Rachida Dati en disgrâce

Publié le 04 juin 2008 par Antoinekowalski

Rachida Dati a vécu sa pire séance de questions au gouvernement hier. Elle semble perdre ses moyens entre sa politique de réforme et les attaques contre sa personne. 

 

Depuis quelques temps les médias commencent à hausser le ton face à la Garde des Sceaux. Les politiques de gauche comme de droite ne cachent plus leur inimitiée pour cette arriviste aux robes Dior que finalement pour de bonnes et de mauvaises raisons ils n'ont jamais accepté. Du temps de Cécilia elle était à la lumière, sous Carla elle passe à l'ombre. Mais est-là l'important? Il y a ses réformes aussi. Tout le monde se dit "contre" mais personne n'en parle vraiment. Pas vendeur...

Ce matin encore, Delanoë sur France Inter soulignait qu'il n'était pas de ceux qui s'attaquaient aux personnes. C'est bien, ça ne mange pas de pain. Mais quand on lui pose la question des réformes, il répond qu'il s'oppose à celles-ci. Oui mais lesquelles et pourquoi? On ne saura pas...On revient vite au sujet du PS et du livre du Maire de Paris...Plus vendeur. 

Rachida Dati dans la tourmente. C'est ce qu'on entend sur les ondes ce matin. Rachida Dati lâchée par l'Elysée. C'est ce qu'écrivent les journaux ce matin. Rachida Dati ne fait plus peur, Rachida Dati dérape et les députés socialistes coursent la bête, comme on fait une battue pour épuiser du gibier.

Dérape-t-elle tant que ça?

On peut voir la vidéo "scandaleuse" sur internet et si certains points me semblent critiquables, je ne trouve pas matière à pousser de hauts cris.

D'un débat juridique propre à la Justice les députés socialistes font une chasse politique soi-disant anti-communautaire drappés dans une suffisance dont on les pensait plus capables. Je dois simplement remarquer que leurs mots étaient moins durs quand il s'agissait de répondre aux réformes de la Justice. 

Rachida Dati dans cette vidéo tremble, perd ses moyens et dit ce qui lui tient aux tripes. Elle répond à ces attaques, aux insinuations relatives à son histoire personnelle de façon maladroite mais humaine. Elle dit des choses justes dans sa colère: "Vous avez abandonné les jeunes filles dans les quartiers difficiles entre les mains des grands frères. A défaut de votre soutien, elles ont trouvé la justice. La justice les a aidées, elle leur a permis d'être libres, indépendantes."

Dans son livre de l'an dernier, elle constatait: "Au lieu de s'ouvrir, de s'imprégner de la diversité, les responsables socialistes, notamment, ont inventé la politique des 'grands frères': on faisait monter en grade des gens issus des quartiers, sans les intégrer à la machine politique mais en les installant dans un rôle d'intermédiaires entre le 'vrai monde' et la cité. (...) Verbalement, on protège, on est antiraciste, on est pour les démunis. Mais dans les faits, on confine les gens dans leur ghetto."

Quand fera-t-on le bilan de la gauche sur l'immigration et l'intégration? Il est déjà fait mais celle-ci ne veut pas l'entendre comme elle ne veut rien entendre de cette réalité du quotidien que peut vivre une femme qui fait annuler son mariage par la Justice en mettant en avant sa non-virginité en connaissance de cause.

La disgrâce: "Elle est nulle" 

Le mot est de l'ancien Premier Ministre Balladur qui mène les travaux du groupe sur la Réforme des Institutions. Aussi sarkoziste que Sarkozy fut le premier des balladuriens, celui-ci le répète à qui veut l'entendre, la Garde des Sceaux n'est pas à la hauteur du job, trop de couacs plus assez de gnack. Cela ne tombe pas dans l'oreille d'un sourd. Impopulaire dans les sondages elle n'est plus accueillie aux petits déjeuners de l'Elysée réservés aux 7 mercenaires ministériels de la sarkozie. Finies les vacances avec la "famille". Finis les galas en robe Dior. Ce qui n'est pas un mal car ce n'est pas là que l'on attend les gouvernants.

Voilà probablement pourquoi Sarkozy s'en écarte. Ce n'est pas sur le fond mais uniquement sur la forme. Elle paraissait trop people quand il tente de s'arracher de cette image de jouisseur bling bling. La politique qu'elle mène, c'est sa politique à lui. Mais aujourd'hui même l'Elysée s'écarte d'elle. Nicolas Sarkozy ne vient plus à la rescousse comme aux premiers temps où il venait dans les salons du ministère soutenir corps et âme "Rachida". Maintenant c'est même le detesté François Fillon qui lui prend des mains le dossier de la Réforme des Institutions... pour éviter une nouvelle gaffe...

Revenons à la politique! 

Cette disgrâce du people sera-t-elle le moyen de revenir à de la politique, de la vraie, celle des symboles et de la réalité? Va-t-on enfin parler des institutions? Va-t-on parler des libertés publiques? Va-t-on parler des revendications des juges? Quelque chose va-t-il changer dans la conduite des débats? Difficile de passer de la haute couture des magazines au tricôt de la réforme. En attendant cette période de lynchage de Rachida Dati n'est pas à l'honneur de ceux qui la mènent. Si la Garde des Sceaux doit être battue c'est sûr le terrain des idées de Nicolas Sarkozy. 

Si ce dernier la perd, il se perdra aussi. Il l'a souvent dit. Ils se ressemblent beaucoup. Si il l'abandonne cela en sera fini de cette certitude présidentielle et de ces sacrifices ministériels. Qui voudra encore porter si haut et si loin les réformes voulues par le Président? Car si on peut reconnaître à Rachida Dati une vertu qui manque parfois c'est bien celle du courage.