Un conte de noel

Publié le 03 juin 2008 par Lorraine De Chezlo
d'Arnaud Desplechin
Comédie dramatique – 2h30
Sortie salles France le 21 mai 2008
avec Mathieu Amalric, Catherine Deneuve, Jean-Paul Roussillon, Chiara Mastroianni, Emmanuelle Devos, Anne Consigny, Melvil Poupaud, Hippolyte Girardot...

Abel et Junon vieillissant en couple harmonieux mais il faut à présent faire avec l’inquiétante nouvelle du cancer de Junon. Autour d’eux, mais pas si proches, il y a les enfants, grands à présent, Henri, Elizabeth, Ivan et le petit-fils Paul suivi psychiatriquement. Une famille qui pourrait être unie si ce n’est qu’Elisabeth en veut tellement à son frère Henri qu’elle refuse de la voir depuis 6 ans. Si ce n’est le fantôme du fils ainé de Junon et Abel, fils décédé alors qu’il était encore enfant et n’a pu être sauvé par une allogreffe. Malgré tout ça, la famille se réunit pour ce Noël autour de la mère malade qui cherche à savoir lequel d’entre eux pourrait être compatible en tant que donneur…
Un conte de Noël, c’est un long film dont les scènes et les dialogues m’ont évoqués une mise en scène de théâtre : solennité, pièce-film à huis clos pendant plusieurs séquences, des personnages qui se tournant vers le spectateur-caméra pour s’adresser directement à lui…
Les personnages entretiennent entre eux des rapports très différents, haineux, amoureux, complices ou plus difficiles, et on saisit ces liens à mesure que le film avance. Un fil conducteur malheureux unit les différentes générations : celui de la maladie et du potentiel salut qui peut être incarné ou non par un des membres de la famille. Junon pourrait être sauvée par le don de son fils Henri qu’elle aime peu et qui la désapprouve sans cesse, ne l’appelant jamais ni Maman ni mère. Ou encore par Paul, son petit-fils qui inquiète par sa fragilité psychologique.

D’un côté nous découvrons cette famille peu conventionnelle, bancale, dont Arnaud Desplechin nous montre les angoisses, les conflits, les rancoeurs et les mensonges, et de l’autre, on côtoie les amis/amants/époux de la famille, des personnages secondaires forts (une Emmanuelle Devos en forme, Samir Guesmi en ami de la famille (Zpatafora), une Chiara Mastroianni qui joue très finement et qui, avec le cousin Simon (Laurent Capelluto) offrira une des plus belles scènes d’amour du cinéma). Mais ils quittent rapidement la scène familiale, ils sont parfois de passage, ils sont exclus des actes importants de la tragédie familiale.
Pour nos oreilles, la voix rauque de Jean-Paul Roussillon est un régal, tout comme la bande sonore originale qui nous réserve de sublimes morceaux. Un film qui peut paraître pesant, lourd par son thème, mais qui offre au delà de ça une grande fraîcheur par sa liberté dans la réalisation et son humour qui provoque de beaux éclats de rire.
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