A quoi ressemblent les adhérents socialistes ? (1/2)

Publié le 24 juin 2015 par Delits

Prof provincial, cadre moyen « bobo parisien » travaillant dans la com’, quand on ne les traite pas de soixante-huitards  attardés : les clichés, souvent péjoratifs, restent nombreux et présents concernant les militants socialistes.

Casser ces images par la construction de données objectives sur le profil des adhérents de partis politiques est chose difficile en France, puisqu’on ne dispose globalement pas de statistiques fiables. Les partis n’ont pas de fichiers unifiés ou ne souhaitent pas les communiquer et les adhérents sont difficiles à cibler par des méthodologies habituelles d’enquêtes par quotas.

Le cahier du CEVIPOF n°59 « Sociologie des adhérents socialistes » mené par Claude DARGENT et Henri REY constitue donc un travail à proprement parler exceptionnel, tant par la quantité de données récoltées que par son évolution dans le temps : les informations datent de 1985, 1998 et 2011.

Délits d’Opinion présente aujourd’hui les principaux résultats de ces enquêtes en s’intéressant au profil de l’adhérent socialiste. Dans un second temps nous publierons les conclusions sur les l’évolution des valeurs des militants.

A quoi ressemble un adhérent socialiste ? Un homme, cadre supérieur, âgé et très diplômé

La surreprésentation des hommes n’a été que peu remise en cause depuis 1985, passant d’une proportion de 79% à 70%. Parmi les adhérentes socialistes, la moitié des actives évoluent dans la fonction publique, pour 39% des hommes.

Les adhérents PS comptent une proportion de sexagénaires plus importante (38%) qu’au sein de la population française (23%). On constate néanmoins un certain renouvellement des populations avec une part croissante des moins de 30 ans (deux fois plus nombreux qu’en 1998). Ces jeunes adultes ont un niveau de diplôme très élevé (les 2/3 d’entre eux disposent d’un diplôme de deuxième ou de troisième cycle universitaire ou sont issus d’une grande école). Leur statut d’emploi est également particulièrement stable avec les 2/3 de CDI pour 17% de CDD, ils ne sont que peu concernés par la précarisation de l’emploi qui frappe cette génération d’actifs.

Les cadres supérieurs occupent une place relative de plus en plus importante, au point d’être désormais largement dominants parmi les différentes PCS. De même, le niveau de patrimoine est plus élevé qu’au sein de la population française (les ¾ des adhérents sont propriétaires de leur logement, pour seulement 57% de nos concitoyens en 2007).  Si les adhérents PS peuvent ainsi apparaître comme des privilégiés, protégés des difficultés que connaissent les autres catégories de population, la trajectoire familiale vient relativiser cette conclusion. En effet, près de 40% d’entre eux ont un père ouvrier ou employé (un quart de fils ou fille d’ouvriers). On constate donc un effet important de mobilité intergénérationnelle, le plus souvent ascendante.

 

La part des plus diplômés a fortement augmenté au fil des décennies et dépasse largement la moyenne au sein de la population française : en 2011, selon l’INSEE 13.4% des Français disposent d’un diplôme supérieur à bac+2, quand les 2/3 des adhérents PS affichent un diplôme universitaire ou d’une Grande Ecole.

Les bataillons des moins diplômés se trouvent parmi les militants les plus âgés, ce qui tend à montrer l’accélération de cette tendance.