Sarkozy veut exporter sa politique d'immigration (3/3)

Publié le 03 juin 2008 par Juan

Nicolas Sarkozy, donc, veut exporter sa politique d'immigration ailleurs en Europe. Son projet de pacte européen de l'immigration est vendu depuis plusieurs mois par le Président lui-même et son ministre de l'identité nationale. La semaine dernière, le projet a été officiellement présenté aux 26 autres Etats membres.
"Aucun dirigeant européen ne soutient l'hypothèse à la fois irréaliste et dangereuse de l'immigration zéro, précise le document. L'Europe a besoin de migrants pour des raisons démographiques et économiques. Cependant, il est clair que l'Europe n'a pas les moyens d'accueillir dignement tous ceux qui voient en elle un eldorado. Le flux migratoire doit impérativement s'adapter aux capacités d'accueil de l'Europe, sur le plan du marché du travail, du logement, des services sanitaires, scolaires et sociaux."

Le terrain est propice.
Les Européens étudient un projet de directive visant à harmoniser les normes d'expulsion des migrants illégaux. Il doit être soumis le 4 juin au Parlement européen puis le 5 juin au conseil des ministres.
Ce projet autorise une durée de rétention jusqu'à 18 mois et instaure une interdiction de revenir en Europe pendant cinq ans. L'Union européenne, dans son ensemble, s'apprête à renforcer sa lutte contre l'immigration clandestine (source).
Le pacte français propose 5 engagements, et quelques mesures sur le modèle français.
1. Contrôler les frontières extérieures (généralisation des visas biométriques à partir de 2011, renforcement de l'agence Frontex, qui coordonne l'action des polices aux frontières).
2. Organiser l'immigration légale en fonction des capacités d'accueil de chaque Etat membre.
Le projet prévoit l'interdiction des régularisations massives; la mise en place d'une immigration choisie et concertée, à caractère professionnel, dans le respect de leurs spécificités nationales et en tenant compte de la situation du marché du travail", et même la création d'un "contrat d'intégration" obligatoire pour les nouveaux arrivants, rendant obligatoire l'apprentissage "de la langue nationale, des identités nationales et des valeurs européennes".

3. Assurer l'éloignement effectif des immigrés en situation irrégulière.

"un migrant en situation irrégulière a vocation soit à partir volontairement, soit à être reconduit dans son pays" explique le texte. Le projet encourage les Etats membres à organiser des "vols de retour conjoints" entre plusieurs Etats membres.

4. Bâtir une "Europe de l'asile"
La France entend mettre en place "des garanties communes en matière d'asile et un statut de réfugié uniforme". Dans un délai de cinq ans, les Etats devront s'entendre sur "des critères communs d'examen des demandes d'asile".
Dans cet esprit, la présidence française espère boucler au second semestre les négociations sur le projet de directive visant à instaurer une «carte bleue» l'équivalent de la carte verte américaine destinée à des immigrés hautement qualifiés. S'il n'est pas exclu qu'un relatif consensus européen puisse être trouvé autour de ces propositions, la volonté française de bâtir une politique d'asile communautaire devrait susciter, en revanche, de profondes réticences (source).
5. Promouvoir le codéveloppement et l'aide au développement.
Inévitable contre-partie "humanitaire" à un projet globalement repressif et fermé, l'aide au développement sera "promue."
Sources: LE MONDE, LE FIGARO.
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