Zoom sur les frères Coen, ces maitres incontestés du cinéma!!

Par Filou49 @blog_bazart
16 juin 2015

Tout le monde s'en souvient évidemment encore : les frères Coen étaient à l'honneur il ya tout juste un mois, marquant de leur empreinte l'histoire du cinéma,  en étant le premier couple de frères membres du jury d'une édition de Festival de Cannes.

Si le palmarès qu'ils ont proclamé n'ont pas forcément fait l'unanimité, tout le monde avait profité de l'occasion pour redire à quel point leur cinéma à compté. Il faut dire que leur style reconnaissable entre tous évolue entre le film noir (Fargo, 1996 ; No Country for Old Men, 2007) et la comédie acerbe (The Big Lebowski, 1998 ; A Serious Man, 2009, mais qu' au-delà des genres et des étiquettes sous lequel on classe leur cinéma, l’exploration de thèmes récurrents assure  pleinement la cohérence de leur filmographie : l’Amérique pluriethnique, la religion,le judaïsme, les liens fraternels et la cellule familiale.

A travers deux livres et un film  que j’ai lu et vu dans la foulée du festival de Cannes, je vous propose donc ( on se croirait un peu dans un cours magistral là, non?) de revenir en détail sur l'oeuvre pléthorique de cinéastes qui comptent certainement  parmi les réalisateurs américains les plus créatifs de notre époque.

 1. Le livre de référence : Les frères Coen, les maitres du cinéma

Les ouvrages de la collection « Maîtres du cinéma » sont des introductions vivantes et accessibles à la vie et l’œuvre des plus grands réalisateurs du monde entier.

Chaque ouvrage, écrit par un spécialiste et largement illustré, apporte les clés nécessaires à la compréhension de l’œuvre d’un réalisateur, de ses premiers projets à ses films les plus récents.

 La collection « Maîtres du cinéma » est dans l’absolu une belle source de documentation pour étudiants en cinéma, les passionnés, mais le grand public qui a envie d’en savoir plus sur ces cinéastes là peuvent également s’aventurer dans cet ouvrage, plutôt accessible.

L’ouvrage  écrit par Ian Nathan est un écrivain et journaliste londonien spécialisé dans
le cinéma. actuellement rédacteur en chef du magazine Empire. se propose ainsi d’analyser leur tout premier long métrage, Sang pour sang (1984), jusqu’au récent True Grit, et comme il a été écrit avant Inside Llewun Davies, le livre n’a malheureusement pas été actualisé.

Les analyses de film sont particulièrement complètes et pertinentes, et sont une vraie mine d’or et une belle piste de réflexion , qui donne forcément envie de voir  de suite après la lecture les films en question, même si je conseille plutôt de les voir avant de lire les  chroniques qui en dévoilent un peu trop sur les films .

 2. J'ai tué Phil Shapiro, Ethan Coen ( ed de L'olivier)

 

J’ignorais totalement qu’une des deux moitié des frères Coen s’étaient lancés dans une œuvre littéraire, et je l’ai appris en recevant J’ia tué Phil Shapiro un recueil de nouvelles d’Ethan, qui visiblement est celui des deux le plus interessé par l’écriture  écrit il y a maintenant une dizaine d’années.

 Un détective privé mordu par un de ses clients, un boxeur incapable de se défendre, un tueur à gages malchanceux, un mafioso inoffensif : les personnages d’Ethan Coen semblent atteints d’une étrange infirmité, comme un vice de forme qui les rendrait inaptes à la vie normale. Victimes de leur sens du devoir et de leur incompétence, ils sont les héros de ces histoires tour à tour féroces, hilarantes et dérisoires auxquelles les films des frères Coen nous ont habitués.

La vraie surprise est ailleurs, dans les récits autobiographiques que nous livre aujourd’hui l’auteur de Fargo. Ce sont des contes magnifiques où l’humiliation, la peur et la solitude jouent un grand rôle. On y découvre un monde inconnu, avec des juifs perdus dans une Middle America recouverte par la neige, l’hiver, quand l’autocar jaune ramène les enfants du Talmud Torah et que la nuit tombe, menaçante.

Et l’on comprend alors  en parcourant ce recueil que l’univers à la fois macabre et enchanté d’Ethan Coen est celui d’un écrivain qui envers et contre tous n'a rien oublié des visions de sa jeunesse.

3. Barton Fink DVD ( BAC Films)

 

J’ai voulu regarder "Barton Fink" parmi tous les films des frères Coen pas forcément parce qu’il s’agit de mon préféré ( je préfère le très beau The Barber ou bien encore les superbements maitrisés Millers's crossing ou  Fargo), mais surtout car il s’agit de leur  seule et unique palme d'or  obtenu du festival de cannes en 1991 et que cela me permet ainsi de participer par ce biais au nouvelle édition du Ciné club de Potzina spécial Palme d’Or.

En même temps, Palme d'Or ou non Palme d'Or, ce film est si film emblématique de la filmographie des Coen, qu’il est parfait pour illustrer un article analytique sur l’œuvre des Coen.

Traversé tout du long par une étrangeté singulière, et une  audacieuse et réussie combinaison entre un humour grotesque et une noirceur inquiétante, Barton Fink, que j’avais vu à sa sortie en 1991,  à 15 ans à peine, sans forcément tout comprendre, s’avère être  tout autant une tragédie d'un pur onirisme et une comédie totalement loufoque, voire farfelue.

 On y suit les affres du héros qui donne son nom au titre du film, Barton Fink, jeune créateur de théatre, qui se retrouve enrôlé à Hollywood pour écrire un scénario d'un film de catch.

A la fois  critique virulente et pour le moins sarcastique de la vision pour le moins sarcastique des producteurs hollywoodiens (avec le méconnu Michael Lerner dans un rôle hilarant du producteur hystérique), et fantasmagorie onirique pas éloigné de l'univers d'un Franck Kafka qui pourra largement dérouter le public lambda,  "Barton Fink" élabore un dispositif formel ambitieuse et alambiquée.

Si à l'époque de sa sortie, le film m'avait quand même paru bien hérmétique, tant à l'époque encore plus que maintenant, j'aimais chercher du sens partout, j'ai accepté de revoir le film sans chercher à  posséder toutes les clés pour rentrer dans l'univers fantasmagorique des frères Coen et j'ai été assez client des différents thèmes abordés lorsqu'on gratte à la surface de l'oeuvre.

Car plus  encore qu'un simple pamphlet mettant à mal le milieu du cinéma, Barton Fink est avant tout une réflexion sur les affres de la création et l'angoisse de la page blanche, celle que connait Barton avant de commencer son oeuvre.

Avec un humour noir, très second degré, qui sera dès lors la marque de fabrique du cinéma des frères Coen à venir, les cinéastes américains soignent particulièrement l'ambiance de cet hôtel ô combien glauque et anxiogène.

A la fois macabre et loufoque porté par des immenses acteurs (l'incroyable John Turturo aussi primé à Cannes et l'énorme-dans tous les sens du terme - John Goodman) Barton Fink, plus ciblé au départ comme un film mineur sans réelle ambition, devint un des films les plus importants de la filmographie des frères Coen,

Paradoxalement, le succès du film à Cannes brida un peu l'inspiration des Coen Brother, un peu comme le personnage du film, puisque, accaparé par la Warner, et avec un budget de  40 millions de dolars ( trois fois supérieur à Barton Fink) "Le Grand Saut" est un retour en arrière dans la puissance créatrice des frères Coen.

BARTON FINK - Bande-annonce