédits: Netflix

Catégories: Critiques, Séries

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