Falcon: le jour où Valls trébucha en volant.

Publié le 11 juin 2015 par Juan

On ne s'y attendait pas tant l'homme est habituellement en pleine maitrise de sa communication personnelle. 


On ne pouvait prévoir non plus qu'une fatwa médiatico-politique puisse se déclencher sur une affaire aussi minime qu'elle est symbolique après 14 mois de gouvernement à droite de tous les objectifs politiques affichés par François Hollande pendant sa campagne de 2012. Pire encore, Manuel Valls avait commis un très petit délit de bonne éthique en comparaison des jets, cartes bleues, invitations privées, cadeaux douteux et mélanges de genres en tous genres de l'ancien quinquennat.
Bref, comment penser ou anticiper qu'un aller-retour en Falcon de la République pour assister à un match de football, une finale de Ligue des Champions à Berlin, allait coûter si cher en temps, en image et en crédit à l'actuel locataire de Matignon ?
Quatre jours après le (mé)fait, Manuel Valls et ses services en sont encore à justifier l'irréparable symbolique.
Mercredi 10 juin, le président de l'UEFA, l'honorable Michel Platini est venu à la rescousse, trois jours trop tard, pour confirmer que le premier ministre français avait une vraie raison professionnelle et politique pour venir à Berlin. L'UEFA elle-même avait déjà confirmé l'invitation toute officielle, mais c'était peu de choses à côté de l'autre révélation du jour - la présence de deux des enfants de Manuel Valls dans ce trip footballistique.
On pouvait tirer quelques enseignements rapides et provisoires de cette affaire. 
D'abord, la République est une chose précieuse qui ne souffre aucun écart en ces temps de disette publique. On ne nomme pas un premier ministre pour qu'il se comporte comme le propriétaire qu'il n'est pas des moyens publics, et même pour quelques milliers d'euros. On se souvient des cigares de Christian Blanc, éphémère secrétaire d'Etat de la Sarkofrance en 2010.
Ensuite, certaines de nos figures politiques ont la mémoire courte pour oublier les affres bling bling de Nicolas Sarkozy. Ecouter l'actuel trésorier du parti surfacturé par Bygmalion pour masquer la fraude au dépenses électorales de Nicolas Sarkozy en 2012 donner des leçons d'éthique finanière à Manuel Valls était cocasse. Ecouter François Fillon qui utilisait les Falcon de la République pour rentrer plus vite en weekend dans sa Sarthe réclamer de Valls qu'il rembourse le billet d'avion était ridicule.
Enfin, notre vie politique suit peut-être le chemin, heureux pour les citoyens, que d'autres démocraties plus nordiques ou anglo-saxonnes suivent depuis des lustres, celui de l'exigence.
L'exigence, tout simplement.
A bon entendeur...
"Fin 1995, Mona Sahlin, numéro 2 du gouvernement social-démocrate, est forcée de démissionner pour avoir réglé quelques courses, dont une barre chocolatée, avec sa carte de crédit de fonction."
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