Matthew’s Laws (Les lois de Matthieu) - Marc Schmidt

Publié le 11 juin 2015 par Malaurie @jfbib

Matthew, est une personne autiste. Il cherche désespérément à mettre de l'ordre dans le chaos qui l'entoure. Ce chaos, c'est aussi son appartement. Dans cet univers, il est généralement en paix et équilibré. Matthew s'interroge beaucoup sur le monde qui l'entoure et tente de le maîtriser, d'où des travaux de plomberie. Mais ces travaux interfèrent avec le monde extérieur et l'entrainent dans une inévitable confrontation avec son bailleur et ses voisins. De ces contacts naissent des confrontations explosives, inévitablement déstabilisantes.

Malgré sa fragilité, ses anxiétés, Matthew accepte que son ami d'enfance le réalisateur Marc Schmidt le filme. Ce dernier a su établir une relation de confiance et filme avec amour, distance et une certaine complicité ; alternant des scènes de vie quotidienne, des plans de la maison et des notes du journal intime de Matthew.

Tout nous pousse à sympathiser avec Matthew, son combat pour rester dans son appartement, sa vision du temps et de la vie, des autres, ceux qui n'arrivent pas à le comprendre. Comprendre ! Se comprendre, comprendre le sens de la vie, situer sa place dans le monde, définir si cela vaut la peine de continuer... Pour Matthew, ce film semble être une façon d'entrer en communication avec ce monde extérieur qui le terrifie tant et qui, pense-t-il, le martyrise. Saura-t-il ainsi apaiser ses démons ? Le spectateur entre rapidement en sympathie avec lui et découvre une facette de l'autisme.

Avec ce film, nous allons bien au-delà du simple témoignage. Nous entrons de plein pied dans la dramaturgie de la vie, telle que nous pouvons la découvrir au théâtre. Le temps est définit par Matthew qui comptabilise les jours de sa vie en base 36. Le film reprend en chapitre cette numération. Un temps pour découvrir le personnage, un temps pour le drame, l'expulsion de l'appartement, et un temps pour le tragique, la réponse de Matthew, radicale qui clôt son livre de vie. Le film explore tout cela, en nous accompagnant parmi les réflexions de Matthew et nous pose de nombreuses questions : Pouvons-nous comprendre Matthew ? Que représente la mort pour lui ? Un désir mortifère puissant, une envie de s'échapper d'un monde qui le rejette et ne le comprend pas, un moyen de trouver une réponse à ses questions, ses angoisses, un appel au secours ? Malgré son discours et des tentatives de suicide ratées, Matthew ne trouve pas d'autres issues.

Le film révèle les rapports difficiles entre l'autisme et la société, découvre la possibilité de l'amitié, confirme le désir de vivre sans cacher la souffrance et l'incompréhension que génère l'autisme. Une vrai réussite, une expérience difficile et délicate du réalisateur Marc Schmidt .