Queer as Folk - L'intégrale

Par Luc24

Etant en manque de nouveaux épisodes de The L Word je me suis plongé dans son pendant gay, Queer as Folk. Et voilà qu'en quelques semaines j'ai ingurgité les cinq saisons complètes. Ce qu'il faut savoir, c'est qu'à l'origine Queer as Folk était une série anglaise (qui a connu deux saisons). Le succès aidant, nos amis américains n'ont pas tardé à en faire un remake, avec plus de moyens et surtout beaucoup plus de sexe. Diffusée de 2000 à 2005, Queer as Folk US a contribué à lutter contre les clichés dont la communauté gay était victime et de favoriser leur intégration dans la société et les moeurs. Un show utile donc, mais est-ce que la qualité était toujours au rendez vous ?

De quoi ça parle, déjà ? Nous suivons la vie à Pittsburgh d'une bande d'amis gays qui passent leur temps à se raconter leur vie et leurs problèmes entre deux séances de sport et virée en boite. Il y a d'abord Brian (Gale Harold), le beau gosse qui ne pense qu'avec son sexe. Brian est publicitaire, s'aime beaucoup lui-même et passe son temps à trainer dans les backrooms et autres saunas à la recherche de nouveaux "plan cul". Egocentrique, égoiste, charismatique, Brian est une véritable icone et un objet de fascination ou de répulsion pour tous les garçons du coin comme pour ses amis. Mais Brian ne serait pas Brian sans son acolyte de toujours, le gentil Michael (Hal Sparks). Amis depuis l'adolescence, les deux garçons partagent une relation aussi forte qu'ambigue. Michael est la bonne pate de service, un garçon toujours gentil et dévoué à ses amis. Il travaille dans un supermarché, entourré d'hétéros un peu beaufs qui veulent le caser avec la vendeuse d'à côté. A force de suivre son ami Brian comme un petit chien, Michael néglige souvent sa propre vie privée. Autre élémént important dans sa vie : son excentrique mère , Debbie (Sharon Gless), une sorte de mère de substitution pour tous les gays de la ville. Cette dernière , pour qui style rime constamment avec mauvais goût, travaille comme serveuse dans un snack où viennent se restaurer les homos de Liberty Avenue. Autres membres de la bande, Emmett (Peter Paige) et Ted (Scott Lowell). Le premier est un peu la folle de service, aussi excentrique que dôté d'un grand coeur. Le deuxième est un peu le cliché de l'homo "moyen", qui n'a pas la chance d'avoir une tête de minet ,un physique de magazine et qui du coup enchaine les rateaux comme les déceptions sentimentales. Enfin, à côté du milieu gay masculin, nous retrouvons Mel (Michelle Clunie) et Lindsay (Thea Gill), un couple de lesbiennes qui ont décidé de fonder une famille. Le géniteur n'est autre que Brian , qui de par son manque d'engagement et son égoisme ne loupera pas de créer de nombreux conflits. 

La série suit donc l' évolution de ce petit monde, évolution aussi bien sentimentale que professionnelle, et introduit dès le premier épisode un élément perturbateur. Et cet élément s'appelle Justin (Randy Harrison). Encore mineur, blond, qui sent le sexe à des kilomètres : ce minet premier choix va rapidement tomber dans les bras de Brian. Il ne devait être qu'un coup d'un soir, mais il va tellement coller notre bel éphèbe qu'il va devenir un membre à part entière de la bande.

La première saison de la série démarre très fort. Les scénaristes ont décidé de passer en revue tous les clichés qui collent à la peau des gays et de les détourner avec humour et intelligence. Les personnages sont très typés (le beau gosse, le gentil, la folle, le minet, le complexé) et permettent de dresser un portrait à la fois large et souvent juste de la communauté gay, sans jamais trop tomber dans la facilité ou les stéréotypes. Cette habileté à s'amuser des clichés pour mieux les détourner , associée à une liberté de ton particulièrement jouissive font le charme de ce show aussi osé que divertissant. Sans complexes, les épisodes dévoilent des scènes très sexe où plans à plusieurs, sado masochisme, vibro masseurs et autres pratiques trouvent leurs heures de gloire. Si les premières fois certains seront choqués, force est de constater que plus les épisodes passent et plus cette surenchère de sexe ne nous choque plus du tout.

 

Le sexe est donc un des thèmes majeurs du show. Tous les personnages à un moment ou un autre s'abandonne aveuglément au plaisir de la chair, reléguant les hommes rencontrés à de vulgaires bouts de viande que l'on consomme et zappe à loisir. Ce n'est pas un hasard si Brian évolue dans le monde superficiel de la publicité. Très clipesque, à tendance érotique, la réalisation s'attarde sur les physiques des acteurs du casting tout en se permettant quelques effets de style plus ou moins réussis. Mais si tout le monde ici cherche à trouver le meilleur coup du samedi soir après une soirée délurée en boite, la quête de l'amour n'est bien entendu pas oubliée. Excepté Brian , qui tient plus que tout à sa liberté et son statut de "serial fucker" , tous les personnages vont donc tenter avec plus ou moins de succès de trouver l'âme soeur. Michael s'amourachera d'un kiropracteur ancien hétéro et père d'un enfant avant de tomber fou amoureux d'un homme ultra sexy et atteint du sida. Emmett aura une liaison très sentimentale avec un vieil homme richissime avant de tomber amoureux de son meilleur ami Ted puis d'un joueur de football américain qui ne parvient pas à sortir du placard. Ted tombera amoureux d'un junkie avant d'en devenir un lui-même et de peiner à trouver un partenaire qui lui correspond. Mélanie et Lindsay, le couple lesbien et stable, traversera de nombreuses crises pour mener une vie de famille épanouie.

Aux histoires individuelles se rajoute le thème essentiel de l'égalité des droits pour les gays et lesbiennes. Tout le long de la série les personnages vont être confrontés aux préjugés et à l'homophobie des hétérosexuels. Licenciement abusif, difficulté pour adopter ou se marier, discriminations en tous genre, actes de violences : pas facile de s'assumer et d'avoir le droit d'être soi même. Militante, Queer as folk l'est indiscutablement, sans jamais toutefois tomber dans un côté moraliste qui lasserait au bout d'un moment.

La série tient-elle sur la durée ? S'il faut bien reconnaitre que le show brasse des tas de sujets intéressants : la difficulté à être fidèle, le rapport sexe/amour, la drogue, le sida, l'égalité des droits, le coming out, l'homosexualité au travail, la société de consommation, les coulisses de Hollywood , de la télévision et du sport...il faut tout de même admettre que plus le temps passe et plus le charme s'efface. Certes, les personnages font du chemin du début  la fin, mais sur les deux dernières saisons, cela manque d'enjeux émotionnels. Les nouveaux personnages (celui d'Hunter surtout) sont souvent fades et n'apportent rien de neuf à la série et certains personnages tournent en rond. D'icone gay , objet de tous les désirs, le personnage de Brian devient à force ridicule avec cette obstination à vouloir baiser et ne penser qu'à lui (même si on nous rabache que dans le fond, forcément, il a bon coeur). De même, le personnage de Justin manque cruellement d'épaisseur. Oui, je l'avoue, le couple Brian/Justin m'a franchement gonflé sur la durée : trop répétitif.

Si elle s'essouffle avec le temps , Queer as folk n'en reste pas moins une série importante qui permet une belle représentation des gays à la télévision, avec une certaine justesse et certains personnages vraiment attachants (Lindsay et Mélanie, Debbie, Michael, Ted).