JURASSIC PARK (Critique)

Publié le 09 juin 2015 par Cliffhanger @cliffhangertwit
SYNOPSIS: Ne pas réveiller le chat qui dort... C'est ce que le milliardaire John Hammond aurait dû se rappeler avant de se lancer dans le " clonage " de dinosaures. C'est à partir d'une goutte de sang absorbée par un moustique fossilisé que John Hammond et son équipe ont réussi à faire renaître une dizaine d'espèces de dinosaures. Il s'apprête maintenant avec la complicité du docteur Alan Grant, paléontologue de renom, et de son amie Ellie, à ouvrir le plus grand parc à thème du monde. Mais c'était sans compter la cupidité et la malveillance de l'informaticien Dennis Nedry, et éventuellement des dinosaures, seuls maîtres sur l'île...

En 1993, Steven Spielberg n'a déjà plus rien à prouver à personne. Il a déjà derrière lui la trilogie Indiana Jones, E.T. l'Extraterrestre, Rencontre du 3e type, Hook ou la revanche du Capitaine Crochet, ses films ont déjà récolté plusieurs milliards de dollars au box-office, pas moins de 14 oscars et un prix à Cannes (le scénario pour Sugarland Express). Surtout, le réalisateur a inventé le concept même de blockbuster en 1975, avec Les Dents de la , succès publique et critique qui a lancé sa carrière. Pourtant, cette année 1993 sera révolutionnaire pour le cinéma, grâce au projet incroyable de Steven Spielberg : redonner vie aux dinosaures. Le défi est pourtant de taille : comment adapter à l'écran sans tourner au ridicule le best-seller éponyme de Michael Crichton , qui oblige à des interactions crédibles entre l'équipe du professeur Grant , et des créatures disparues depuis 65 millions d'années. Pour cela, Spielberg ne laisse rien au hasard, et s'entoure de légendes des effets spéciaux : Stan Winston, entre autre responsable des Terminator de James Cameron, s'occupera des marionnettes animatroniques géantes de dinosaures ; Phil Tippett , responsable de l'animation des créatures de la première trilogie Star Wars, se chargera de filmer les modèles réduits de dinosaures ; Dennis Muren, l'un des piliers d' ILM , la société d'effets spéciaux de Georges Lucas, chapeautera le tout. Un trio en or. Jusqu'à ce que Muren stupéfie Spielberg en lui montrant les dernières avancées en termes d'images de synthèses. Bluffé, le réalisateur creusera dans cette direction, persuadé de pouvoir marquer un grand coup. Jurassic Park posera les jalons du cinéma du futur.

Mais les effets spéciaux, révolutionnaires, ne sont pourtant pas le principal intérêt du film : ils sont au service d'une histoire puissante et réussie. Jurassic Park est un film somme pour Spielberg. Certains de ses thèmes de prédilection y ont une place centrale : l'enfance, la famille, l'Homme face à la Nature, la critique du capitalisme, les dérives de la technologie.. Des sujets traités bien plus sérieusement qu'il peut parfois y paraitre dans cette œuvre, tant le réalisateur rend son film fluide, clair et divertissant. Son génie de la mise en scène, du montage et du rythme atteint ici des sommets. En suggérant plutôt qu'en montrant, il nous offre des scènes devenues cultes : le verre d'eau qui tremble qui annonce le T-Rex ou une poignée de porte qui s'ouvre.. Surtout, chaque séquence se suffit à elle-même, et qui pourrait pratiquement faire l'objet d'un court-métrage, avec son point de départ, son élément perturbateur et sa résolution, heureuse ou fatale. Cela pourrait porter préjudice au film, mais il n'en est rien, car Spielberg manie l'art de la transition comme personne. Le casting en deviendrait presque anecdotique. Pourtant, quelle merveilleuse idée de rassembler Sir Richard Attenborough, dans le rôle du vieux milliardaire rêveur John Hammond, Neill en paléontologue pas si rigide que ça, ou encore Jeff Goldblum en savoureux mathématicien/rock star cynique. Du premier au dernier rôle, c'est un sans-faute. Le résultat final, c'est l'Histoire qui l'écrira : Jurassic Park pulvérise le box-office, devenant le plus gros succès financier de l'histoire du cinéma de l'époque (battant le précédent record : E.T ...), avec près d'1 milliard de dollars de recette (cette somme sera atteinte et dépassée lors de la ressortie du film en 2013). Spielberg empoche, lui, 250 millions de dollars, et créé son studio, Dreamworks, l'année suivante. Aux Oscars, Jurassic Park remporte 3 récompenses techniques. Mais pas d'oscars pour Spielberg lui-même. En tous cas pas pour ce film : la même année, il sort La Liste des Schindler, et rafle 8 statuettes, dont celle de meilleur réalisateur. En 1993, Spielberg n'avait plus rien à prouver à personne, mais ne s'est pas gêné pour le faire.

Titre Original: JURASSIC PARK

Réalisé par: Steven Spielberg

Genre: Aventure, Science Fiction

Sortie le: 20 octobre 1993

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