[Critique] Cartel Land : quand les civils prennent les armes

Publié le 11 juin 2015 par Linfotoutcourt

La force initiale du documentaire Cartel Land repose dans sa méthodologie soigneuse. Pendant près de cinq mois, le réalisateur Matthew Heineman est resté aux côtés d'une milice d'autodéfense américaine qui se bat contre les cartels. Puis, il a été de l'autre côté de la frontière dans une région du Mexique. Là-bas, les cartels contrôlaient le territoire jusqu'à l'arrivée d'Autodefensas, une milice, avec à sa tête le charismatique José Mireles.

En passant de l'un à l'autre, le cinéaste propose des scènes dignes d'un film de fiction : la reprise de la région de Michoacán village après village, fusillade après fusillade, les tensions internes, les trahisons, la paranoïa, les disparitions, etc. Le réalisateur laisse parler ses images. Telle une éponge, il absorbe ce qui se passe autour de lui et réussit le pari de faire un film tout sauf moralisateur. En parlant des cartels, ce n'était pas gagné.

On arrive à la fin du documentaire avec de nombreuses questions sans réponses. Mais par ce biais, le cinéaste nous invite à engager une conversation sur le sujet. Matthew Heineman livre un état des faits. Maintenant, c'est à nous d'en faire quelque chose.

Cartel Land est diffusé en compétition au Champs-Élysées Film Festival 2015.