Le Monde selon la Physique : juin 2015 - suite 6

Publié le 25 juin 2015 par 000111aaa

J’ai à proposer aujourd’hui à mes lecteurs  la fin de la partie scientifique  de l’article précédent …..

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Espérant avoir éclairé mes lecteurs  sur  les réactions de ASN/AREVA/EDF  dans mon dernier article d avant-hier , je m’apprêtais à formuler mes impressions personnelles sur le sujet , lorsque je me suis aperçu de  l’arrivée de quelques nouvelles fraiches sur le sujet….. «  Mais OLIVIER (me diriez-vous ) êtes-vous assez naïf pour croire GREENPEACE  et conclure que les «  carottes  sont cuites pour l’EPR !??? »

Voici donc un extrait de L USINE NOUVELLE d’hier   (copier-coller) : « Pas une semaine sans que l'EPR de Flamanville ne fasse l'actualité. Ce 23 juin, l'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) a rendu public un courrier de son président Pierre-Franck Chevet, adressé à EDF le 12 juin dernier. Elle fait suite à la demande d'autorisation de mise en service du réacteur EPR en construction à Flamanville (Seine-Martime) déposé par l'électricien national le 19 mars 2015. Dans sa lettre de 113 pages, le gendarme de l'atome juge que le dossier d'EDF est incomplet. Il suspend son instruction, censé durée un an, le temps qu'EDF complète sa demande.

"L’ASN considère que le dossier remis par EDF est recevable. L’ASN considère toutefois qu’il doit être complété afin que l’instruction technique puisse être menée", explique l'autorité indépendante dans un communiqué. Le document remis par EDF (40 000 pages environ) compte un rapport de sureté, des règles générales d’exploitation, une étude sur la gestion des déchets de l’installation, un plan d’urgence interne, un plan de démantèlement et une mise à jour de l’étude d’impact."

A titre d'exemple,   et pour sortir du problème de la cuve  l'ASN,demande des justificatifs supplémentaire sur la qualification de la sureté de l’enceinte de confinement. Dans la mesure ou l’on prétend  faire fonctionner ( et aussi vendre) un réacteur pour 60 ans et peut -être plus , il est en effet sage de s’assurer  des propriétés de confinement d’enceinte  pour un tel vieillissement  programmé ….

 «  Mais  pourquoi  OLIVIER ( me direz-vous)   se préoccuper de cela ? Cette enceinte  ,ce n’est pas un moustiquaire en voile de tulle !?? Reçoit- elle, elle aussi ,des neutrons ? »Vue en 3D du réacteur EPR™

 

Vue coupée du réacteur EPR™ en 3D

 De fait , l’enceinte de confinement du réacteur  EPR  est dotée d’une double paroi, constituée d’une enveloppe intérieure en béton précontraint  recouverte d’une peau métallique,( l’intrados de l’enceinte interne  revêtu de cette  peau métallique est  appelé « liner », comme pour une piscine !)

 et d’une coque extérieure en béton armé (A). Chacune de ces parois a une épaisseur de 1,3 mètre .Bien entendu  son rôle  n’est pas de recevoir des neutrons  en situation normale  mais de répartir les forces au mieux quelle que soit la situation : surpression de vapeur, explosion accidentelle ou d'origine criminelle, tremblement de terre, impact d'avion, etc. (voir figure).  Je rappelle que se prémunir d'une éventuelle contamination  ET DE SA  FUITE EXTERNE si jamais l'état du réacteur et du circuit primaire venait à mettre en danger l'intégrité du circuit secondaire et des infrastructures de la centrale en général  ont fait partie des  desiderata  initiaux du projet  AREVA/SIEMENS……

-« Mais où est le problème  OLIVIER ????? » me direz-vous…… « Le béton moderne , à base de ciment  PORTLAND  est connu depuis le 19ème siècle  , les ouvrages anciens abondent !.... »

Je vais me répéter, les exigences du Présent se mesurent à l’aune des  soucis du passé !C ‘est parce qu’ il y a eu des problèmes de vieillissement des bétons sur la première génération des REP ( j’en ai parlé ici   :  les résultats des dernières épreuves décennales des tranches Cattenom 3, Flamanville 1 et Cattenom 1 montrent  la particulière sensibilité de la zone singulière constituée par "l'accès matériel", où des microfissures traversantes sont apparues, lors des épreuves, après quelques années de perte de précontrainte par vieillissement du béton.   ) . C’est pourquoi  ASN  doit faire le tour des expériences engrangées et des moyens de calcul de prévision de leur vieillissement .En fait , ceci est représenté par un vaste programme d’études déjà lancé par EDF  faisant  l'objet d'un suivi systématique de l'étanchéité de la structure des bétons des centralesREP  et  complétée   par une instrumentation très complète  visant à prévoir le comportement réel en fluage des enceintes déjà construites. Pour les ingénieurs qui me suivent , je signale la thèse « pédagogique » de LAURENT  GRANGER   que l’on peut trouver  en DOC université ou sur INTERNET (« COMPORTEMENT DIFFERE DU BETON DANS LESENCEINTES DE CENTRALES NUCLEAIRES :ANALYSE ET MODELISATION »)  largement complétée depuis par l  IRSN avec l’aide de  l’École normale supérieure de Cachan et l’Institut français des sciences et technologies des transports, de l’aménagement et des réseaux (IFSTTAR). Pour être franc dans ma conclusion concernant ces sujets  , je ne suis pas sûr que les calculs et les modèles prédictifs  puissent  garantir un vieillissement  pour une durée de 60 ans …. Et je comprends les demandes supplémentaires d’études formulées par   ASN ….

Pour revenir aux problèmes  de tests de résilience  effectuées sur cuve  réacteur  , je ne peux prédire  quel sera le diagnostic de ASN/IRSN   concernant  le programme engagé sur une «  cuve EPR  équivalente »d’âge et de fabrication identique .Le seul argument certain  qui me semble  recevable est dans la diminution de fluence neutronique  dans la zone de  virole  de fond  et de virole de couvercle .par rapport aux viroles du milieu

 A SUIVRE