Une Symphonie Américaine d'Alex George : une symphonie vraiment majeure!!

Par Filou49 @blog_bazart
15 juin 2015

« En écoutant la langoureuse mélopée, Jette se remémora mieux leur brève rencontre à La Nouvelle Orléans. Lomax avait été la première personne à les traiter avec un peu d’humanité en Amérique. Sans lui, ils n’auraient peut-être jamais atteint le Missouri. Elle se demanda ce qu’aurait été sa vie si l’homme qui jouait pour elle ne leur avait pas apporté son aide. Il lui vint à l’esprit que l’existence était une improvisation, tout comme les sons que Lomax jouait sur son instrument. D’une myriade de possibles, on ne tirait qu’un seul brin qu’il fallait suivre pour le meilleur et pour le pire. C’est à ces fils fragiles que tiennent nos histoires. »

James le narrateur entreprend de nous conter l’histoire familiale, cent ans de l’Histoire américaine, de l’arrivée de ses grands-parents dans une petite ville du Missouri jusqu’à l’aube du XXIe siècle. Hanovre 1904, parce que leurs parents refusent cette union Jette et Frederick quitte l’Allemagne conservatrice pour le nouveau monde où tout est possible. La grande fresque peut commencer, les jeunes mariés se retroussent les manches et ouvrent une taverne où bientôt tous les habitants de la ville  vont venir écouter une nouvelle musique que l’on ne nomme pas encore Ragtime. Un lieu, une ville, une communauté et toute l’Amérique  va dérouler son histoire, la grande et la petite : la  ségrégation raciale dans les états du Sud, la guerre 14-18, les ravages de la grippe espagnole, la prohibition, la crise de 29, la seconde guerre mondiale, la guerre froide, Kennedy, Reagan, tout le XXe siècle et ses conséquences sur trois générations de bons américains,(titre original du roman). Quand Charlie Brown et les Peanuts rencontre John Irving.

Ce roman a la simplicité et la profondeur des grands romans, en peu de mots Alex George réussit à rendre vivants des personnages importants ou secondaires, il noue et dénoue les intrigues avec une formidable habileté, ne perd jamais le fil et attrape le lecteur au détour d’une phrase pour ne plus le lâcher. Le destin de ces bons américains est poignant, l’humour du romancier nous cueille alors que deux pages plus loin l’émotion nous serre la gorge.

On a beau avoir une longue expérience de lecteur, on ne s’habitue, ni on ne se lasse, du talent, et en ce sens,« Une symphonie américaine » est un vrai bonheur de lecture.

Chronique de Michel D...